Critique de Pan réalisé par Joe Wright

Ne jamais vieillir et s’envoler vers Le Pays Imaginaire, Peter Pan fait partie de la culture populaire depuis le début du 20ème siècle. Nombre d’adaptations ont transposé ce personnage apparu pour la première fois dans le roman de J.M. Barrie, Le Petit Oiseau Blanc, en 1902. Le dessin animé de Disney ou Hook sont dans la mémoire de tous et aujourd’hui c’est le réalisateur Joe Wright qui souhaite partager sa vision de l’histoire. Alors, Pan, son premier blockbuster, tient-il le cap ?

De l’énergie à revendre

Un peu de contexte, Londres est gris et triste, les orphelins vivent au rythme de la guerre. La malice, elle, n’est pas très loin. Peter ne se contente pas d’être le héros de son histoire, il déclenche la dynamique du film et on imagine rapidement comment son comportement londonien va se prolonger dans la trame Imaginaire. La mèche du canon est allumée et c’est un feu de diable qui anime le long-métrage.

PAN

Pas de temps mort, les séquences s’enchaînent à un rythme effréné et, si les deux heures passent très vite, on se met à le regretter. On aurait souhaité que les transitions soient plus souples, que l’aventure soit lisible comme une frise et non comme une succession de tableaux. On sent comme une obsession dans l’écriture, celle qui veut modeler une histoire connue de tous avec une vision propre mais portée par les éléments indispensables. C’est plutôt maîtrisé dans le fond et cela parlera aux connaisseurs des autres oeuvres sans perdre le profane. Malheureusement, la mise en oeuvre est un peu trop rentre-dedans et elle aurait mérité d’être moins éparpillée.

PAN

La galerie de personnages, quant à elle, est très bien soutenue. Hugh Jackman interprète avec passion un Barbe Noire excentrique et à l’âme torturée. L’écriture de son personnage est malheureusement sous-exploitée et les délires psychotiques qui l’habitent se content à demi-mot. Le jeune Levi Miller incarne assez justement un Peter Pan malicieux, blessé par l’abandon et pourtant plein d’espoir. Ce qu’on était en droit d’attendre, ni plus, ni moins. On regrette le léger sur-jeu de Garrett Hedlund en Crochet (malgré un charisme évident) et on tombe sous le charme de Rooney Mara en Lili la Tigresse. Au global, on ressent la volonté de démontrer qu’il n’y a pas vraiment de bons ou de vilains. Une construction qui essaie de s’éloigner tant bien que mal du modèle manichéen sans y arriver totalement.

Voltige haute en couleurs

Poussière de fée, ambiance colorée, nous sommes plongés dans une réalisation aérienne et dynamique. De la direction artistique aux plans valorisant l’action, la direction visuelle et sonore est assumée jusqu’à donner le tournis. L’expérience offerte par le film divisera à n’en point douter tant les partis pris sont forts, enivrants voire déroutants.

PanNeverland

Si les séquences méritaient un meilleur équilibrage, les plans qui les composent sont globalement un régal pour les yeux. Certes, certains choix frôlent le kitsch, d’autres semblent déplacés et l’on pourrait reprocher à Joe Wright d’avoir trop fait voler ses caméras. Le résultat est pourtant en parfaite adéquation avec l’esprit du film et on se laisse emporter par la façon de découvrir les décors et la sensation de voler à travers les batailles. De l’arrivée de Barbe Noire sur fond de Smells Like Teen Spirit jusqu’à la tribu colorée des Indiens, nous assistons à un grand défouloir pour grand enfant. La musique de John Powell vient saupoudrer l’ensemble d’un peu de féerie et délivre quelques morceaux vraiment sympathiques à l’écoute.

Conclusion

Non, Pan ne fera pas l’unanimité. Cette « origin story » offre du spectacle, une ambiance et un brin de puissance émotionnelle qui transporteront quiconque voulant bien accepter les quelques couches d’excentricité superflues. Malheureusement, l’écriture sans profondeur et le lissage pour plaire à tous les publics l’empêcheront de marquer les esprits. Pan est un film qu’on pourrait adorer détester mais qui mérite d’être vu pour sa réalisation aventurière et pleine de malice.

Critique de Pan réalisé par Joe Wright
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    Les points positifs :
  • Réalisation dynamique et aérienne
  • Partis pris dans la direction artistique
  • Une ambiance qui colle à l'histoire
    Les points négatifs :
  • Personnages mal exploités
  • Une structure qui manque de fluidité
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Luc Dobigeon
Éternel rêveur bercé par la culture geek depuis des années, je me laisse surtout porter par le cinéma, la littérature, les séries et les jeux-vidéo. Curieux de nature, j'aime découvrir de nouvelles choses et les partager avec les autres. Dans un registre plus large, je suis un grand fan d'Histoire, je pratique la photographie, je suis un Disney fan et je reste toujours en admiration devant l'art au sens large.