Critique du film Avengers : L’Ère d’Ultron de Marvel

L’un des films événements de l’année est sorti! Avengers : L’Ère d’Ultron rassemble à nouveau Iron Man, Thor, Captain America, Hulk, Hawkeye et Black Widow. Pour notre plus grand plaisir? C’est ce qu’on va voir.

Avant toute chose, sachez que si spoiler il y a, il sera annoncé de façon visible. En revanche, si vous voulez vraiment découvrir le film, revenez lire cette critique après l’avoir vu.

Joss Whedon est à nouveau derrière la caméra pour ce second opus Avengers, et onzième film intégrant le Marvel Cinematic Universe, initié par Iron Man de Jon Favreau. Ainsi, scénaristiquement, L’Ère d’Ultron ne fait pas suite au premier Avengers mais à Captain America : Le Soldat de l’hiver, qui contait donc la chute du SHIELD.

Dans le premier rassemblement des Vengeurs, Joss Whedon nous avait offert un film mal équilibré, avec des lenteurs au début, mais a su nous émerveiller avec un spectacle impressionnant à la fin. Ce second film reprend des composantes du premier, en bien et en mal, tout en possédant une structure propre.

Contrairement à son prédécesseur, le film débute comme un coup de tonnerre. Un impressionnant plan-séquence où nos Vengeurs combattent l’ennemi, avec un beau ralenti en prime. Ce début tonitruant est à double tranchant. D’une part, il nous colle au siège, c’est très esthétique, c’est bourrin, c’est épique, tout ce qu’on attend d’une bonne scène d’action made in Marvel. D’autre part, le rythme du film retombe brusquement. Et l’on va commencer par ce plus gros point faible du film : son rythme.

Un rythme et un scénario mal équilibrés

Le film ne prend pas son temps quand il le faut, mais va s’attarder sur des détails qui ne nous font ni chauds ni froids. L’avantage du MCU, c’est qu’on a plus besoin de présenter les personnages principaux, on les connaît. Mais la raison qui les rassemble, ça en revanche, pas forcément. Bien qu’on l’apprenne tout de même plus tard, ce départ donne l’impression de prendre un film en route.

Ce n’est bien évidemment pas le seul moment où le film se précipite. De nombreux points importants de l’histoire sont avancés en une seule phrase, un seul fait, puis on passe à l’action. Par exemple, le personnage d’Ultron qui est tout de même le méchant principal du film est trop rapidement introduit. Loki lui, avait eu la chance d’être introduit dans Thor. Comprendre l’ennemi de nos héros est primordial pour s’immerger dans un film alors qu’ici c’est presque comme si on lui collait l’étiquette du méchant, et voilà un prétexte pour aller à la baston. Nous reviendrons plus tard sur ce personnage.

SPOIL : Autre exemple : les sauvetages de civils. On n’a pas besoin de perdre du temps à nous montrer vingt fois nos héros aider les habitants de la ville à s’en sortir. Ce temps perdu aurait pu être utilisé pour autre chose.

Le rythme au service du scénario ou le scénario au service du rythme? On ne sait plus. Outre un rythme mal équilibré, le scénario n’est pas suffisamment poussé. Un scénario peut proposer deux lectures différentes. Une lecture qui vient nous conter l’histoire, et une autre qui va nous présenter des enjeux. Des enjeux moraux, des enjeux sociétaux, des enjeux psychologiques ou encore philosophiques. Dans Age of Ultron, les deux sont plutôt à la ramasse. L’histoire en elle-même est un prétexte pour des scènes de combats.

Quant aux enjeux plus profonds, c’est malheureusement mal exploité voire pas du tout. Et c’est bien dommage, car ce scénario n’est pas à jeter à la poubelle! Bien au contraire, il a un très bon potentiel et touche de nombreux sujets comme l’intelligence artificielle et ses dangers, le trafic d’armes, les expérimentations génétiques sur l’humain, les savants fous, l’ambition tant démesurée qu’elle en devient dangereuse et même l’infertilité et la famille. Oui tout ça : le scénario touche à tous ces sujets, mais il ne les traite pas, il les survole. Et c’est bien dommage, car le film aurait pu gagner en profondeur et en intérêt, bien que perdu en scènes d’action. Mais parfois, il faut savoir bien équilibrer un film et éviter la surcharge.

Des héros bien traités

On retrouve tout de même un approfondissement de certains personnages qui étaient jusque là encore trop peu traités. Tony Stark, Steve Rodgers et Thor ayant tous leurs films respectifs, nos autres Vengeurs ont pu profiter de cet opus pour être un peu plus travaillés. On en apprend plus sur Clint Barton, alias Hawkeye, dont on ne savait jusqu’à présent que très peu de choses. Bruce Banner est brillamment interprété par Mark Ruffalo (certainement le meilleur acteur de l’équipe) et l’on revient même sur le passé de Natasha Romanoff. Entre deux scènes surchargées d’effets spéciaux numériques, ça fait du bien de se centrer un peu sur la psychologie de ces personnages, de comprendre ce qui les motive et ce qui leur fait peur.

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L’Ère d’Ultron introduit deux nouveaux personnages, apparus par ailleurs dans la scène post-générique de Captain America : Le Soldat de l’hiver, il s’agit des jumeaux Maximoff : le Vif d’Argent (Quicksilver) et la Sorcière Rouge (Scarlett Witch). Deux personnages vus comme un seul, inséparables et indissociables. Vu la densité du film, on n’a pas vraiment le temps de s’y attacher malheureusement. Mais attardons nous un petit peu sur le Vif d’Argent, son cas au cinéma est un peu particulier.

Marvel Studios, appartenant à Disney, possède les droits d’utilisation du personnage qui est originellement un personnage issu des comics X-Men, il est par ailleurs le fils de Magneto. Marvel Studios ne possédant pas la licence X-Men qui appartient à la 20th Century Fox a donc dû justifier sa présence autrement. Ainsi notre Quicksilver est à la fois dans la saga X-Men et le MCU. Nous avons donc bien deux représentations de ce personnage. Laquelle l’emporte ? Eh bien… Bien que le Pietro Maximoff du MCU ne soit pas inintéressant et reste assez fidèle à l’idée que l’on se fait de lui, le personnage est bien plus jouissif dans X-Men Days of Future Past. Il est simplement plus drôle, plus dynamique et a surtout eu la chance de bénéficier d’une scène absolument merveilleuse qui fait partie aujourd’hui des meilleures scènes de la saga X-Men, que l’on met aisément aux côtés de la scène d’introduction de Diablo à la maison blanche dans X-Men 2. Une scène qui nous a fait mourir de rire.

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L’humour est au rendez-vous

Justement, parlons du ton humoristique dans ce second Avengers : tout comme le premier, l’humour est présent, voire omniprésent. Je ne vais pas vous le cacher, je me suis marré dans le film, et par des moments bien comme il faut. Mais autant il y a certaines blagues qui fonctionnent (tout ce qui tourne autour de Thor, que ce soit son marteau ou sa façon de se rattraper d’une bourde, a bien fonctionné pour moi) et d’autres pas du tout. Certaines blagues reviennent tout au long du film, c’est assez redondant, voire lourd. Alors peut-être que certaines répétitions vont avoir leur effet sur certains, mais pas sur d’autres. À vouloir trop faire d’humour, ils sont tombés dans la farce systématique et pas souvent bien amenée.

Léger spoil : la blague des gros mots avec Captain America, qui nous a suivis tout le long du film, ça fait rire ça? Non. La première fois, ça nous esquisse un sourire et nous fait souffler du nez. Au bout de la sixième, c’est lourdingue.

Mais tout de même, ne faisons pas les rabat-joie, y’a des blagues qui fonctionnent, et globalement on se marre.

Ultron (de fer)

Chose promise, chose due. Abordons donc l’un des points primordiaux du film : Ultron! Ultron c’est le bad guy du film, et c’est un peu la vedette de celui-ci aussi, lui donnant son nom. Et autant vous le dire tout de suite, le personnage est réussi. Comme dit plus haut, il est trop rapidement introduit, et c’est malheureux, le personnage en lui-même étant très intéressant. En plus d’avoir un look magnifique (du moins pour un robot psychopathe destructeur), il est très charismatique, il sait être drôle, cynique, tout en étant intelligent. Il a une vision de la vie et de la paix particulière, vision qu’il s’est forgée en observant le monde, vision qui en fait de lui un personnage très ambigu. Malheureusement, comme cela a été dit plus haut, ce n’est pas approfondi. La perception qu’a Ultron sur notre monde est trop peu mise en avant.

Léger spoil : Au lieu de surprendre les spectateurs et de donner au film un tournant un peu plus “cérébral”, Joss Whedon se contente de limiter Ultron à un robot omnipotent qui veut détruire le monde, sans aucunement s’attarder sur ce qui l’a poussé à en arriver jusque là. Pourtant, avec une intelligence artificielle surdouée, qui sait tout, qui analyse notre monde et à partir de là décide de le détruire, je pense qu’il y a quelque chose d’intéressant à faire.

Malgré ça, il reste tout de même impressionnant, magnifique et c’est un personnage qui a sa place aux côtés des méchants les plus bad ass.

Marvel avengers ultron

GROS SPOIL (partie réservée à ceux qui ont vu le film) : En parlant d’Ultron, je ne peux m’empêcher de parler de ce qu’il a créé, que les Avengers ont repris à leur compte. Je parle bien évidemment de ce personnage surprise qui rejoint l’équipe : La Vision. Marvel a bien su garder la surprise, le personnage apparaissant seulement une petite seconde à la fin d’un trailer. Ce personnage, on peut le considérer comme le reflet d’Ultron, son alter ego du bien. Son apparence est somptueuse, sa façon de se mouvoir dans les airs également. Son apparition c’est un peu le Deus ex machina du film : cet être surpuissant est censé être la solution pour vaincre Ultron. Bon, finalement ce n’est le cas qu’en partie, car, encore une fois, ce personnage est sous exploité. À part quelques scènes, on peut presque le considérer comme un figurant. Si vite présenté, si vite au combat. Quoiqu’il en soit, de mon côté, ce personnage m’a conquis, tant par son magnifique costume que par son calme et sa sagesse apparente.

Des scènes d’action dantesques et épiques

Si l’on devait parler de Avengers : Age of Ultron, vous l’aurez compris, on n’abordera pas la psychologie de ses personnages, la complexité de son scénario ou son sens du rythme. Non, bien évidemment c’est l’action qui fait le coeur et tout l’intérêt du film. Si vous voulez en prendre plein la tronche, vous avez frappé à la bonne porte. La mise en scène n’est pas toujours fantastique, on va trouver bien plus riche chez un Snyder, un Blomkamp ou des Wachowsky, mais Whedon a tout de même son sens du spectacle. Ajoutez à ça une direction artistique léchée et extrêmement bien réussie. Entre les plans-séquences qui survolent toute une zone de combat passant de superhéros en superhéros, les ralentis sur l’équipe des Vengeurs, un duel de monstres entre Veronica (aka Hulkbuster) et Hulk, l’Ère d’Ultron nous offre tout un tas de scènes qui réjouissent nos mirettes. Alors parfois, l’image va être surchargée oui. Tellement d’éléments à l’écran que ça perturbe notre lecture de l’image, mais c’est aussi à cause d’une 3D médiocre qui rend ces scènes plus qu’illisibles qu’autre chose. Si vous pouvez éviter la 3D, n’hésitez pas, car celle-ci n’est d’aucune utilité et porte même défaut au film.

Au niveau des scènes d’action, on en retrouve beaucoup plus que dans le Avengers premier du nom. Les dialogues ne servant pas à faire avancer le scénario, mais plutôt à passer d’une scène d’action à une autre. Du fait de ce trop grand nombre de scènes de combats, certains pourraient ressentir une certaine lassitude. Par ailleurs, il y a tellement d’ennemis et ils sont tellement faciles à battre, qu’au final on ne ressent pas grand-chose, mise à part une satisfaction visuelle. On en revient toujours au même souci d’équilibre, à vouloir trop en faire, ça perd en intérêt. Le premier film était avare en grosses scènes dantesques avant la bataille de New York, mais au moins on ressentait un souffle épique dans cette bataille, jusqu’au climax de fin. Ici, le climax ne se fait pas ressentir.

De la phase 2 à la phase 3

Si vous ne le saviez pas, le MCU est partagé en trois phases. La première s’était close avec Avengers, mais ce sera Ant-Man qui viendra finir cette phase 2 cet été le 22 juillet. Concernant Avengers : L’Ère d’Ultron, il représente une passerelle entre la phase 2 et la phase 3. Il met en place certains éléments pour préparer Captain America : Civil War et Thor : Ragnarok ainsi que le troisième opus Avengers, Infinity War (part 1 & 2).

Conclusion : faut-il aller voir Avengers – L’Ère d’Ultron ?

Oui. Sans aucun doute. J’ai pu être difficile à l’égard de ce film, effectivement, mais c’est un film d’une envergure importante que je ne veux pas prendre à la légère, et je trouve que Marvel Studios ne s’attarde pas suffisamment sur certains éléments qui ne pourraient qu’enrichir l’univers cinématographique Marvel. Cet univers cinématographique a radicalement changé l’industrie du cinéma depuis quelques années, il est difficile d’y passer à côté. Il serait par ailleurs dommage de le rater, tant il représente des années du cinéma populaire. C’est une grande saga, et certainement la plus grosse saga qui fut créée au cinéma. Si vous avez loupé quelques films Marvel précédents, ce n’est pas trop grave, rien ne vous empêche de comprendre celui-ci, mais rattrapez-les quand même pour saisir quelques subtilités. Sans trop en demander au scénario, contemplez le spectacle gargantuesque que nous offrent Kevin Feige et son studio.

Critique du film Avengers : L’Ère d’Ultron de Marvel
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    Les points positifs :
  • Toujours un plaisir de retrouver l'équipe au complet
  • Des scènes d'action dantesques
  • Ce qu'installe le film pour les prochains films Marvel Studios
  • Ultron
    Les points négatifs :
  • Scénario pas suffisamment exploité
  • Rythme bancal
  • Beaucoup trop de scènes d'action
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6.5
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Frédéric Bouffier
Passionné par les nouvelles technologies et la culture geek, il se plaît à faire l'analyse de l'actualité hi-tech et à comprendre les aboutissants de cette industrie en constante évolution. Il aspire à voir un jour une société où la technologie est au service de l'homme et de la société, au point que cela en soit un fondement.