La Presse+ : une édition de La Presse optimisée pour les tablettes numériques

La-Presse+-iPad-Lancement-Avril-20134

La Presse vient de lancer officiellement La Presse+, sa toute nouvelle édition gratuite pour tablette numérique. Fruit de trois années de recherche et développement d’une équipe de 115 personnes en interne et d’un investissement de 40 millions, cette nouvelle application se veut comme une expérience réellement optimisée pour répondre aux habitudes des consommateurs sur tablette en utilisant pleinement les possibilités offertes.

La Presse+ : une vraie édition numérique disponible chaque matin

Offerte gratuitement, La Presse+ sera disponible uniquement pour les utilisateurs iPad (sous iOS 6 à partir de l’iPad 2) dans l’application Kiosque dans un premier temps. Mais elle devrait arriver sur les appareils Android avant la fin de l’année. Si je le regrette en tant qu’utilisateur, c’est un choix malheureusement encore logique aujourd’hui quand on regarde le marché actuel des tablettes au Québec. Mais gageons que cela évoluera rapidement.

Une fois « abonné » à La Presse+, chaque matin à 5h30, 7 jours par semaine, une édition numérique est livrée. À l’intérieur, on y retrouvera les informations du jour présentées de manière optimisée pour la tablette avec un mélange d’imprimé, de Web et de vidéo.

Au delà de l’édition du jour, La Presse+ permettra également d’accéder aux éditions précédentes mais également de rester connecté à l’actualité du moment avec l’intégration d’une fonction de nouvelles en direct (actualité, résultats sportifs, météo…).

Pour avoir pris l’application en main lors de la soirée de lancement je peux dire que j’ai été été agréablement surpris. On a entre les mains ce que l’on pouvait attendre d’un vrai journal numérique et pas une simple adaptation du journal habituel, du site Web ou une application mobile. Ainsi, il y a un vrai travail de mise en valeur des contenus avec du texte, des vidéos, des photos et des éléments interactifs. Le travail effectué sur l’aspect visuel et l’intégration du contenu multimedia est très important. De plus, j’ai apprécié le fait de ne pas sortir de l’application lorsque je suis dirigé sur des sites Web, l’application intégrant également un navigateur Web.

Ce qui peut-être troublant est que l’on a une impression de magazine plus que de journal mais cela est plutôt une bonne impression. En revanche, parfois l’ergonomie des articles pourrait être amélioré pour faciliter la lecture complète d’un article sans avoir à se mettre en mode lecture (et donc un niveau de clic supplémentaire) ou un simple survol des sujets dans une thématique précise. On aimerait parfois trouver l’information plus facilement ou trouver des sections que l’on aime consulter sur le site (les blogs, la section techno…). Si l’application est rapide dans l’ensemble, j’ai quand même relevé certains temps de chargement de page pendant ma lecture. Mais globalement j’ai eu une impression positive de cette première version de La Presse+.

« La gratuité est un phénomène irréversible » – Guy Crevier

L’objectif annoncé par Guy Crevier, président et éditeur de La Presse, est de devenir le premier média numérique de masse : « Avec ce lancement, nous entamons un jalon important et La Presse+ devient le vaisseau amiral de tout notre écosystème d’information ».

Il s’est par ailleurs dit très attaché au caractère gratuit du produit « aujourd’hui, dans un an mais également à vie » : « La Presse+ est offerte gratuitement car nous croyons au phénomène irréversible de la gratuité de l’information sur les plateformes numériques ».

Des publicités interactives à fort potentiel

Pour créer ce nouveau média, La Presse a consacré 2 millions de dollars dans deux recherches et deux années de focus group visant à analyser :

  • le comportement des consommateurs pour qu’ils soient « capables de naviguer et de vivre l’expérience en moins de 5 minutes après avoir pris en main l’application pour la première fois »
  • l’efficacité en matière de publicité pour que celle-ci soit totalement intégrée à l’expérience proposée et qu’elle soit attirante pour les annonceurs mais également intéressante (et non intrusive) pour les consommateurs.

Ce dernier point était important pour faire en sorte que le modèle gratuit fonctionne. En effet, ne reposant plus que sur la publicité, il fallait convaincre les annonceurs et les agences de publicité d’acheter le modèle et fournir les outils pour qu’elles puissent produire du contenu adapté aux nouvelles possibilités offertes. Il faut noter également que le ratio contenu éditorial/publicité reste similaire à l’édition papier soit 60% / 40%.

Neuf formats publicitaires et 26 niveaux d’interactions ont été créés pour leur permettre de créer un engagement plus important avec le lecteur. Il est donc possible d’inclure dans les blocs publicitaires des vidéos, de la musique, des liens interactifs et web que le lecteur pourra activer. Guy Crevier nous expliquait hier dans un entretien lors du lancement que pour lui « c’est le consommateur qui doit choisir ce qu’il regarde et que la publicité se doit d’apporter une valeur ajoutée pour l’intéresser et l’amener à découvrir de nouvelles choses ».

Et la tarification de l’annonce dans La Presse+ ? Pour établir le prix de l’annonce de base, La Presse s’est inspirée de ce qu’il propose sur papier mais a intégré également des modulations suivant l’interactivité. La tarification se fait donc au coût par mille, variable suivant les sections ainsi que le format de publicité retenu et le prix de l’annonce augmente en fonction du nombre d’interactivités intégrées : +5% pour une interactivité, +10% pour 2/3 interactivités et +15% pour 4 interactivités et plus.

La Presse a en effet mesuré dans ses tests que les annonces qui comprenaient des interactivités captaient l’attention plus longtemps des personnes sur celles-ci et le répercute logiquement sur le prix. La mesure de performance des publicités sera donc également importante pour la suite et devrait connaitre des évolutions car actuellement Apple impose certaines limitations aux applications concernant ce point (d’où le CPM).

Pub-UQAM-La-Presse+-1

Il faudra voir l’adoption par les annonceurs et s’ils sont prêts à payer au delà du prix de base du bloc publicitaire pour y intégrer des niveaux d’interactivité. Une chose est sûre les possibilités offertes sont importantes et les retombées (financières) pour La Presse également.

Reste cependant à voir l’usage qu’il sera fait de ces possibilités dans les publicités mises en ligne dans l’application. En effet, ajouter des éléments interactifs pour juste faire de l’interactif serait totalement gadget et inutile en n’apportant au final aucune plus-value à la publicité et au consommateur.

Devenir le premier média numérique de masse avec La Presse+

La fin du papier à La Presse ? Si Guy Crevier préférait hier nous dire que « ce sont les consommateurs qui décideront de la fin de l’imprimé », on peut facilement penser que si le modèle d’affaires fonctionne alors la version papier verra ses jours comptés.

On attend maintenant la réaction et l’adoption par le grand public même si on peut penser qu’à moyen/long terme c’est un bon choix, d’autant plus quand on regarde l’adoption de la tablette au Québec et dans le monde. Les objectifs du côté de La Presse sont d’atteindre 400 000 utilisateurs uniques chaque semaine d’ici la fin de l’année. Les projections d’auditoire sont ainsi de 200 000 lecteurs à 90 jours et de 400 000 à 180 jours tout en conservant la base papier de 800 000 lecteurs. Guy Crevier nous confiait hier soir qu’il espérait que son modèle d’affaire fonctionne au début de l’année prochaine.

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille les dix réflexions sur La Presse+ de Maxime Johnson, un article très complet et intéressant qui revient également sur ce lancement.

Tout n’est donc pas parfait encore mais c’est une belle proposition que nous offre aujourd’hui La Presse avec des éléments dans l’application et un modèle d’affaires qui attirent l’attention y compris au niveau international. Bravo aux équipes du projet, je suis impatient de voir la suite!

 

Print Friendly, PDF & Email
author avatar
Benoît Chamontin
Co-fondateur de Geeks and Com', je suis un passionné de nouvelles technologies, de sport et de tout ce qui touche au monde des communications/marketing. Je suis également consultant en communication numérique pour Signature sur le Saint-Laurent (construction du nouveau pont Champlain à Montréal).