Test de The Banner Saga 2 sur PC : la périlleuse épopée de Stoic Studio parvient-elle à se renouveler ?

Je vous en parlais il y a une semaine à peine, le nouveau jeu de Stoic Studio intitulé très sobrement The Banner Saga 2 m’avait une bonne impression dans sa version preview. Suite directe du jeu The Banner Saga, ce nouveau jeu m’a dévoilé tous ses tenants et aboutissants. Cependant, les jeux se prêtant à une histoire filée sur plusieurs épisodes ne sont pas toujours synonyme de qualité. Il est temps de faire le point : est-ce une suite réussie ? Ou bien juste un coup d’épée dans l’eau ? Réponse un peu plus loin.

Fiche technique de The Banner Saga 2

  • Date de sortie : 19 avril 2016
  • Style : Tactical RPG / Aventure
  • Développeur : Stoic Studio
  • Langue d’exploitation : Voix en anglais, texte en anglais
  • Éditeur : Versus Evil
  • Disponible sur PC et Playstation 4
  • Évalué sur PC
  • Prix lors du test : 28,90 $ CA/19,99 € sur Steam et le PS Store
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Un monde hostile, froid et incertain où survivre est primordial

Voilà ce qu’est l’univers de The Banner Saga mais je sens deux, trois perplexes au fond de la classe alors on va faire un bref rappel sur les événements précédents. Imaginez un continent pris au piège d’un long et pénible hiver, où les Dieux qui régnaient et bénissaient les peuplades ont disparu, pour ne pas dire qu’ils sont morts. A cela, ajoutez deux peuples : les humains et les Valars, qui sont des géants humanoïdes à la tête fortement cornue, qui sortent d’une grande période de guerres dont les stigmates se font toujours sentir. Maintenant, saupoudrez une force sombre et inconnue sonnant comme une menace synonyme de destruction et d’apocalypse, incarnée par les Dredges, forçant les peuples à quitter leur bourgades respectives, pour partir en une exode à la destination plus qu’incertaine. Tel est le monde qui servira de contexte.

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Vous incarnez toujours Rook ou Alette, selon votre choix à la fin du premier jeu, accompagné par Ivar et le reste de votre caravane. Arborant tant bien que mal votre bannière, symbole de votre exil, votre mission est d’atteindre la ville d’Arberrang, fief royal et surtout capitale humaine. Vous espérez y trouver l’hospitalité et la sécurité face à la menace que représentent les Dredges. Je reste volontairement évasif sur le scénario pour éviter de dévoiler trop de détails qui nuiraient à votre découverte du titre.

certaines décisions aux apparences banales s’avéreront cruciales pour la suite de l’aventure

L’invitation au voyage permet de rencontrer un bon panel de nouveaux personnages comme les Ravens, groupe de mercenaires rencontrés à Boersgard dont le chef Bolverk aime plus faire parler ses haches que sa diplomatie. L’écriture de The Banner Saga 2 est aussi bien travaillée que celle du jeu précédent : certaines décisions aux apparences banales s’avéreront cruciales pour la suite de l’aventure.

Et c’est précisément l’une des forces du titre ! La surprise ! Beaucoup de situations requerront votre sang froid, elles seront plus nombreuses que vous le pensez et auront le mérite de vous visser à votre siège et de distiller dans vos veines une pression sans égale. Cerise sur le viking : elles seront suffisamment variées dans l’aventure globale pour ne pas vous lasser et vous inciter à continuer l’histoire afin d’en savoir plus.

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Partir de son village, c’est bien mais encore faut il savoir gérer ses ressources et le caractère imprévisible de ses compagnons de route. Grâce à la renommée acquise en combattant ou en prenant des décisions salutaires et raisonnables, vous pourrez troquer cette ressource contre des vivres, indispensables pour nourrir toute votre joyeuse ( joyeuse ? J’ai dit joyeuse ?) communauté. Vous aurez la possibilité de pouvoir l’utiliser comme monnaie d’échange afin d’obtenir de nouveaux objets à équiper pour vos héros.

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Une autre option s’offre aussi à vous : promouvoir vos personnages, toujours en dépensant cette renommée, pour gagner des niveaux et des points d’expériences à répartir dans différentes statistiques comme la force, la défense, et la volonté. Vous l’aurez donc compris : acquérir de la renommée se révèle vital pour avancer et d’ores et déjà, des questions se posent. Privilégier les vivres en abondance pour garder un moral assez haut au détriment de l’expérience de vos combattants ? Ou au contraire, mettre l’accent sur le combat quitte à devoir sacrifier quelques vies pour le bien de tous ? Vous êtes seul maître de vos choix.

Bien sûr, il va falloir combattre pour défendre votre peau. Les champ de batailles se présentent sous forme de damier et la première phase, avant d’engager la bataille, est de sélectionner qui combattra. Là encore, vous vous retrouvez souvent libre de choisir qui donnera de son sang donc il faut privilégier une équipe équilibrée entre distance et action rapprochée. Une fois vos pions placés sur le damier : la bataille s’amorce. En sélectionnant un des héros, vous pouvez le déplacer, attaquer ou encore vous reposer pour gagner un point de volonté. On retrouve toujours le système d’armure et de santé : plus vous baissez la santé, plus l’attaque est faible et attaquer l’armure rend votre adverse vulnérable.

Chose innovante par rapport à l’opus précédent, les protagonistes s’expriment sur le champ de bataille, réagissant aux actions adverses, ce qui a le mérite de rajouter de la nervosité. Autre point : il est possible de se servir d’obstacles pour ralentir les opposants mais aussi de placer des pièges ou des runes qui pourront vous être bénéfiques. Les combats ont vraiment gagné en profondeur et en tactique, et le mode difficile du titre vous proposera bien du défi à relever. A noter également, d’autres types d’ennemis font leur apparition : le bestiaire s’enrichit et se diversifie, et c’est bien. J’en terminerai avec l’interface globale du titre qui est beaucoup plus lisible et explicite que dans le jeu précédent, et cela simplifie grandement la lecture de jeu.

Des défauts toujours présents

Les combats ont vraiment gagné en profondeur et en tactique, et le mode difficile du titre vous proposera bien du défi à relever

Cependant, cette suite n’est pas une réussite totale. Premier défaut majeur qui nous saute au visage : la linéarité du jeu. Peu importe le point de vue que l’on peut avoir sur la chose, il est de fait que le jeu souffre d’une linéarité trop marquée. Les phases de jeu se dérouleront toujours de la même manière : une phase de marche, puis une phase de combat et enfin, un arrêt dans une bourgade ou autre. Et ça recommence. Il n’y a donc pas de séquences de jeu proprement inédites : on reste en terrain connu, même si certaines séquences ne manquent pas de piquant.

Autre point, même si l’habillage du jeu n’est pas en reste et surprend agréablement avec des panoramas très appuyés et quelques cutscenes animées et entièrement doublées, ces dernières ne sont que trop rares. On reste sur notre faim en se demandant si Stoic Studio n’aurait pas mieux fait d’en inclure plus, histoire qu’à chaque fin de chapitre, le joueur ait un semblant de récapitulatif sur la situation. Même mention pour les doublages : l’absence de voix ne rend pas hommage à la finesse d’écriture du récit et on est souvent tenté de passer certains dialogues car ils ne retiennent pas notre oreille captive. L’immersion en prend donc un sacré coup.

Rugga the banner saga

le jeu souffre d’une linéarité trop marquée

Enfin, les textes. Nous sommes d’accord : ils sont très bien écrits. Mais seulement dans leur version originale. Pour suivre correctement les aventures de la caravane à la bannière, il vous faudra posséder un niveau d’anglais assez solide dans vos bagages afin d’appréhender les tournures de phrases les plus complexes. Nous sommes assez loin de l’anglais basique, ce qui aura pour conséquence de décourager les plus anglophobes d’entre nous. The Banner Saga avait bénéficié d’une localisation en français, quelques mois après sa sortie. L’espoir me porte à croire qu’il en sera de même pour celui mais cette information reste à confirmer. Prudence donc si vous souhaitez jouer à ce titre et que l’anglais soutenu vous décourage facilement.

Conclusion

Je ne vous le cache pas, The Banner Saga 2 faisait partie de mes jeux les plus attendus de 2016, et pourtant mon avis est mitigé. Bien qu’étant emballé par l’histoire, l’ambiance et les personnages, je ne peux m’empêcher de me sentir frustré devant une production un tantinet paresseuse. Certains points de l’opus précédent n’ont toujours pas été corrigés ni revus dans ce nouvel épisode et je commence à penser qu’il en sera de même pour le troisième qui sera le volet final de l’histoire. Mais attendons d’en savoir plus avant de faire des conclusions hâtives. Le jeu reste bon avec des qualités solides ainsi qu’une durée de vie plus que correcte. Libre à vous de vous y aventurer.

Test de The Banner Saga 2 sur PC : la périlleuse épopée de Stoic Studio parvient-elle à se renouveler ?
"Au terme du voyage, The Banner Saga 2 s'avère aussi bon que son prédécesseur mais fait difficilement mieux. L'ouverture du titre à un public plus large par l'import de sauvegarde ou des choix de départs mis en place par Stoic Studio est louable. La narration et l'empathie pour les personnages fonctionnent vraiment et on cherche à sauver tout le monde en passant par des décors et une bande son magnifiques. Mais le jeu campe sur ses acquis et malgré ses bonnes intentions, il n'évite pas cet effet de routine servi par un habillage manquant d'âme et il se peut que certains lâchent l'aventure par manque d'immersion. Peut mieux faire donc."
6.5
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Arnaud Zabala
Véritable électron libre et absolument insaisissable une fois nourri de sucre, j'essaie juste de donner mon avis sur des sujets qui m’intéressent. Grand explorateur d'Internet, parfois je m'y perds. Parle aussi bien l'anglais que le pirate ou l'ewok.