Pourquoi j’ai détesté Destiny… avant de l’adorer

Vous l’avez probablement compris à travers mes interventions dans le podcast “Les Gamers Contre-Attaquent” ou dans mes tests, je suis quelqu’un d’entier à l’avis assez tranché. J’aime ou je déteste, toujours avec passion. Il m’arrive parfois d’être indifférent, mais je change rarement d’avis. C’est pourtant ce qui est en train de m’arriver sur Destiny depuis quelques semaines. Peu de jeux auront provoqué un sentiment aussi ambiguë chez moi. Déçu par ce que proposait Bungie, j’ai détesté le jeu à sa sortie et l’ai rapidement laissé prendre la poussière pendant plusieurs mois. Et puis, dans le creux de la vague de sorties vidéo ludiques du mois de février et intrigué par l’enthousiasme sans cesse renouvelé de mon ami Samret pour le jeu, j’ai voulu lui donner une seconde chance. Depuis, j’ y joue quasiment tous les soirs, au moins une petite heure. Pourquoi ? Comment suis-je passé du statut de hater officiel de Destiny à celui de joueur fidèle et convaincu ? Voici quelques éléments de réponses.

J’ai détesté Destiny parce que c’est un mauvais Halo

Et là vous vous dites” il n’a rien compris”, et vous n’avez pas tort. Il n’empêche que Destiny, c’est un jeu Bungie, et que malgré l’orientation très MMO affichée, j’attendais du jeu qu’il remplisse une sorte de cahier des charges “du bon jeu Bungie”. J’adore Halo, son côté FPS nerveux et son univers space-opera accrocheur. Pour moi, c’était évident, Destiny devait créer un nouvel univers, développer de nouvelles races, leurs interactions politiques, leurs buts, leur histoire. Bref je voulais un véritable space-opéra bien écrit, et je n’imaginais pas que Bungie se vautre là-dessus.

Encore aujourd’hui, je pense que Destiny est mal écrit, mal mis en scène (on peut même dire que cette dernière est inexistante), et mal raconté. Au delà du fait que l’idée de mettre le codex sur une companion app est profondément stupide, rien ne donne envie de s’immerger dans l’univers de Destiny. L’Humanité trouve un ange-gardien (Le Voyageur) qui lui apprend plein de choses avant que les Ténèbres ne le retrouvent et ne ramènent plusieurs races aliens pas sympas pour péter la tronche aux humains. Vous êtes un Gardien ressuscité (Pourquoi ? Comment ? On le saura jamais) à qui le Voyageur redonne “la Lumière” et donne pour mission de repousser les Ténèbres. Comme pitch de base, on peut difficilement faire plus nul. Ajoutez à cela des races alliées qui sortent de nul part et que rien ne distingue à part leur tête et des races ennemis dont la motivation se résume souvent à “Agent des Ténèbres, n’aime vraiment pas la Lumière”. Franchement, lisez le Codex, ça vaut le coup d’oeil, ne serait-ce que pour vous marrer un bon coup.

Et là, je ne vous parle même pas du mode histoire qui n’a ni queue ni tête et qui se termine sur la pire conclusion d’un jeu vidéo depuis Assassin’s Creed III. A vrai dire, on ne comprend qu’on vient de finir la dernière mission que parce qu’il n’y en a pas d’autres après…

Bref, Destiny n’est pas un univers, c’est un brouillon, une esquisse qui pourtant s’affiche comme quelque chose de fini. C’est pour ça que j’ai détesté mon premier contact. J’attendais un nouveau Halo, une nouvelle histoire qui me donne envie de savoir ce qui va se passer. Ici, rien de tout cela, on comprend à peine pourquoi on massacre des centaines d’aliens à longueur de niveaux tous montés de la même façon. Il n’y a aucune implication, aucun but. Et je suis resté sur cet avis négatif malgré un gameplay très haloesque (et donc efficace) en ce qui concerne les gunfights.

 Destiny (98)

J’adore Destiny justement parce qu’il est différent

En revenant sur le jeu, j’ai retrouvé mon personnage niveau 22, sans histoire à développer, ni missions scénarisées à faire. On pourrait dire que je n’avais aucun intérêt à revenir, et sur le moment, c’est aussi ce que je croyais, jusqu’à ce que je prenne goût à toutes les mécaniques de gameplay qu’offre Destiny.

J’accorde rarement une seconde chance à un jeu que j’ai détesté, et je ne reviens quasiment jamais sur mes premières impressions, et pourtant, parfois il arrive que j’apprécie un jeu lors du second run. Parce que oui, je peux le dire aujourd’hui, j’aime Destiny malgré ces gros défauts (qui ne disparaissent pas pour autant !).

Oui le scénario est nul, la mise en scène ne vaut rien, et l’univers n’est qu’un énorme gâchis,  mais j’adore ces mécaniques de gameplay pourtant injustes et perfectibles. On dit souvent que le jeu commence vraiment à partir du niveau 20, palier à partir duquel l’expérience récupérée dans les missions ou en tuant les ennemis arrête de jouer son rôle classique. A partir du niveau 20, c’est votre équipement qui vous fera monter de niveau, ou plutôt la « lumière » qu’il contient. Complexe et frustrant au premier abord, cette mécanique a pourtant fait renaître en moi cette fièvre de la chasse à l’équipement que j’avais adoré dans des Borderlands et autres MMO de mon adolescence. Entendons nous bien, ce système de levelling n’est pas parfait, loin de là, mais il a cette caractéristique d’être basé entièrement sur l’équipement que vous ramasserez, ce qui fait que chaque nouveau niveau est une petit victoire, chaque nouvel équipement, une satisfaction. C’est à la fois la force et la grande faiblesse du jeu. Il laisse beaucoup de monde sur la route mais récompense les plus acharnés du grinding.

Si on ne parlera pas de MMO, le jeu étant tout de même assez loin de ce qu’on peut connaitre sur PC dans un vrai MMO, il demeure que Destiny apporte des mécaniques de MMO sur console. C’est ce caractère hybride que j’apprécie. Au FPS solo aux allures d’Halo Bis qu’il aurait pu être, le titre de Bungie rajoute un esprit profondément communautaire que j’ai rarement retrouvé sur console. Attention, je ne dis pas que Destiny est LE jeu communautaire sur console, juste qu’il est le premier sur lequel j’ai pris plaisir à retrouver des amis pour un raid, à préparer un plan d’attaque, etc. C’est cet aspect social, bien qu’incomplet, que j’ai finis par apprécier en jouant avec les joueurs de la rédaction ou d’autres.

Destiny (83)

Vous l’aurez peut-être compris, malgré ma première impression plus que médiocre, j’ai fini par trouver dans Destiny des mécaniques de MMO qui m’ont plu et grâce auxquelles je prends beaucoup de plaisir à arpenter inlassablement les différentes cartes des Assauts, Raids ou Épreuves. J’aime ramasser avidement les engrammes, acheter à prix d’or de l’équipement à Xur ou planifier l’engagement d’un Raid. Cela ne veut pas dire que j’ai oublié les énormes défauts du titre de Bungie, juste que j’ai réussi à trouver ce qu’on pouvait aimer et que je comprends désormais mieux l’amour fou que mon ami Samret porte à Destiny.

Maintenant, je vais retourner abattre des Vex et autres jusqu’à trouver le casque exotique dont je rêve, en priant pour que Bungie nous apporte une suite plus équilibrée (comprendre avec un scénario). Clairement, avec quelques améliorations et plus de contenu, Destiny pourrait devenir un grand jeu. Pour l’instant il n’est qu’un jeu sur lequel j’aime passer du temps… et ce n’est déjà pas si mal.

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