Test de Severed sur PlayStation Vita : une fable sinistre

Sorti maintenant depuis un moment sur la console portable de Sony, Severed est un titre original qui met à profit les fonctionnalités tactiles de la Vita. Derrière de faux-semblants de jeu naïf pour enfant, le jeu est une fable sombre et cruelle qui ne laisse pas indifférente.

Fiche technique de Severed

  • Date de sortie : 26 avril 2016
  • Style : Action/Aventure
  • Classement ESRB/PEGI : ESRB T / PEGI 12
  • Développeur : DrinkBox Studios
  • Éditeur : DrinkBox Studios
  • Langue d’exploitation : multilangues 
  • Disponible sur Playstation Vita et iOS
  • Évalué sur PlayStation Vita
  • Prix lors du test : 14 $ CA/14,99 € sur le PlayStation Store
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Auteurs de l’inénarrable Guacamelee, les studios DrinkBox nous ont gratifié le 26 avril dernier (ah oui quand même) d’une bien belle expérience vidéoludique sur Playstation Vita. Le jeu propose des graphismes très colorés, dans ce qui semble être un style très en vogue aujourd’hui, des jeux comme Abzû ou encore Bound s’en rapprochent. Le character design est relativement original et les éléments culturels rencontrés au cours du jeu évoquent les civilisations centre et Sud-Américaines de la période précolombienne. Cet emprunt confère d’ailleurs au jeu une aura mystique qui ne manquera pas de troubler le joueur.

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Prises séparément, les composantes du jeu ne constituent pas quelque chose de particulièrement original, l’innovation réside plutôt ici dans l’alchimie avec laquelle ces éléments forment le tout qu’est Severed.

Une histoire qui annonce la couleur

Le ton est donné lorsque l’on rencontre Sasha, notre personnage, un bras manquant, un bandage ensanglanté le couvrant. Il semblerait que l’on se trouve dans les ruines d’une maison qui aurait pu appartenir à notre famille. Personne en vue, il s’est clairement déroulé un drame en ces lieux.

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Encore un Dungeon-crawler ?

Severed nous propose d’arpenter un dédale de chemins, souterrains, étranges bâtisses sombres palais pour atteindre le but ultime du jeu : retrouver et sauver notre famille. De donjon en donjon, il va falloir non seulement vaincre des ennemis parfois redoutables, mais également faire preuve d’un esprit affuté et d’une mémoire efficace pour ne serait-ce que sortir des lieux. Les combats demanderont au joueur d’être tout à tour offensif et défensif pour venir à bout de créatures surnaturelles et terrifiantes.

Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas à vous battre à main nue, vous ferez rapidement la rencontre d’un personnage, ami ou ennemi, difficile à dire, qui vous fera don d’une arme atypique, une curieuse épée, véritable organisme vivant à vos côtés.

C’est donc a priori un enchaînement de donjons qui vous attend, tortueux et semés d’embuches, mais aussi de trésors.

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Comme un air de RPG

Face aux ennemis rencontrés, on se rend compte que si le jeu commence ainsi, il faudra bien à un moment donné faire évoluer notre personnage ou son équipement. Mais le système de combat, parlons-en d’ailleurs. Les rencontres avec les monstres de ce monde cauchemardesque mettent à profit les fonctionnalités tactiles de la Playstation Vita et c’est donc du bout des doigts que vous terrasserez vos adversaires.

Le principe est simple, l’exécution un peu plus subtile. L’adversaire est représenté de face devant vous et vous devez asséner des coups consécutifs sur certaines hitboxes de l’ennemi, sans en toucher d’autres. Ainsi faisant, une jauge de coup critique se charge jusqu’à ce que vous puissiez exécuter une manipulation finale pour en finir avec l’immonde créature. Si le principe est simple et peut paraître répétitif, il commence à sérieusement se corser lorsque l’on affronte plusieurs ennemis à la fois et qu’il faut choisir lequel on affronte pour ne pas prendre de coups. La gestion d’ennemis multiples ajoute un facteur stress qui rend ces séquences assez palpitantes.

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Face à cette difficulté, vous allez donc pouvoir effectuer des améliorations de votre personnage, ou plutôt des techniques qu’elle maîtrise. Santé, durée du coup critique, dégâts, autant de compétences assez récurrentes des jeux du genre que vous allez pouvoir augmenter à votre guise. C’est vous qui choisissez ce qui a la priorité et qui modelez votre progression comme vous l’entendez. L’originalité est ici la matière première que vous allez utiliser pour ces améliorations : des yeux, des membres et diverses parties des monstres que vous aurez terrassés! Il y a même un système de conversion de ressources pour vous permettre de gagner plus vite des niveaux.

Enfin côté résistance, tel un épisode de Zelda, vous devrez trouver des fragments de cœur pour l’augmenter au fur et à mesure du jeu. Ces fragments sont bien évidemment dissimulés dans des endroits secrets qu’il vous faudra déceler en usant de vos neurones.

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Des trophées de chasse utiles

Qui dit donjon dit ennemis et forcément boss de niveau. Tout le monde le sait. Le jeu ne fait pas exception à la règle, vous allez rencontrer divers boss à la fin des niveaux principaux lors de votre progression. Ceux-ci correspondent avec des indices et réponses sur le sort qui est incombé à votre famille.

Outre le fait que ces bosses vont donneront évidemment accès à zone suivante, à l’issue de leur défaite, vous pourrez ramassez sur eux des parties de corps qui vous conféreront de nouvelles capacités, essentielles pour vaincre de futurs ennemis dont la difficulté va toujours croissante.

On n’est pas non plus sur un Dark Souls, mais Severed représente néanmoins un vrai challenge pour les joueurs qui sont habitués aux jeux “standards” l’aspect tactile est ici exploité à fond et il faut de la dextérité pour triompher. Les game-over ne seront pas rares pour la plupart des joueurs donc ne désespérez pas, mais persévérez plutôt, cela fait partie du jeu.

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Quelques soucis de zone

La copie sur laquelle le jeu a été testé est la même version que celle que vous pouvez acquérir par vos propres moyens sur le Playstation Store. En visitant l’une des premières zones (après bien trois heures de jeu tout de même), je me suis retrouvé bloqué dans un ensemble de deux pièces et quelques couloirs. J’ai d’abord cru que j’étais trop bête pour comprendre comment sortir de cette situation, le reste du jeu réservant quelques énigmes.

Après donc de nombreux essais infructueux, j’ai pris contact avec les développeurs du jeu qui ont très aimablement et rapidement répondu à ma demande. Je leur ai expliqué tout le cheminement qui m’avait conduit dans cette impasse, ce qui leur a permis de savoir quelles conditions ont conduit à cette erreur (en gros Geeks and Com’ a fait un stress-test du jeu). Je ne vous cache pas que ma déception fut grande et relativement décourageante lorsqu’ils m’ont annoncé que la seule solution était de recommencer le jeu du début. Un point de restauration antérieur ou un accès au début du chapitre au moins n’aurait pas été du luxe.

Je ne peux que louer la motivation des développeurs de DrinkBox Studios, mais comme on dit “L’enfer est pavé de bonnes intentions”

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Une douce musique à mes oreilles

Il serait regrettable de se quitter sans parler un peu de la musique originale de Severed, menée par Yamantaka//Sonic Titan accompagnée de Pantayo. Le collectif de musique expérimentale canadien, connu pour ses performances théâtralisées un peu dérangeantes s’illustre ici dans un exercice pas si inhabituel pour eux puisqu’ils ont déjà repris des thèmes comme “Zelda’s Lullaby” tirée d’Ocarina of Time. La différence d’écriture musicale réside ici dans le fait de devoir écrire la musique comme une introduction accompagnée d’une partie pouvant être bouclée à l’infini (on ne sait jamais combien de temps le joueur va mettre à finir une zone donnée).

Interrogé sur les influences de cette bande-son, Alaska B., l’un des membres fondateurs cite des œuvres telles que l’anime Akira, les jeux Chrono Trigger ou encore Final Fantasy IV et VI.

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Alaska B. rappelle également que la musique des jeux vidéo a pris aujourd’hui une telle ampleur dans la culture populaire qu’elle influence même la musique mainstream, preuve en est de l’engouement des sons 8-bit depuis quelques années dans des musiques qui n’ont pas de lien avec l’univers du jeu vidéo.

Conclusion

Honteusement qualifié de Fruit Ninja RPG par des sources que nous ne citerons pas ici, Severed est un jeu atypique, relativement difficile, qui a manifestement fait l’objet d’un soin particulier. On réalise vite où sont passés les deux ans de développement du jeu qui marque une forte identité graphique, ludique et sonore. Sa mythologie angoissante et son onirisme déroutant témoignent de plus qu’une simple recette toute faite de création. Certes le jeu emprunte ses mécaniques à des tas de jeux préexistants, mais il les instrumentalise au profit d’un tout fort bien réussi. Laissez-vous donc embarquer pour environ 7 ou 8 heures d’étrangeté et de survie dans les méandres de Severed. Possesseurs de Wii U, Nintendo 3DS, le jeu arrivera a priori courant du troisième trimestre 2016.

Test de Severed sur PlayStation Vita : une fable sinistre
"Avec ses airs de RPG d’aventure, Severed propose aux joueurs un univers torturé et tortueux. Les puristes du RPG s’ennuieront peut-être des mécanismes du jeu et du niveau de difficulté, mais la plupart des autres joueurs y trouveront un vrai challenge et une expérience inhabituelle. Le jeu emprunte à beaucoup d’autres, mais intelligemment, de savants dosages conduisent à un résultat plutôt bien équilibré. "
7.5
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Charlie Houlmont
Cinéaste et infographiste de formation, adorateur de DC Comics, tolkiéniste compulsif. Geek multi facettes, musicien, compositeur, gamer, illustrateur et technophile. Bon public et éternel gamin