Chicken Police – Paint it RED! : Quand un poulet enquête pour un chat

Il me reste 121 jours avant ma retraite.  À vrai dire, je le suis déjà, car suite à une enquête ayant très mal tourné, on m’a suspendu et renvoyé à la maison.  L’alcool m’aide à oublier cette nuit.  Nous étions célèbres moi et mon coéquipier (Marty MacChicken), mais tout a basculé. Nous étions les « Chicken Police ».

En cette nuit sombre en rentrant chez moi (une chambre d’un hôtel miteux), je découvre que ma porte n’est pas verrouillée.  J’y entre pour découvrir un impala implorant mon aide pour sa patronne, la célèbre Natasha Catzenko.  Je n’aurais jamais dû accepter…  Après tout, Natasha est en couple avec le parrain du crime contrôlant la ville, le fameux rat Ibn Wessler.

Je ne pourrai jamais réussir cette enquête officieuse sans de l’aide.  Il ne me reste qu’à espérer que mon ancien coéquipier voudra m’aider et nous permettra de reformer les “Chicken Police”.  Peut-être aurais-je dû refuser et attendre 121 jours, car cela s’annonce beaucoup plus complexe et dangereux que prévu…

  • Date de sortie : 5 novembre 2020
  • Style : Aventure, Visual Novel
  • Classement ESRB / PEGI : ESRB M / PEGI 16
  • Développeur : The Wild Gentlemen
  • Éditeur : HandyGames
  • Langue d’exploitation : Voix en anglais, sous-titré en français
  • Disponible sur Xbox One, PS4, Switch et PC
  • Testé sur Xbox One
  • Prix lors du test : 25,99$ CAD / 19,99 €
  • Site officiel
  • Version numérique envoyée par l’éditeur

Histoire

Chicken Police s’ouvre sur une cinématique nous montrant notre personnage Santino “Sonny” Featherland, un poulet anciennement inspecteur de police.  Nous apprenons à connaître notre poulet et à découvrir ses nombreux vices.  Nous découvrons également rapidement ce monde étrange peuplé seulement d’animaux avec un corps humain.  La ville où se déroule l’intrigue, Clawville, accueille tous les animaux de toutes les orientations.  Il y a une guerre interne entre les séparatistes et les royalistes.  Les premiers n’approuvant pas que les proies et les prédateurs puissent habiter et même être en couple ensemble tandis que les autres approuvent le tout et sont fidèles à leur roi.

L’histoire débute lorsque Sonny rentre chez lui pour s’adonner à son seul passe-temps depuis son renvoi : l’alcoolisme.  Il est surpris de voir qu’il y a déjà quelqu’un dans sa chambre.  Il s’agit de l’assistante de la fameuse Natasha Catzenko qui demande à rencontrer Sonny.  Étant l’épouse du baron du crime de la ville, elle n’ose pas se tourner vers la police pour son problème.

Quelqu’un a inscrit en graffiti le mot peu flatteur “putain” en lettre rouge sur sa maison.  Natasha est terrifiée, même si elle ne veut pas l’admettre et craint pour sa vie.  Cette “dernière enquête” pour Sonny dévoilera un scénario très complexe, très intrigant et très bien écrit.

Le jeu n’est d’ailleurs par pour les enfants, car certains textes sont très crus et l’histoire se déroule dans des lieux peu recommandables.

Sonny n’aura pas d’autres choix que d’aller demander l’aide de son ancien coéquipier Marty malgré le fait que les deux ne se soient plus parlé depuis des années.  Le jeu laisse planer une enquête ayant tourné en bain de sang où Marty aurait même tiré sur Sonny.  Il n’est pas très long avant que le retour des “Chicken Police” soit le sujet de l’heure.  Après tout, il y a même une série de livres sur ses deux enquêteurs.

Une ambiance noire

La première chose que l’on remarque (outre les animaux) est l’ambiance que projette le jeu.  Chicken Police est entièrement en noir et blanc avec certaines couleurs ressortant à certains endroits.  Ce style n’est pas sans rappeler “Sin City”.  Les développeurs ont insufflé une ambiance d’un film noir d’enquête des années 40 jusqu’au moindre de détails.  La musique jazz nous suit tout au long de notre enquête.  Celle-ci est d’ailleurs parfaite et nous plonge dans l’aventure encore plus.

Un des points qui m’a le plus marqué est l’excellent travail des doubleurs.  Le jeu étant majoritairement narratif, c’est très positif.  Je dois décerner une mention spéciale à l’acteur doublant Sonny.  Il est extrêmement convaincant.  Sonny est d’ailleurs le narrateur du jeu nous expliquant (à coup de métaphores) le déroulement de l’enquête et l’ambiance de Clawville.

Comme je l’ai mentionné plus haut, le scénario est un point fort du jeu.  Nous apprenons l’histoire progressivement et il y a énormément de détails à trouver pour parfaire nos connaissances de cet univers.  Les auteurs ont insufflé beaucoup d’humour sarcastique à leur œuvre jouant sur les différents animaux.  Se faire traiter de poules mouillées prend tout son sens quand on est un poulet.

Les rapports proies/prédateurs sont bien exploités et la personnalité attribuée à chaque animal est parfaite.  Le lapin stressé qui bégaye, le rat caïd ou le chien chef de police sont quelques exemples.  D’ailleurs, il paraîtrait qu’une sage créature mythique nommée “Humain” existerait.  Cette créature aurait une double nature si l’on se fie au chaos et la destruction engendrée par celle-ci.

Une enquête complexe

Très rapidement, l’enquête devient très complexe et comme le contexte est assez particulier, nous avons énormément de choses à apprendre pour comprendre ce monde.  Il y a plus de trente personnages à découvrir et interroger et il peut devenir difficile de tout se rappeler et suivre le cours.

C’est un des reproches que je dois faire au jeu.  Les indices, les informations sur les personnages, les évènements passés et les lieux sont tous notés dans notre carnet.  Lorsque nous avons une nouvelle entrée, nous avons un pop-up pour nous aviser que quelque chose vient d’être ajouté.  Au cours d’une discussion, plusieurs informations peuvent se mettre à jour.  Nous avons un petit chiffre à côté de notre carnet pour nous dire le nombre de modifications dans le carnet.  Par contre, quand on ouvre celui-ci, il n’y a aucune indication sur ce qui est nouveau.  Avec le nombre d’informations à apprendre, c’est un point très dommage.

Pour progresser, il faudra parler à énormément d’animaux.  Il y a quatre options possibles.  On peut observer l’individu pour se faire une idée.  Il est possible tout simplement de lui parler pour en apprendre davantage sur lui.  Si vous êtes dans ses bonnes grâces, il vous sera possible de “demander” des informations sur des sujets précis.  Finalement, on peut l’interroger pour tenter de lui soutirer des informations.

Interrogatoires et déductions

C’est d’ailleurs lors de ces interrogatoires que vous réussirez (ou non) à obtenir les informations les plus importantes.  Il est possible de poser diverses questions, mais si vous voulez une réponse, il faudra l’apporter correctement.  Si un suspect est vantard, il sera mieux de flatter son ego plutôt que de le menacer pour obtenir ce que vous voulez.  Les interrogatoires sont vraiment très intéressants et vous aurez hâte au prochain.

Pour clore un chapitre, vous aurez à compléter un tableau de déductions.  Ceci permettra de résumer ce que vous avez appris durant le chapitre et en quoi les suspects ainsi que les indices et objets trouvés sont reliés.  La mécanique est très simple.  Vous devez placer les éléments essentiels appris lors de ce chapitre et les relier.  Chaque fois que vous reliez deux éléments, il faudra déduire le lien entre les deux pour que ceux-ci restent reliés.

Se promener dans la ville

Vous vous promènerez beaucoup dans Clawville et le jeu vous avertit d’un point important dès le départ.  Il y a des lieux temporaires et des lieux principaux.  Les lieux temporaires peuvent disparaître au fil de l’enquête.  Il est donc préférable de commencer par les lieux temporaires.  D’ailleurs, le jeu devient rapidement intuitif et la courbe d’apprentissage est faible.

Chicken Police se déroule beaucoup dans le monde “underground” de Clawville et la majorité des lieux que vous visiterez vous sembleront délabrés et/ou inquiétants.  Vous commencerez votre enquête dans votre hôtel délabré et vous irez dans des lieux comme un club de nuit très sélecte, un bordel ou un quai par exemple.

Du texte et du texte

Puisqu’il s’agit d’un jeu du style “Visual Novel”, préparez-vous à lire énormément de textes.  Heureusement, le jeu est traduit dans plusieurs langues et il vous est possible de sélectionner la grosseur du texte et la rapidité du défilement.  Ces options sont les bienvenues dans un jeu misant majoritairement sur les interactions et son scénario.

Il y a quelques cinématiques lors de moments importants du jeu et certaines resteront dans votre tête assez longtemps (je pense à Natasha qui chante sa nouvelle chanson au club de nuit).  Celles-ci bien qu’elles ne soient pas très présentes et pas très longues ont un énorme charme.  Le style artistique y est pour beaucoup.  C’est très élégant.

Je ne dois pas passer sous silence certains moments d’action qui nous offre une petite pause de lecture et qui sont les bienvenus.

Comme vous pouvez vous en douter, la rejouabilité est assez faible puisqu’une fois l’enquête bouclée, vous connaîtrez le fin mot de l’histoire.  Pour les plus persistants, vous voudrez possiblement recommencer pour remplir votre carnet à 100% ou trouver la fin secrète.

Verdict

Chicken Police est une belle surprise.  Son style particulier fait sourciller au premier abord, mais une fois initiée, on ne fait qu’en redemander plus.  J’ai eu énormément de plaisirs à interroger les multiples personnages et à lire les répliques assassines de Sonny et Marty.  L’univers a été créé de A à Z et est d’une très grande cohérence.  Si vous aimez les jeux narratifs, ne passez pas à côté de celui-ci.  Vous ne serez pas déçu !

Chicken Police – Paint it RED! : Quand un poulet enquête pour un chat
"Sérieusement, je ne m’attendais pas à un si bon jeu en commençant Chicken Police. Son ambiance et son monde unique vous entraineront dans une belle folie que vous ne voudrez pas quitter. Le scénario digne d’un excellent film noir vous tiendra en haleine du début à la fin. Je ne peux espérer qu’une chose : revoir mes poulets préférés dans une autre aventure."
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