J’ai l’impression que ce sera un thème récurrent pour la Nintendo Switch 2 dans les prochaines années : les compromis. Aussi performante soit-elle pour une console portable, elle demeure limitée face aux machines de salon de la génération actuelle. On l’a déjà constaté avec Star Wars Outlaws, dont la version Switch 2 surprenait par sa fluidité et sa jouabilité malgré quelques concessions visuelles. Avec Persona 3 Reload, mes attentes étaient différentes : son style plus stylisé et moins réaliste laissait croire à une optimisation plus simple. Malheureusement, ce portage demande un peu plus de compromis que je ne l’anticipais. Voici tous les détails dans mon test.
Fiche Technique de Persona 3 Reload sur Nintendo Switch 2
Date de sortie : 23 octobre 2025 (sur Nintendo Switch 2)
Style : JRPG
Classement ESRB / PEGI : M17+ / PEGI 16
Développeur : P-Studio
Éditeur : SEGA / Atlus
Langue d’exploitation : Voix anglaises et japonaises, textes et menus en français
Offert sur : Xbox Series X|S, Xbox One, PS4, PS5, PC et Nintendo Switch 2
Testé sur : Nintendo Switch 2
Prix lors du test : 79,99 CAD / 59,99 €
Site officiel
Version envoyée par l’éditeur
C’est avec Persona 3 que mon aventure avec la série Shin Megami Tensei a commencé, il y a un peu plus d’une douzaine d’années. J’y ai joué sur PlayStation Vita grâce à la version PSP rétrocompatible et je suis immédiatement tombé sous le charme, y consacrant des dizaines d’heures. Ce chapitre occupe une place très particulière pour moi. Persona 4 Golden a suivi peu après, consolidant mon attachement à la série et à la Vita, deux éléments qui ont façonné mon amour des JRPG. Revenir dans cette version entièrement refaite s’accompagnait naturellement d’attentes élevées. Je me suis d’ailleurs retenu d’y investir trop de temps sur PS5, espérant une édition portable, un souhait désormais exaucé.
Le retour d’un JRPG marquant
Persona 3 Reload nous plonge dans la peau d’un étudiant récemment transféré au lycée Gekkoukan. Il découvre une mystérieuse « Heure Sombre », une vingt-cinquième heure cachée entre deux journées. Durant cette période, le monde se fige et des créatures appelées Shadows apparaissent. Recruté par le groupe secret SEES, il apprend à invoquer sa Persona pour affronter ces entités. Ensemble, ils cherchent à comprendre l’origine de cette anomalie temporelle. Entre vie scolaire, amitiés et combats nocturnes, le joueur alterne habilement entre réalisme du quotidien et horreur surnaturelle.
L’histoire demeure l’un des piliers les plus puissants du jeu. Fidèle à l’œuvre originale, elle conserve toute sa profondeur émotionnelle et sa réflexion sur la mort, la solitude et le sens de la vie, tout en profitant d’une mise en scène modernisée et de dialogues entièrement doublés. Cette refonte narrative rend le récit plus fluide et immersif, tout en respectant le ton mélancolique du jeu d’origine. L’adaptation réussit à sublimer le matériel de base grâce à un rythme mieux maîtrisé et à des moments narratifs plus percutants. Le résultat est une expérience toujours aussi marquante, mais désormais plus accessible.
Les personnages secondaires profitent également d’un véritable approfondissement dans cette réédition. L’ajout de nouvelles scènes et d’interactions inédites permet de mieux cerner leurs motivations, leurs doutes et leur évolution face aux événements. Les liens entre les membres du SEES paraissent plus naturels, leurs échanges gagnent en authenticité et en chaleur grâce aux animations retravaillées et au doublage intégral. Certains moments du quotidien, parfois anecdotiques dans la version originale, deviennent ici des respirations narratives essentielles qui humanisent davantage le groupe. Cet enrichissement renforce la cohésion de l’équipe et donne à chaque membre un arc plus cohérent et touchant, faisant du SEES un ensemble plus vivant et attachant que jamais, un peu à la manière de Persona 5.

Une jouabilité revue qui permet un meilleur rythme
La jouabilité de Persona 3 Reload conserve l’essence du jeu original tout en la modernisant pour s’adapter aux standards actuels. Atlus a retravaillé de nombreux aspects du gameplay afin d’offrir une expérience plus fluide et intuitive. Les déplacements sont plus rapides, les menus mieux organisés et les interactions dans le lycée ou la ville plus naturelles. J’ai remarqué une nette amélioration dans la transition entre les phases de vie quotidienne et les séquences de combat. Ces ajustements de qualité de vie, inspirés de Persona 5, allègent les lourdeurs du jeu d’origine et rendent la progression plus agréable, même si une certaine répétition finit par s’installer dans la structure globale.
Le système de combat au tour par tour, déjà excellent à l’époque, profite ici d’une mise à jour bienvenue. L’interface a été repensée pour être plus claire et réactive, et les animations gagnent en dynamisme. Les attaques combinées, les compétences spéciales et le fameux système “One More” gagnent en impact visuel et en lisibilité. La possibilité d’ordonner directement les actions des alliés apporte un contrôle plus précis et stratégique des affrontements. Cependant, malgré cette modernisation, les combats peuvent devenir un peu redondants sur la durée, surtout lors de longues sessions dans le Tartarus où la variété d’ennemis et d’environnements reste limitée. Cela n’enlève rien à leur efficacité, mais la routine finit parfois par s’installer.
En dehors des combats, Persona 3 Reload mise toujours sur l’équilibre entre la vie étudiante et les excursions dans le Tartarus. Le joueur doit gérer son emploi du temps entre études, activités sociales et exploration nocturne, un aspect central de la série. La montée des liens sociaux, mieux mise en valeur, apporte des bonus tangibles en combat et renforce l’attachement aux personnages. L’ergonomie générale, la carte améliorée et la simplification de certaines mécaniques rendent l’ensemble plus accessible sans appauvrir la complexité stratégique. Le résultat est une expérience modernisée et engageante, où chaque décision du joueur influence réellement le cours de l’aventure.



Entre modernisation artistique et limites techniques
Sur le plan visuel, Persona 3 Reload bénéficie d’une refonte complète qui modernise avec brio l’esthétique du jeu original. Atlus a su préserver l’identité visuelle singulière de la série tout en l’actualisant avec des modèles 3D plus détaillés, des effets de lumière soignés et des environnements plus vivants. Les cinématiques et les transitions gagnent en fluidité, tandis que la direction artistique, fidèle à l’esprit bleu et mélancolique de l’œuvre, profite de textures plus nettes et d’animations revisitées. Les scènes sont d’ailleurs superbes et rappellent le style des plus récents opus de la série.
Sur Nintendo Switch 2, le jeu conserve cette superbe direction artistique, mais fait face à quelques compromis techniques. La résolution est limitée à 1080p en mode docké et le framerate verrouillé à 30 images par seconde, contrairement aux versions Xbox Series et PS5 qui tournent en 4K à 60 FPS. Ces limites se traduisent par une expérience visuelle légèrement moins fluide, surtout lors des transitions ou des combats les plus chargés. C’est difficile à comprendre vu que ça ne doit pas être un jour très lourd au niveau des ressources. C’est signe que le studio ne maîtrise pas encore l’optimisation et j’aurais voulu mieux.
Côté musique, Persona 3 Reload brille littéralement. La bande sonore réarrangée reprend les thèmes emblématiques de Shoji Meguro tout en y ajoutant une touche contemporaine grâce à la voix de la chanteuse Azumi Takahashi. Chaque morceau bénéficie d’un mixage plus riche, et la nouvelle instrumentation sublime autant les séquences d’action que les moments de calme. Des titres cultes comme “Mass Destruction” ou “When the Moon’s Reaching Out Stars” prennent ici une nouvelle dimension, plus dynamique et plus nuancée. C’est une réussite totale qui participe grandement à l’atmosphère unique du jeu et à l’immersion globale, peu importe la plateforme sur laquelle on y joue.


Une réédition incomplète
Persona 3 Reload brille par sa modernisation, mais il demeure incomplet sur certains aspects. Atlus a choisi de se concentrer exclusivement sur le scénario principal du jeu original, laissant de côté deux éléments majeurs très attendus par les fans : la protagoniste féminine de Persona 3 Portable et l’épilogue The Answer issu de Persona 3 FES. Leur absence se fait sentir, surtout pour ceux qui espéraient une version “définitive” rassemblant toutes les déclinaisons du titre. Certains contenus annexes, comme des interactions sociales supplémentaires ou des événements secondaires propres aux anciennes éditions, n’ont pas été intégrés non plus.
Le résultat reste solide et cohérent, mais il donne l’impression d’une réédition soignée plutôt qu’une version complète. Et sur ce portage Nintendo Switch 2, arrivé presque deux ans après la sortie originale, cette absence devient encore plus difficile à justifier, surtout alors qu’on aurait pu s’attendre à une édition enrichie ou bonifiée. Pour un remake aussi attendu, l’occasion de proposer une version vraiment complète semblait idéale, une occasion qu’Atlus n’a malheureusement pas saisie.

Verdict sur Persona 3 Reload sur Nintendo Switch 2
Pour conclure, Persona 3 Reload sur Nintendo Switch 2 demeure un excellent JRPG, mais un portage qui illustre bien les compromis techniques d’une mauvaise optimisation. Sa direction artistique soignée, sa bande sonore magistrale et sa narration toujours aussi percutante en font une expérience marquante, même plus de quinze ans après la sortie du jeu original. Cependant, la limitation à 1080p et 30 FPS, combinée à l’absence de contenu additionnel comme The Answer ou la protagoniste féminine, empêche cette version de se hisser au rang de réédition “ultime”. Malgré tout, Atlus signe ici une refonte réussie qui redonne vie à l’un des chapitres les plus importants de la série, tout en permettant à une nouvelle génération de découvrir un classique modernisé avec soin jouable à nouveau sur portable.

