Critique de L’Homme Rune écrit par Peter V. Brett

C’est un mystère que la série « Le Cycle des Démons », de Peter V. Brett, n’aie toujours pas été adaptée au grand-écran. Le premier tome, intitulé « L’Homme Rune », raconte les aventures d’Arlen Bales et les périples qui ont fait de lui le Délivreur, un être tattoué de symboles puissants et anciens. Ces dessins qu’il peint sur sa peau ont une force magique qui provient d’une tradition enfouie dans le passé.

Fiche Technique

Auteur : Peter V. Brett
Titre : L’Homme Rune
Tome # : 1
Série : Le Cycle des Démons
Année de publication : 2009
Genres : Fantastique / Épique / Horreur
Maison d’édition : HarperCollins et Del Rey, Milady (version française)
Langues: Français, Anglais, autres

 

Scénario

Une malédiction accable l’humanité dans ce monde où les genres épique et fantastique se mêlent légèrement à celui de l’horreur. Au couché du soleil, de maléfiques créatures prennent forme par une brume vespérale et une myriade de démons envahit alors châteaux et hameaux, attaquant tout humain à leur portée. Apart les sharums, ces guerriers du lointain désert de Krasia, personne  n’ose combattre ces terribles ennemis. Les citoyens plus conventionnels des terres vertes, ces contrées quasi-médiévales, doivent se réfugier derrière des murs protégés par des constellations de  symboles aux pouvoirs surnaturels.

Durant une de ces nuits d’épouvante qui ont peuplé sa jeunesse, Arlen a vu sa mère tomber sous les griffes de démons de bois et les souffles brûlants de démons de feu. Son père, impuissant, n’eut pas le courage de s’opposer au triste destin de sa femme. C’est après ce douloureux événement qu’Arlen refusera de vivre dans la peur et quittera son petit village avec l’ambition d’apprendre l’art de peindre les symboles occultes pour vaincre les démons. Il rêve même qu’un jour l’humanité se tienne unie au coeur de la nuit pour terrasser ce mauvais sort aux engeances assassines.

Le pèlerinage d’une légende

Avec l’aide d’un messager qui possède un cercle portatif de symboles, il arpentera la dangereuse route qui mène à la ville libre de Miln afin d’y étudier, sous la tutelle du maître Cob Warder, l’art ancien de ces caractères magiques. Puis, le héros découvrira son talent caché pour peintre les glyphes: sa détermination le poussera enseuite à traverser le désert de Krasia pour découvrir la culture de ces valeureux combattants. C’est à ce moment qu’il se liera d’amitié avec Ahmann Jardir, leur chef qui devra un jour, selon une prophécie, devenir le Délivreur du monde en le conquérant et en le soumettant à sa doctrine du « alagai sharak », la guerre nocturne et quotidienne contre les démons que ces hommes du désert chassent au sein d’un immense labyrinthe.

Arlen s’y lance aussi pour leur donner un coup de main et, lorsque les sharums constatent son courage, ils l’appelent alors « Par-chin », le valeureux étranger. Inevera, la femme de Jardir, est la grande prêtresse de Krasia. Elle décide, suite à la nuit de succès d’Arlen, de lancer ses dés en os de démons pour connaître son destin. Elle fait alors une curieuse découverte: lui aussi pourrait un jour devenir le Délivreur. Suite à une quête du Par-chin, jugée interdite par sa culture d’accueil, il se brouillera avec Jardir et les Krasiens. À vous de découvrir les évènements qui mèneront à la naissance de « L’Homme Rune »!

Runes et démons

Mêlant héroïsme et anti-héroïsme, cette série fantastique est une lecture accessible et originale. C’est la première fois en littérature où des symboles magiques, griffonés ou tattoués sur le corps, recèlent divers pouvoirs. Il y a des glyphes ayant une force d’impact, d’autres pour acquérir une attaque d’élément comme le feu ou l’électricité, certains vous offrent une protection contre l’emprise mentale ou vous permettent de détecter la magie. Ces symboles peuvent aussi donner leur propriétés à des armes, des armures et à l’architecture des villes. Les démons ont aussi une diversité assez étonnante; ils semblent prendre l’aspect ou les caractéristiques de l’environnement où ils sont conjurés. Il y a des démons de bois, de feu, d’autres en roche ayant une défense incroyable et certains, ailés, qui règnent dans le ciel étoilé. À mesure que la série avance, les personnages en affronteront de nouveaux.

 

Personnages

Outre Arlen, Jardir et Inevera, une foule de personnages attachants attendent le lecteur: il y a Abban, le conseiller de Jardir qui est doué pour l’économie, l’intrigue et la statrégie, Rojer, un allié d’Arlen dont la musique a une emprise massive sur les démons, Gared Cutter, un géant qui manie hache et couteau lors des combat et Leesha Paper, une beauté dont l’art alchimique peut autant soigner que créer de puissants sortilèges. Les cueilleurs d’herbes, cette rare profession dont Leesha fait partie, utilisent toute une gamme de plantes et d’ingrédients surprenants qui servent à la création de potions magiques. La variété botanique est digne des jeux vidéos  »Elder Scrolls ». Par contre, quelques effets n’ont rien à voir avec le RPG populaire: même une tasse de thé peut être contraceptive dans la série « Le Cycle des Démons »! Il y a d’autres personnages, comme Hasik et les familles nobles des Forts, qui sont plus secondaires même si leur influence demeure importante.

 

Conclusion

Je vous conseille vivement cette série qui est traduite en français et dont le cinquième et dernier tome vient de paraître aux États-Unis (traduction imminente d’ici un an). Les combats périlleux ont une dynamique sans précédent avec le système des symboles magiques. De plus, le contraste culturel entre Krasia et les terres vertes est bien développé: nous avons l’impression que ce sont deux mondes distincts: l’attitude et les pratiques de leurs peuples respectifs étant aux antipodes. En lisant cette oeuvre, nous avons vraiment le sentiment que les vagues de démons qui déferlent sur l’humanité à chaque nuit forcent les personnages à se blottir dans les villages, à se protéger les uns les autres et à résister malgré tout. Avant l’apparition de l’homme rune, les terres vertes n’avaient pas l’espoir de renverser cette malédiction. Par contre, Arlen reste un héros mitigé: bien que ce premier tome introduise une classique quête de pouvoir, l’homme rune est parfois antisocial et certaines de ses moeurs sont jugées immorales, même s’il se soucie des autres. Ainsi, ce personnage repousse sans cesse la frontière entre l’humain et le démon, de sorte que la majorité du peuple le considère comme une horrible créature en dépit de ses ambitions salvatrices. Seuls quelques amis proches connaissent Arlen Bales; le reste du monde le nomme « L’Homme Rune ».

Critique de L’Homme Rune écrit par Peter V. Brett
"Il est facile de s'attacher aux personnages de cette série, qui fait preuve d'originalité à plusieurs niveaux. C'est notamment avec un nouveau système de magie que l'auteur arrive à renouveler le dynamisme des combats et le bras de fer entre le bien et le mal. Les démons aussi peuvent tirer avantage des symboles anciens qui octroient un pouvoir destructeur: qu'ils soient dessinés sur le corps des héros, gravés sur des armes ou sculptés à même les bâtiments de la ville, ces glyphes miraculeux sont le dernier rempart entre l'humanité et les terreurs de la nuit. De plus, c'est du côté du mélange des genres qu'il faut chercher ce que cette oeuvre a d'unique: mêlant le fantastique à l'horreur et à l'épique, cette série dystopique pourrait un jour avoir sa chance au grand écran."
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