Conçu comme une porte d’entrée vers les mécaniques complexes des donjons de MMO, Fellowship propose une expérience coopérative simplifiée, centrée sur le plaisir immédiat plutôt que la répétition fastidieuse. Disponible en accès anticipé uniquement sur PC, le titre développé par le jeune studio suédois Chief Rebel a réussi à faire beaucoup de bruit dès son annonce. Est-ce que l’expérience est à la hauteur de l’idée initiale ? On tente de répondre avec nos premières impressions !
Une formule qui rend hommage aux MMO
Fellowship se présente comme une version condensée du contenu end-game qu’on retrouve dans les grands MMO. Au lieu d’imposer des dizaines d’heures de progression, le jeu propulse directement les joueurs au cœur de l’action : affronter des donjons, perfectionner ses stratégies et tester différentes classes en coopération. Cette approche a le mérite de rendre le concept des raids plus accessible. Fini le grind pour atteindre le niveau requis ou pour dénicher l’équipement adéquat. Il s’agit aussi d’une façon d’amener une nouvelle communauté de joueur qui n’a peut-être pas le temps de s’investir habituellement dans ce type d’expérience. Toutefois, cette orientation accélérée a aussi ses limites. Sans le contexte narratif ni la progression longue habituelle, le titre peut donner l’impression d’un mode donjon isolé, presque expérimental. On y entre vite, on en ressort aussi rapidement, sans toujours ressentir le sentiment d’accomplissement.

Une jouabilité claire, mais exigeante dans Fellowship
Sur le plan de la jouabilité, Fellowship mise sur la complémentarité entre classes. Chaque joueur incarne un rôle bien défini et le succès repose sur la coordination. C’est une mécanique classique, mais bien exécutée. Le système de compétences repose sur des cooldowns clairs, des effets de synergie et une lisibilité exemplaire des attaques ennemies. Les affrontements demandent une vraie lecture du terrain et encouragent la communication vocale. La courbe de difficulté des donjons se veut progressive et exigeante sans pour autant être insurmontable. Cependant, l’expérience reste inégale sur la durée. Le faible nombre de personnages jouables limite les possibilités tactiques. On ressent rapidement le manque de variété, surtout lorsqu’on enchaîne les sessions. De nouveaux héros viendront certainement enrichir le tout d’ici la sortie finale.

Un didacticiel trop sage pour les nouveaux venus
Ironiquement, si Fellowship veut démocratiser l’expérience des donjons coopératifs, son didacticiel échoue à vraiment guider les néophytes. Le jeu présente les bases mécaniques (mouvements, compétences, interface), mais néglige d’expliquer la logique d’équipe qui en fait tout l’intérêt. Les joueurs expérimentés comprendront vite comment se placer ou anticiper les attaques. Pour les novices, la transition entre l’entraînement et le premier vrai combat est brutale. On se retrouve à improviser face à des boss aux modèles complexes, sans repère solide. C’est dommage, car le cœur du jeu repose sur la coopération. Sans accompagnement suffisant, une partie peut rapidement tourner au chaos, surtout si un joueur ne comprend pas encore son rôle. Une section plus approfondie, avec des situations réelles de combat coopératif, aurait grandement aidé à fluidifier la courbe d’apprentissage. J’espère que ce type d’entraînements sera disponible à la sortie finale.

Une réalisation prometteuse, mais des problèmes de stabilité pour Fellowship
D’un point de vue technique, Fellowship laisse entrevoir un univers cohérent et engageant. Les environnements de donjon sont bien construits, les effets de lumière soulignent la tension des affrontements, et la direction artistique évoque les classiques du genre. Les animations, sans être parfaites, contribuent à l’immersion. Les coups d’épée ont du poids, les sorts magiques illuminent les arènes et les ennemis possèdent une apparence suffisamment variée pour maintenir l’intérêt visuel. Cependant, la stabilité du jeu vient gâcher l’expérience. Les serveurs ont une tendance inquiétante à planter, parfois en plein milieu d’un boss. Et puisqu’aucun système de sauvegarde n’est encore en place, chaque déconnexion signifie une perte totale de progression. Dans un titre centré sur la coopération, c’est particulièrement frustrant. Les développeurs ont déjà reconnu le problème et promettent des correctifs. Cependant, à ce stade, il faut une bonne dose de patience pour tolérer ces instabilités, surtout lorsqu’elles surviennent après un combat difficile.

Comme souvent avec les accès anticipés, Fellowship souffre d’une série de bogues plus ou moins gênants. Certains sont purement visuels tandis que d’autres peuvent ruiner une partie entière, comme un boss qui reste bloqué dans une animation ou un joueur figé après une esquive. Les mises à jour récentes ont corrigé plusieurs erreurs, mais la fréquence des problèmes demeure élevée. Heureusement, la communauté semble plutôt bienveillante. Sur les forums, les joueurs partagent leurs découvertes et proposent même des solutions temporaires en attendant les correctifs officiels. Ce dialogue constant entre développeurs et communauté donne un certain espoir quant à la direction du projet.

Une expérience sociale
L’un des aspects les plus engageants de Fellowship, c’est son esprit de camaraderie. Le jeu encourage naturellement les échanges et la planification collective. On sent que l’objectif n’est pas seulement de vaincre les ennemis, mais de créer des moments partagés. Même en accès anticipé, le système de matchmaking permet déjà de rejoindre des groupes relativement équilibrés. Les temps d’attente sont courts, et la communication, bien que perfectible, fonctionne. Cependant, il manque encore une dimension sociale plus aboutie. Il n’y a pas de guilde, pas de lobby persistant, pas de système de progression de groupe. C’est là que le titre de Chief Rebel devra se démarquer s’il veut dépasser le simple statut de simulateur de donjon.

Fellowship : une promesse à surveiller
En l’état, Fellowship est un jeu fascinant, mais fragile. Fascinant, parce qu’il capture avec justesse ce sentiment d’unité que seuls les bons jeux coopératifs savent provoquer. Fragile, parce qu’il repose sur une architecture technique encore instable et un contenu trop restreint pour maintenir l’intérêt à long terme. Le système de progression des personnages reste limité, la personnalisation est superficielle, et les récompenses manquent d’impact. Pour les curieux qui veulent goûter à un système de donjon sans s’engager dans un MMO complet, l’expérience vaut le détour. Pour les autres, il vaudra probablement mieux attendre quelques mises à jour supplémentaires avant de plonger.
