Test de The Edge of Allegoria : la nostalgie des années 90

Pour obtenir un jeu comme The Edge of Allegoria, il fallait une recette bien particulière : une généreuse dose d’humour, saupoudrée de références directement inspirées des tout premiers jeux Pokémon. À l’origine, le projet a vu le jour sur PC, avant de se tourner vers une campagne Kickstarter qui a permis de financer son arrivée sur consoles. Une belle preuve de l’intérêt et de la curiosité qu’il a su susciter auprès des joueurs nostalgiques.

Mais alors, la nostalgie suffit-elle à faire de The Edge of Allegoria une expérience mémorable ? La réponse est clairement non. Derrière son habillage rétro et ses clins d’œil à nos souvenirs d’enfance, le jeu ose aller plus loin. 

Son humour, volontairement irrévérencieux et parfois cru, se rapproche de l’esprit d’une série comme South Park. Cela lui confère une personnalité bien marquée, loin d’un simple hommage sans saveur.

Maintenant que vous savez un peu mieux à quoi vous attendre avec ce titre atypique, la vraie question est : allez-vous vous laisser tenter par cette aventure unique, entre nostalgie et irrévérence ? Je vous invite à découvrir mon avis détaillé dans ce test complet de The Edge of Allegoria.

Fiche technique de The Edge of Allegoria

  • Date de sortie : 11 septembre 2025 (4 décembre 2024 sur PC)
  • Style : RPG/Retro
  • Classement ESRB / PEGI : M17/ 18
  • Développeur : Button Factory Games
  • Éditeur : CobraTekku Games
  • Langue d’exploitation : Offert en français
  • Disponible sur Xbox One, Xbox Series X et PS4 et PS5, Nintendo Switch 1 et 2 et sur PC
  • Testé sur Nintendo Switch 2
  • Prix lors du test: 24,99$ / 24,99 €
  • Site officiel

L’histoire

Avec The Edge of Allegoria, on se retrouve immédiatement en terrain familier. L’inspiration des premiers Pokémon saute aux yeux : des couleurs aux mécaniques de jeu, tout semble sortir tout droit d’une cartouche Game Boy. Ce n’est pas un simple hommage, c’est presque un copier-coller assumé et c’est précisément ce qui fait son charme.

Cependant, la grande différence réside dans la manière de jouer. Ici, pas question d’attraper des créatures pour les faire combattre à notre place. C’est Joe, le protagoniste, qui s’y colle lui-même. Et Joe n’est pas un jeune aventurier plein d’énergie : c’est un homme en pleine crise de la quarantaine, un héros du quotidien un peu désabusé, mais attachant.

D’ailleurs, faisons un petit calcul amusant : si tu avais 10 ans lors de la sortie du tout premier Pokémon, en 1998, tu approches maintenant la quarantaine. Tu vois où je veux en venir ? Ce héros, c’est un peu toi. The Edge of Allegoria joue habilement sur cette fibre nostalgique et te fait revivre cette époque dorée du jeu vidéo, tout en y injectant un humour cru et un regard d’adulte sur la vie.

Joe part à l'aventure - The Edge of Allegoria

Dans sa quête, Joe décide de briser la routine pour explorer le monde étrange et coloré d’Allegoria. Armé de son cynisme et d’un humour aussi vulgaire qu’irrésistible, il affronte ses propres démons tout en tentant de ramener la paix dans ce royaume. Une mission qui, symboliquement, reflète sa propre lutte intérieure pour retrouver un sens à sa vie.

La jouabilité

Parlons maintenant de la jouabilité de The Edge of Allegoria. La structure de la carte rappelle immédiatement celle des premiers Pokémon : routes numérotées, cavernes mystérieuses, villages et zones de repos. Cependant, il faut l’avouer, on s’y perd assez facilement. L’absence d’un journal de quêtes ou de repères clairs sur la carte rend la navigation parfois frustrante.

Les créatures ennemies, quant à elles, n’apparaissent pas seulement dans les hautes herbes. Elles peuvent surgir presque n’importe où, et de manière irrégulière. Résultat : difficile de « grinder » efficacement ou de planifier ses combats. Heureusement, un peu plus tard dans l’aventure, on débloque un ordinateur permettant de recalibrer le niveau des ennemis, afin d’obtenir davantage d’expérience lorsqu’on revisite les anciennes zones. C’est une excellente idée qui encourage l’exploration, mais elle arrive peut-être un peu tard.

Un combat - The Edge of Allegoria

Côté progression, le jeu abandonne les systèmes classiques d’arbre de compétences ou d’apprentissage via des objets. Ici, on apprend plutôt en pratiquant : plus on utilise une arme, plus on la maîtrise. Par exemple, après une dizaine de combats avec une épée, on débloque une compétence unique liée à cette arme. Cela permet ensuite de personnaliser son style de combat et de combiner ses armes et techniques favorites, un concept simple mais très satisfaisant.

Petit bémol tout de même : en plein affrontement, aucune indication ne montre la quantité de points de vie restaurée par un objet. Il faut donc s’en souvenir soi-même, ce qui casse un peu le rythme et peut devenir agaçant à la longue.

Enfin, les villes rappellent là encore fortement l’univers de Pokémon : un centre de soin, un magasin pour acheter des objets, des villageois à qui parler… mais ici, pas de champions d’arène. Les véritables boss se cachent plutôt dans des zones précises de la carte, offrant des affrontements plus ciblés et intenses.

Le style graphique de The Edge of Allegoria

The Edge of Allegoria est un bonbon pour tous ceux qui ont grandi avec les premiers Pokémon. Le jeu réussit à capturer cette essence rétro, avec ses couleurs vives, ses sprites pixelisés et cette atmosphère unique qui rappelle immédiatement les titres du Game Boy original. On sent une réelle volonté de rendre hommage à cette époque, et le résultat est franchement réussi.

De la pêche - The Edge of Allegoria

Cependant, un détail technique peut surprendre. Impossible de jouer en résolution 4:3, ce qui donne un affichage en widescreen parfois étrange, presque trop moderne pour ce style graphique. Un filtre CRT ou la possibilité d’ajuster la résolution aurait apporté un charme supplémentaire, en renforçant le côté nostalgique. 

Une fois ce petit irritant surmonté, on finit tout de même par s’habituer, et on réalise à quel point le jeu est beau et soigné. Chaque décor, chaque animation semble avoir été conçu avec une vraie passion pour l’esthétique rétro.

Verdict

Enfin, c’est justement ce mélange entre modernité et nostalgie qui rend l’expérience si particulière. On retrouve des sensations proches de celles de notre enfance, tout en découvrant un univers plus riche et plus sombre qu’il n’y paraît. Car il faut le dire : malgré son apparence innocente, The Edge of Allegoria n’est pas un jeu pour enfants. 

Les dialogues abordent des thèmes matures, parfois surprenants, qui contrastent avec son habillage coloré. Cette dualité donne au titre une profondeur inattendue, et le distingue des simples copies rétro.

Test de The Edge of Allegoria : la nostalgie des années 90
Hommage réussi aux premiers jeux Pokémon
Humour bien dosé et rafraîchissant
Gameplay original qui se démarque de Pokémon
Excellente durée de vie (une dizaine d’heures, voire davantage)
Direction artistique rétro soignée et immersive
Carte du monde parfois difficile à lire et à naviguer
Système d’armes un peu trop complexe à maîtriser
Répétitif après quelques heures de jeu
Absence de véritable système de quêtes pour guider la progression
Pas de support pour le format 4:3
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