Ghost of Yōtei

Test de Ghost of Yōtei sur PS5 : la revanche d’Atsu

Sucker Punch Productions délaisse les terres de Tsushima pour transporter son aventure vers la région d’Ezo dans la suite de son jeu à succès. Ghost of Yōtei arrive sur PlayStation 5 au terme d’une année 2025 plutôt tranquille pour Sony. Mais lorsqu’un studio phare de la compagnie livre une nouvelle production, tous les regards se tournent inévitablement vers lui. Reste à voir s’il s’agit d’une véritable évolution qui élève les fondations posées par le premier opus… ou simplement d’un retour familier dans un cadre différent.

Fiche Technique de Ghost of Yōtei

  • Date de sortie : 2 octobre 2025
  • Style : Action et Aventure
  • Classement ESRB / PEGI : M17+/ PEGI 18
  • Développeur : Sucker Punch Productions
  • Éditeur :  Sony
  • Langue d’exploitation : Disponible en français
  • Exclusivité PlayStation 5
  • Testé sur PlayStation 5 Pro
  • Prix lors du test : 89,99 $ CA / 69,99€ 
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

En quête de vengeance

L’histoire se déroule environ 300 ans après les événements de Ghost of Tsushima. On y incarne cette fois une femme du nom d’Atsu, qui n’est pas une samouraï comme Jin, mais plutôt une mercenaire aguerrie. Elle retourne dans sa région natale d’Ezo pour venger sa famille assassinée seize ans plus tôt, un drame qui a façonné son destin et son rapport au monde. Son périple l’amènera à affronter les redoutables Six de Yōtei, figures puissantes qui contrôlent la région d’une main de fer, tout en la confrontant à son propre passé, à ses choix et à la frontière fragile entre justice et vengeance.

Ghost of Yōtei

Une approche narrative marquante

Ce n’est pas un scénario qui réinvente la roue. Un protagoniste en quête de revanche qui revient sur ses terres pour affronter ceux qui l’ont trahi, c’est même un concept plutôt classique. Cependant, Ghost of Yōtei parvient à l’aborder avec une justesse et une profondeur remarquables. L’écriture d’Atsu, marquée par la douleur, la résilience et la quête d’identité, donne du poids à chaque décision. À l’instar de The Last of Us Part II, le jeu pousse le joueur à réfléchir à ses propres motivations et à la nature de la vengeance. Jusqu’où est-on prêt à aller pour obtenir justice, et surtout, à quel prix pour l’âme ?

Sur le plan narratif, l’aventure se distingue par son ton plus intime et mélancolique. Les séquences qui replongent le joueur dans les souvenirs d’Atsu enrichissent habilement le scénario et renforcent le lien émotionnel avec le personnage. Le rythme est soigneusement dosé, alternant entre moments de tension, instants de contemplation et passages introspectifs. L’émotion s’installe naturellement, sans jamais sombrer dans l’excès ou la surenchère dramatique.

Enfin, Ghost of Yōtei brille par sa capacité à marier la beauté de ses paysages à la lourdeur de son propos. De nombreux moments invitent à simplement s’arrêter pour observer, respirer et laisser la mise en scène parler d’elle-même. Les dialogues, sobres mais percutants, et les silences, porteurs de sens, confèrent à l’ensemble une intensité rare. Ça fait beaucoup de bien de prendre ces quelques moments de répits. Sans dévoiler de détails, c’est une histoire de reconstruction, de pardon et de lucidité face à la violence, une tragédie humaine racontée avec sincérité, dans la droite lignée des grandes œuvres narratives de Sony.

Quelques ajustements rendant la jouabilité plus agréable

En ce qui concerne la jouabilité, Sucker Punch a opté pour une approche relativement sûre, et ce n’est pas une mauvaise chose. Le cœur des combats demeure le même : dynamique, réactif et suffisamment complexe pour éviter toute redondance. Il faut savoir esquiver, parer, bloquer et contre-attaquer au bon moment pour triompher. Plus les ennemis sont nombreux, plus il faut rester alerte et anticiper chaque mouvement pour survivre.

Cependant, certains changements notables apportent un vent de fraîcheur, à commencer par la disparition des postures de combat. À leur place, on peut désormais changer rapidement d’arme afin de s’adapter à la situation et d’obtenir un avantage selon l’armement de l’adversaire. Par exemple, les doubles katanas sont idéals pour contrer une lance, tandis que cette dernière excelle pour repousser ou contrôler les ennemis agiles armés d’un kusarigama ou d’une faux. Au total, cinq armes peuvent être débloquées au fil de l’aventure, chacune offrant ses propres forces et contre-armes, permettant ainsi de garder le dessus sur ses adversaires tout en diversifiant les approches de combat.

À cela s’ajoutent plusieurs autres ajustements qui viennent enrichir l’expérience. Le grappin est désormais accessible dès le début du jeu, facilitant les déplacements verticaux et rendant l’exploration plus fluide. Les armes à lancer et le fusil à mèche (tanegashima) introduisent de nouvelles options pour attaquer à distance, ouvrant la porte à des affrontements plus variés. Le joueur peut aussi compter sur son compagnon loup, utile pour distraire les ennemis ou attaquer par surprise, ajoutant une dimension tactique bienvenue. Enfin, la possibilité d’établir un campement pour se reposer, cuisiner ou fabriquer des munitions renforce l’aspect immersif et donne un sentiment de contrôle sur le rythme de l’aventure.

Ces ajustements, bien que discrets, démontrent une volonté claire de peaufiner la formule plutôt que de la bouleverser. Ghost of Yōtei conserve l’efficacité et la fluidité de son prédécesseur tout en y injectant juste assez de nouveautés pour renouveler le plaisir de jeu sans trahir son identité.

Des perspectives visuelles hors normes

Au niveau visuel, Sucker Punch rehausse encore la barre avec des scènes plus magnifiques que jamais. Dès le début, le joueur est placé sur sa monture face au mont Yōtei, dans une composition de caméra qui met brillamment en valeur le paysage et la direction artistique. Cette première séquence agit comme une véritable démonstration technique, nous plongeant immédiatement dans la beauté brute du titre. Par la suite, la montagne reste presque toujours visible à l’horizon, servant de repère naturel et de rappel constant de la majesté du décor. C’est une superbe carte postale interactive du Japon qui donne envie d’explorer chaque recoin de cette région du nord.

Comme dans le premier jeu, l’équipe artistique excelle à mettre en valeur la flore locale et la richesse chromatique de l’environnement. Dès les premières heures, on traverse des champs fleuris de mille couleurs, on contemple les reflets du soleil sur la neige, et chaque duel semble chorégraphié dans un tableau vivant. En galopant à travers la vaste région d’Ezo, il m’est souvent arrivé de m’arrêter simplement pour observer une envolée de grues rouges au coucher du soleil, ou quelques papillons virevoltant au bord d’un ruisseau. Ces petits détails naturalistes, déjà présents dans Tsushima, atteignent ici un niveau supérieur de finesse et de poésie.

Les conditions météo et la gestion du moment de la journée participent aussi à cette immersion. Les tempêtes de neige, la brume matinale ou les aurores boréales transforment radicalement l’atmosphère et l’éclairage du monde, rendant chaque lieu presque méconnaissable selon l’heure ou le climat. La lumière du matin dévoile des tons pastel apaisants, tandis que la nuit, les torches et la lune créent une ambiance feutrée et mystérieuse. Ces transitions naturelles, combinées à la direction photo impeccable, donnent à Ghost of Yōtei une véritable dimension cinématographique qui sublime chaque instant de jeu et qui met bien à profit ma PS5 Pro.

Des quêtes secondaires plus riches et mieux récompensées

Ghost of Yōtei corrige l’un des reproches majeurs adressés à son prédécesseur en offrant des quêtes secondaires nettement plus variées et mieux intégrées à la trame principale. Chacune raconte quelque chose d’unique, qu’il s’agisse d’une légende locale, d’un drame humain ou d’un souvenir lié au passé d’Atsu. On passe de petites histoires empreintes de spiritualité à des récits tragiques dans des villages enneigés, toujours portés par une mise en scène soignée. L’écriture se révèle plus nuancée, les dialogues plus naturels, et la frontière entre mission secondaire et principale devient parfois difficile à distinguer tant la qualité demeure constante. Ces quêtes ne donnent plus l’impression d’être de simples à-côtés, mais bien des fragments essentiels du voyage.

Les récompenses, elles, ont gagné en pertinence. Terminer ces missions procure désormais de réels avantages : matériaux rares, talismans spéciaux, améliorations d’armes ou encore nouvelles aptitudes de combat. Certaines quêtes offrent même des objets cosmétiques ou des alliés temporaires, ajoutant une dimension stratégique ou esthétique à l’exploration. L’ensemble forme un système équilibré où chaque détour a du sens et où la curiosité est toujours récompensée, renforçant ainsi l’immersion et la satisfaction de parcourir la région d’Ezo. J’y ai d’ailleurs consacré d’innombrables heures, mettant souvent la quête principale de côté sans jamais avoir l’impression de stagner.

Verdict sur Ghost of Yōtei

Sans bouleverser la formule qui a fait le succès du premier opus, Ghost of Yōtei démontre toute la maturité de Sucker Punch dans sa façon d’affiner plutôt que de réinventer. Le studio propose une aventure plus introspective, portée par une direction artistique somptueuse et un sens du détail rarement égalé. L’histoire d’Atsu, à la fois intime et viscérale, s’impose comme une évolution naturelle du thème de l’honneur et de la vengeance amorcé avec Ghost of Tsushima.

Certes, le jeu joue parfois la carte de la prudence, mais il le fait avec une telle maîtrise qu’il en devient une leçon d’équilibre. Entre sa mise en scène cinématographique, ses combats toujours aussi fluides et ses quêtes secondaires enfin valorisées, Ghost of Yōtei s’impose comme une œuvre aussi captivante qu’émotive. Plus mélancolique, plus contemplatif, mais tout aussi grandiose, c’est un voyage marquant qui prouve que Sucker Punch sait encore faire vibrer la corde sensible du joueur, katana à la main.

Ghost of Yōtei
Test de Ghost of Yōtei sur PS5 : la revanche d’Atsu
Narration encore marquante
Direction artistique encore plus jolie
Combats améliorés et toujours variés
Quêtes secondaires significatives
Peu d’innovation globale dans la formule
IA ennemie encore perfectible
Narration un peu trop similaire à d’autres
Quelques sections du monde un peu vides
9