Candy Crush : des maux de ventre pour King lors de son entrée en bourse

candy crush saga

King Digital Entertainment, l’empire britannique crée grâce au populaire jeu de réflexion Candy Crush lancé en 2012, a fait son entrée en bourse mercredi dernier sous le symbole « KING ». Mais il n’a pas soulevé autant d’intérêt que prévu.

Ainsi, son action fixée au prix unitaire de 22,50 dollars mercredi dernier a vu sa valeur terminer sa journée en baisse à 19 $ dans un marché en hausse. Une chute de 15 % qui s’explique notamment par le fait que plusieurs investisseurs semblent sceptiques par rapport à cette société reposant sur un one-hit wonder. En effet, malgré leurs sept autres titres les revenus de l’éditeur de jeu reposent essentiellement (80%) sur Candy Crush. Il leur faudra donc travailler sur ce point pour réussir à moyen et long terme.

Si les médias n’ont pas manqué de critiquer cette maladresse à Wall Street, il faut tout de même savoir qu’il n’est pas le seul concepteur de jeu de l’histoire à être victime de sa propre ambition, plusieurs entreprises de jeux vidéo ont subi le même sort lorsqu’elles ont osé franchir cette porte et entrer en bourse. Ce fut notamment le cas de Zynga, en décembre 2011, avec son populaire jeu social FarmVille. Alors que l’éditeur avait planifié son entrée en bourse avec une action de 10 $ US et avait reçu un tiède accueil : vers 13 h la même journée, l’action était à 9,69 $ et depuis l’été 2012, elle stagne sous les 5 $.

Avec plus de 97 millions d’utilisateurs conquis à travers le monde,  la confiserie virtuelle Candy Crush n’a rien à envier à la concurrence, car elle est certainement la plus solide des sociétés de son domaine d’activité à entrer en bourse ces derniers temps. En effet, contrairement à plusieurs son plan d’affaires lui permet de ne pas nager dans les dettes, d’être rentable et d’engendrer des revenus importants : la valeur de l’entreprise est estimée à environ 7 milliards de dollars. Ce qui la place actuellement au troisième rang des plus grands producteurs de jeux vidéo, juste derrière Electronic Arts à 9 milliards et Activision Blizzard à 14,5 milliards!

La recette de King pour une belle réussite selon Tommy Palm

Mais comment expliquer ce succès viral? Tommy Palm, entrepreneur, concepteur de jeux, mais également «  Guru des jeux » de King,  expliquait, lors d’une conférence à Montréal en novembre dernier, à quoi entre autres Candy Crush doit cette immense réussite.

King.com

Candy Crush : un jeu simple à grande capacité d’adaptation

L’accessibilité du jeu Candy Crush est bien sûr un facteur clé de son succès, mais outre le fait que le jeu s’adresse à tous les âges et qu’il peut se propager à une vitesse vertigineuse grâce aux médias sociaux, il a le grand avantage de pouvoir s’adapter aisément voir presque instantanément à son public. Tommy Palm donnait l’exemple du fameux niveau 65 pour illustrer cette situation, un niveau qui, à cause de sa grande difficulté, a  fait l’objet de plusieurs tutoriels de solution sur YouTube.

Grâce à Facebook, Candy Crush a eu accès à une tonne de données sur ses joueurs et a pu voir que 40 % de ses utilisateurs ont quitté le jeu après avoir été confronté à ce niveau, car ils n’arrivaient pas à le passer. Peu de concepteurs peuvent se vanter d’avoir des données aussi précises sur les niveaux de leur jeu même si cela se généralise dans l’industrie aujourd’hui. Les créateurs ont bien appris à leur dépend qu’un jeu puzzle trop difficile n’est apparemment pas très gagnant, les utilisateurs s’en lassent rapidement. Une fois qu’ils ont simplifié le niveau, ils ont ainsi conservé près de 50 % des utilisateurs qui autrement auraient quitté le jeu.

Pour agir rapidement comme ils l’on fait, ça leur prenait des données et King les avait sur un plateau d’argent grâce à Facebook et en plus, il n’était pas contraint de faire attendre ses joueurs très longtemps pour leur donner le niveau 65 simplifié qu’il désirait. C’est de cette constatation que Tommy Palm prédisait que le développement de jeux sur mobile ne peut que gagner en popularité dans les prochaines années.

Rajoutons également à ses nombreux avantages que le jeu est disponible autant en ligne que hors-ligne. Pourquoi était-ce aussi important pour Candy Crush que les joueurs puissent avoir accès au jeu hors-ligne ? Simplement parce que le mode hors-ligne était indissociable d’un autre des facteurs de sa réussite : le gameplay.

Parlons Game Design, Marketing et … Sociologie!

Je ne vous étonnerai pas, je crois, en vous informant que près du deux tiers des joueurs sont des femmes! Avec son univers rose-bonbon et ses alléchantes friandises colorées, Candy Crush a visé dans le mille pour plaire aux dames. Cependant, la femme dans la société aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était il y a quelques années : elle est davantage présente sur le marché du travail et bien qu’on voit aujourd’hui un meilleur partage des tâches reliées à la famille et à l’entretien d’une maison entre l’homme et la femme, on constate que la femme tend souvent à faire d’elle une Wonder Woman dans toutes les sphères de sa vie. Par conséquent, le temps libre, surtout la semaine, lui est presque un luxe.

Candy Crush Saga - King 1

King l’a compris et a su innover d’une façon majeure. En effet, contrairement à son confrère Bejeweled, Candy Crush à l’avantage de ne pas se baser sur le temps pour déterminer le succès de ses niveaux, mais plutôt sur le nombre de déplacements.

C’est grâce à cette distinction qu’ils peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir vraiment créé un jeu « mobile » dans le premier sens du terme. En d’autres mots, c’est cette conception ingénieuse qui offre vraiment au joueur le pouvoir de s’adonner à son passe-temps n’importe quand, entre deux tâches, sans avoir à s’inquiéter de perdre sa partie parce qu’il n’est pas resté concentré. Vous le devinerez, c’était exactement ce dont avaient besoin nos Wonder Womans qui vivent constamment en mode multitâches. Tommy Palm était clair à ce sujet, on n’a pas fini d’entendre parler du succès des jeux mobiles.

Avant de conclure, pour ceux qui n’étaient pas au courant, sachez que depuis novembre dernier l’éditeur King offre (enfin) à son public de déguster ses friandises qui vous ont tant fait saliver ! Celles-ci sont disponibles au coût de 4 $ pour achat en ligne chez Dylan’s Candy Bar, leur marchand partenaire.

Tommy Palm le «  Guru des jeux » de King et Dylan Lauren,  la fille du grand designer Ralph Lauren, au lancement de la marque de friandises Candy Crush.
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Véronique Bouffard

Imprégnée de la culture Geek, je suis une passionnée des technologies, du multimédia, mais surtout des jeux vidéo. C'est d'ailleurs ma passion pour cet univers qui m'a poussée à rejoindre l'initiative Pixelles en 2013. J'étudie actuellement à l'Université de Sherbrooke en communication, rédaction et multimédia.