Test de The Deadly Tower of Monsters sur PlayStation 4 et PC

Qu’obtiendrait-on si nous décidions, un jour, de mélanger l’univers pulp des comics des années 1900, adaptés en film de Science Fiction VHS des années 1960, avec les ajouts d’une remastérisation DVD, le tout via l’apport du gameplay du support jeu vidéo ? C’est un peu le pari complètement saugrenu que s’est donnée ACE Team avec cette nouvelle IP, The Deadly Tower of Monsters. Attention, ça détonne grave.

Fiche technique

  • Date de sortie : 19 janvier 2016 
  • Style : Action/Aventure/Indépendant
  • Classement ESRB/PEGI : NC
  • Développeur : ACE Team
  • Éditeur : Atlus
  • Langue d’exploitation : Voix en anglais, textes multilingues
  • Disponible sur PlayStation 4 et PC
  • Évalué sur PlayStation 4 et PC
  • Prix lors du test : 14,99 $ /14,99 € sur SteamPlayStation Store
  • Site officiel
  • Version numérique envoyée par l’éditeur

Lovecraft Visuel dans ta face

C’est bourré d’humour et de commentaires cinglants, racontant des anecdotes de tournages parfois horribles, mais hilarantes. Le tout renforce l’ambiance cinématographique au sein de l’œuvre

Si vous avez l’âme d’un cinéphile, vous devez certainement savoir que la vague des films centrés sur la science-fiction ou les monstres a frappé toute une génération de spectateurs dans les années 1960. Inspirées des comics pulps, ces œuvres auront donné ses lettres de noblesse à toute une mythologie concernant des personnages tels que Godzilla, King Kong, ou des titres plus orientés SF comme La Planète des Singes ou Flash Gordon. ACE Team (qui a travaillé sur l’excellent Zeno Clash, et le très moyen Abyss Odyssey) sont de vrais fans de cet univers cinématographique, et cela se ressent énormément dans The Deadly Tower of Monsters.

Véritable ode des films de l’époque, le titre édité par Atlus (qui est donc moins un jeu indépendant qu’une œuvre à petit budget du coup) joue à fond sur la fibre nostalgique et tout ce qui est relié au medium. À commencer par l’ambiance générale qui en découle, une orgie de filtres audios et visuels typés VHS (si vous ne savez pas ce qu’est une cassette vidéo VHS, c’est que vous êtes définitivement trop jeune pour ce jeu tout public… et moi trop vieux). Heureusement, les paramètres pourront faire en sorte de lisser l’image et la bande-son pour les plus réfractaires,  passant d’un aspect VHS à DVD. Cela étant, vous passerez à côté des éléments qui apporte un très bon cachet au jeu. Vous voilà averti.

Mais que serait ces B-Movies sans leur mauvais doublage, leurs monstres marionnettes en véritables carton clairement visible à l’écran, avec les fils toujours présents sur l’œuvre finale et aux animations saccadées (stop motion) au possible, quand ce n’est pas certains éléments ajoutés en postproduction sur le négatif du film ? Rien nous sommes d’accord, et c’est avec un grand plaisir de retrouver tous ces clins d’œil dans le jeu. Une multitude d’autres points avec lesquels joue The Deadly Tower of Monsters sont aussi présents, mais dont l’énoncé prendrait beaucoup trop de temps ici.

Sachez néanmoins que, puisque nous parlons de DVD, il faut savoir que le jeu nous met en situation de lecture d’un film avec commentaire du réalisateur et de l’assistant. C’est bourré d’humour et de commentaires cinglants, racontant des anecdotes de tournages parfois horribles, mais hilarantes. Le tout renforce l’ambiance cinématographique au sein de l’œuvre. On regrettera l’éloquence un peu trop perturbante de notre voix off, parfois à la limite de l’envahissant, et ce surtout en plein combat : même avec un très bon niveau d’anglais il ne sera pas toujours évident de cerner les dialogues correctement. Alors si vous êtes anglophobe, bon courage !

The Deadly Tower of Monsters 01

Frustration, telle est la question

Une expérience assez rébarbative, qui ne vous coûtera qu’une poignée d’heures malheureusement

Que l’ambiance soit réussie, c’est une chose. De ce point de vue, The Deadly Tower of Monsters fait un quasi-sans-faute. Cependant nous restons devant une œuvre vidéoludique. Il faut donc que le gameplay soit un minimum à la hauteur. Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas ici. Comprenons-nous bien, le système de jeu est loin d’être à jeter, le système action cross plateforme cross shoot en vue de dessus est plutôt bien réussi, nonobstant quelques imperfections dans le maniement des armes et du personnage. Le problème se situe surtout sur l’arbre de compétence et d’utilisation et rangement de ses items, assez archaïques.

Si les personnages jouables, au nombre de trois ont chacun les mêmes armes avec une évolution communes à celles-ci, chacun possède ses propres pouvoirs et capacités. Il vous faudra ainsi échanger fréquemment pour contourner un obstacle et… c’est tout. Le jeu ne vous obligera pas à le garder une fois ce problème passé, ce qui nous pousse à jouer 90 % du temps avec le personnage féminin, le plus utile des trois pour la progression dans le jeu. Au final, switcher, ce qui pouvait être indispensable pour évoluer dans l’aventure, ne devient qu’une péripétie comme une autre, rendant l’Homme et le Robot totalement inutile. Par ailleurs, le trio vous fera pensé à un célèbre dessin animé futuriste, tant la ressemblance est frappante et l’inspiration peu originale (qui a dit Futurama ?).

À cela, ajoutons un level design jouant sur la verticalité extrême de The Deadly Tower of Monsters. Si sur le papier, l’idée est admirable, elle est totalement desservie par la progression du jeu et de son contexte. L’ensemble est extrêmement répétitif, le joueur passant son temps à faire quelques pas pour finir face à une porte, dont l’ouverture n’est possible que grâce à l’élimination d’une vague d’ennemi ou à la résolution d’un « puzzle » se limitant à l’utilisation d’un de vos pouvoirs. Une expérience assez rébarbative, qui ne vous coûtera qu’une poignée d’heures malheureusement, 5 h pour ma part.

Et c’est peut-être là qu’est fondamentalement le souci de The Deadly Tower of Monsters : un level design n’exploitant pas au mieux les capacités de ses personnages. Si vous y avez tout le temps accès via une cabine, qu’un seul des protagonistes n’est présent à l’écran. Un système de collaboration avec l’IA alliée, voire même avec d’autres joueurs humains par internet ou en local, aurait pu relever un peu le challenge, et rendre au finale cette expérience de jeu beaucoup moins frustrante. Déjà que le scénario, bien que dans la veine des films d’époques, et pour le coup totalement raccord avec l’ambiance, n’aide en rien à la frustration latente chez le joueur. Ni les fausses chutes de framerates du titre (dont je soupçonne certaines d’être vraies).

The Deadly Tower of Monsters 06

Conclusion

Disons-le clairement, le jeu est loin d’être parfait techniquement, même s’il excelle sur son ambiance. Et pourtant, malgré tout, on se surprend de relancer le titre d’ACE Team pour continuer à avancer, et ce jusqu’aux derniers instants. The Deadly Tower of Monsters reste fort plaisant à parcourir, ne serait-ce que pour les multitudes d’anecdotes trollesque du réalisateur, ou du nombre de répliques totalement invraisemblables et moqueuses lors de la mort de votre protagoniste. L’ambiance rattrape amplement les quelques déboires du jeu sur d’autres aspects. Au point de souhaiter une suite aussi nanardesque et géniale dans son approche.

The Deadly Tower of Monsters 03

Test de The Deadly Tower of Monsters sur PlayStation 4 et PC
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    Les points positifs :
  • Ambiance au top
  • De bonnes idées dans la verticalité du gameplay
  • la bande-son et les bruitages excellentes
  • L'esprit nostalgique, voire nanardesque, très bien conservé et retranscrit
    Les points négatifs :
  • Assez court
  • Redondant, rébarbatif, frustrant
  • Inutilité de 2/3 des personnages pour 90% du jeu
  • Pas de multijoueur
  • Peu adapté aux anglophobes
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8.5
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Thomas Jeronimo
Rédacteur en Chef de la section Jeu Vidéo, administrateur d'une association sur la thématique du Jeu, et grand aficionado du domaine numérique. Passionné de Cinéma, de musique, de dessin, de jeu, de littérature, de NBA, et de la vie en général.