Doit-on acheter une montre connectée ? Quelques réflexions après l’essai de la Moto 360

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La dernière montre que j’ai portée, je m’en souviens à peine. L’arrivée des montres intelligentes ravive mon intérêt pour cet objet que je considérais jusqu’à récemment comme un bijou. J’ai donc décidé de voir si ces nouveaux objets connectés allaient me donner envie de reporter une montre.

Depuis quelques semaines, j’ai la chance d’avoir à l’essai une montre Moto 360 de Motorola. Si vous pouvez lire le test complet par Ludovic, je vous partage ici mon expérience. Bien que la montre soit propulsée par Android Wear, je vais tenter de rester plus dans le côté objectif et pratique. Bref, voir plus ce qu’apporte ce produit à l’usage, plutôt que d’évaluer l’objet en lui même. Vous pouvez d’ailleurs lire l’évaluation de plusieurs montres intelligentes sur notre site.

Apparence, style, élégance

On ne peut passer sous silence l’aspect esthétique d’une montre intelligente. Les montres traditionnelles ont toujours été une extension de notre personnalité et de notre style vestimentaire. Un objet qu’on porte au poignet est sans contredit visible et doit s’accorder avec notre personnalité. C’est là, qu’un premier problème se pose, bien des gens possédant 2 ou 3 montres  qui s’agencent avec des moments et qui ont souvent des styles distincts. Au prix actuel, se procurer plus d’une montre intelligente est probablement hors de la portée de la majorité des gens. La sélection de montres intelligentes reste limitée et leurs designs ne plairont pas à tous.

Pour contourner ce problème, la plupart des fabricants offrent plusieurs styles de bracelets ou la possibilité d’ajouter un bracelet traditionnel, permettant une certaine liberté de style. Apple, pour sa part, va introduire un nouveau système d’attaches avec sa Apple Watch, ce qui va assurément créer un marché de bracelets ces dernières.

La grosseur des produits peut encore poser encore problème. Par exemple, malgré une Moto 360 très élégante, celle-ci reste tout de même grosse sur un poignet de femme. D’autres montres sont un peu plus petites, mais elles restent encore plus imposantes que la plupart des modèles classiques. Même la très attendue Apple Watch, dans sa version la plus petite, sera loin d’être discrète. C’est un compromis à faire, l’écran de ces objets ne pouvant être trop petit, avec la quantité d’informations que l’on souhaite y voir, il serait illogique d’offrir des écrans plus petits que 1.5 pouce.

Les constructeurs font tout de même de grandes prouesses en offrant autant dans de si petites coques. J’ai l’impression que d’ici 1 à 2 ans nous verrons même des puces de Qualcomm, Apple et Intel expressément conçues pour ces objets avec mémoire et capteurs intégrés afin de réduire la taille et la consommation de ces produits.

Un dernier point, c’est qu’à l’heure actuelle, la pérennité de ces produits reste encore incertaine. Même si vous vous procurez la plus belle des montres intelligentes, que vaudront son processeur, sa batterie et son système d’exploitation dans 2 à 3 ans. On est loin des montres traditionnelles!

L’autonomie n’est toujours pas au rendez-vous

Hormis certaines montres comme la Pebble qui n’a pas d’écran couleur, la plupart des montres intelligentes ont une autonomie limitée. Il est presque impensable, aujourd’hui, de se procurer une montre sur laquelle on pourrait laisser l’écran allumé toute une journée et interagir constamment avec sans voir la batterie diminuer à vue d’oeil. Un usage modéré et sur une journée moyenne permet ainsi de passer la journée, sinon il faudra souvent réduire ses interactions ou finir ses soirées avec une brique au poignet.

De plus, les montres ont, pour la plupart, des systèmes de recharge propriétaires. Pour faire le plein rapide dans la voiture ou au bureau, il faut ainsi penser à avoir les 2 chargeurs. Au moins les batteries étant très petites, la recharge s’effectue rapidement.

Tant que les montres intelligentes n’auront pas une autonomie minimale de 2 à 3 jours en usage intensif, elles auront du mal à séduire le grand public. On devrait pouvoir partir en week-end sans avoir à se soucier d’apporter notre chargeur, je pense que ce n’est pas trop demander.

Un produit qui entend, mais qui ne parle pas?

Ce problème n’est pas présent sur toutes les montres intelligentes, mais la plupart des montres basées sous Android Wear possèdent un microphone, mais n’ont pas de haut-parleur. C’est un irritant majeur parce que plusieurs interactions qui devraient être naturelles ou simplifiées ne le sont pas. Par exemple, si je dis « Ok Google, quel est la température? », celle-ci s’affiche, mais elle ne m’est pas dictée. L’absence du haut-parleur empêche le « dialogue » naturel avec la montre. Un autre exemple très agaçant est que lors de la réception d’un appel, on voit qui appelle sur la montre et on peut même répondre à celui-ci, mais si on répond on doit tout de même se rendre à notre téléphone pour entamer la conversation. À plusieurs reprises, j’ai refusé un appel, sachant que je n’allais pas atteindre mon téléphone dans un délai raisonnable, donc mon interlocuteur aurait eu l’impression qu’il n’y avait personne sur la ligne et aurait raccroché.

Dernier point, cette lacune rend l’usage conversationnel limité. On sait tous qu’on peut dire à notre téléphone Android: « Ok Google, où est la tour Eiffel? » et ensuite enchaîner avec « Ok Google, quelle est sa hauteur? » et ainsi de suite. Sans haut-parleur, tous ces échanges sont presque impossibles et on doit toujours porter une attention visuelle pour s’assurer que la montre a bien compris ou pour consulter l’ information.

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Lorsque je ferai mon jogging et que je pourrai dire « Ok Google, quel est ma fréquence cardiaque? » et que la montre va me répondre de vive voix, là je serai satisfait des interactions.

Des notifications pas toujours utiles

À la base, ces montres devraient nous permettre de facilement faire des courtes interactions. De nous fournir une information pertinente d’un coup d’oeil et de faire des opérations simples. Ces montres nous sont bien vendues comme l’extension de nos téléphones pour du triage rapide et réduire notre besoin d’interagir avec eux.

Dans certains cas, je ne vous la cache pas, ça fonctionne à merveille! Sous Android Wear l’intégration avec Google Now est très bien pensée. Se lever le matin, mettre la montre et en quelques glissements voir le temps de parcours vers le travail, la météo, les rendez-vous à l’agenda c’est presque magique. Faire jouer de la musique, voir la pochette de l’album, pouvoir ajuster le volume, faire pause ou faire un « like » sur un titre, ça aussi, c’est très satisfaisant.

Par contre, avec bien d’autres applications, ça se corse. Il est bien possible de répondre à des textos en dictant un message, mais il faut assumer qu’il est possible que des erreurs se glissent dans nos réponses.

Certaines applications ne sont tout simplement pas optimisées pour les montres et n’affichent que des informations très limitées avec lesquelles on ne peut pas interagir. À ce moment-là, on peut blâmer la montre intelligente, mais en fait, c’est que nous sommes à l’enfance de ces produits et les développeurs tout comme les utilisateurs doivent encore se familiariser avec ceux-ci. Qu’est-ce qui est pertinent à montrer? Qu’est-ce qui est superflu? Quelles interactions sont logiques?

Par chance, la plupart des montres intelligentes permettent de masquer les applications qui n’apportent rien. Par exemple, on possède tous quelques applications qui remplissent notre centre de notifications, celles-ci seraient très désagréables si elles faisaient vibrer constamment nos montres!

Il y a encore beaucoup de travail à faire du point de vue logiciel et design d’interface. Car, du point de vue purement esthétique, Android Wear est très joli et il est visuellement attrayant et facile de lire l’information à l’écran, à condition que le développeur de l’application ait fait ses devoirs. Et ici, même Google n’est pas encore au point sur tous ses produits.

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Je suis critique, mais…

Après avoir lu ce billet, vous devez vous dire que je n’ai pas une si bonne expérience et que je n’aime pas les montres intelligentes. Ma position est pourtant plus nuancée.

Je pense que les produits actuels sont corrects, sans plus. Si vous achetez une montre intelligente en connaissant ses limites actuelles et que vous les acceptez, vous serez probablement satisfait. J’aime porter la Moto 360, mais elle ne m’est pas essentielle. J’aime avoir accès à ses informations et aux commandes vocales aussi aisément.

Mais, j’ai mes réserves. La maturité manque encore dans ces produits et même si des mises à jour logicielles venaient à augmenter l’expérience, il reste que le matériel n’est pas encore complet. Je souhaiterais d’abord plus d’autonomie, un haut-parleur et au minimum une connexion WiFi pour permettre à ces produits d’être un peu plus indépendants.

Et on ne va pas se la cacher, le lancement prochain de la Apple Watch va dynamiser le marché et attirer beaucoup d’attention sur cette gamme de produits. L’influence de Apple reste toujours palpable malgré l’avance dont dispose la concurrence dans ce milieu. J’ai vraiment hâte de voir si cette compagnie livrera un produit vraiment supérieur à ce qui existe actuellement, d’autant plus que le produit sera plus cher que la plupart des offres concurrentes.

Finalement, le prix reste un enjeu majeur. Si on demande aux consommateurs de payer plusieurs centaines de dollars leurs téléphones et leurs montres qu’ils devront remplacer à un rythme effréné, vont-ils se laisser tenter?  Ou les plus cyniques diront: se feront-ils avoir?

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Steve Rodrigue

Je suis dans l'univers télécommunications et réseautique depuis 1997. Passionné d'informatique, de mobilité et des technologies, je travaille présentement chez Vidéotron Limitée. À mes heures perdues, je brasse ma propre bière (#beergeek) et je suis guitariste dans un petit groupe sans grande prétention.