Test de Biomorph: lettre d’amour aux classiques

Ah, la belle époque de la Super Nintendo, où les jeux vidéo étaient remplis de charme pixelisé et d’innovations créatives. Les titres de cette ère dorée ont marqué une génération de joueurs avec leurs mécaniques ingénieuses et leurs univers captivants. On peut d’ailleurs le voir dans plusieurs titres indépendants des 10 dernières années. C’est dans cet esprit nostalgique que Lucid Dreams, l’un des membres du Indie Asylum, a conçu Biomorph, un hommage évident aux classiques de la SNES, tout en apportant une touche moderne et animée. Mais Biomorph réussit-il à capturer la magie de ses prédécesseurs tout en proposant une expérience fraîche et excitante ?

Fiche Technique de Biomorph

  • Date de sortie : 5 avril 2024
  • Style : Metroidvanias, Aventure, Action
  • Classement ESRB / PEGI Indisponible
  • Développeur : Lucid Dreams Studio
  • Éditeur :  Lucid Dreams Studio
  • Langue d’exploitation :  Textes en français
  • Disponible sur PC, Switch, PS5 et XBOX Series X/S
  • Testé sur PC
  • Prix lors du test : 25,99$ CA / 19,50€ 
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Allez droit au but

Biomorph démarre in media res, plongeant immédiatement les joueurs dans l’action. En contrôle d’Harlo, un (autre) protagoniste amnésique, alors qu’on doit s’évader de ce qui s’apparente être une prison extraterrestre. Sans que l’on sache pourquoi. On profite d’ailleurs de l’occasion pour nous présenter l’objet de notre quête, un collègue similaire en apparence à notre avatar figer dans le temps. Sans que l’on sache de qui il s’agit.

Si le premier niveau accumule les clichés (alarme, lumière rouge, faux sentiment d’urgence, etc.), il demeure efficace dans sa présentation des informations importantes et dans son introduction aux mécaniques principales. Seulement, pas exceptionnel.

Suite à son évasion réussie, accompagné d’Eny et de Zeki – littéralement ses bras droit et gauche – Harlo devra, inévitablement, découvrir qui il est et son rôle dans ce monde ravagé et glauque, peuplé par de gentils animaux anthropomorphiques monstrueux en constant besoin d’assistance. Difficile de savoir de quoi il s’agit vraiment tant les caractéristiques sont nombreuses et diverses. Cela dit, tant les animations que l’esthétique ne sont pas sans rappeler, à certains égards, l’apogée flash de Newgrounds du début du millénaire avec un style empruntant à qui mieux mieux, un peu de tout.

Crédit Image: Lucid Dreams Studio

Un univers ravagé, mais vivant

Biomorph utilise une métaphore à peine voilée pour véhiculer un message environnementaliste, illustrant le résultat de l’avarice. En effet, l’exploitation d’une substance bioénergétique – le ferrox – est la cause de la montée, mais également de la chute, de la société fictive mise en scène. Biomorph, en d’autres mots, est post-apocalyptique, avec une pointe de dessin animé du samedi matin. Humour douteux inclus.

Malgré tous ces efforts, la trame narrative n’est pas particulièrement surprenante ou enlevante. Les personnages ont certes, pour la plupart, une voix propre, par contre rares sont ceux qui arrivent à laisser une marque indélébile. Heureusement, les environnements sont diversifiés et c’est l’une des forces du jeu. Le worldbuilding est au rendez-vous, même s’il laisse une impression de déjà vu. C’est sympathique et ça permet de nous donner un contexte à nos actions, mais sans plus.

Biomorph
Crédit Image: Lucid Dreams Studio

Innovation par combination

Lucid Dream affiche fièrement ses influences. À mi-chemin entre Kirby et Hollow Knight, on alterne entre séquence de platforming serrée et combats punitifs. Si ce n’est pas les deux en même temps. Sans surprise, plus on progresse dans notre aventure plus les habiletés de mouvements se font nombreuses. Ainsi, les lieux et raccourcis de prime abord inaccessibles s’ouvrent à nous. Les codes metroidvanias sont, pour dire, respectés.

Là où Biomorph se distingue, c’est en nous offrant la possibilité de se transformer en nos ennemis récemment défaits. Chacun possède ses caractéristiques propres. Que ce soit ses attaques, sa vitesse de déplacement ou encore les actions possibles, prendre possession du cadavre d’un nouvel ennemi vient avec son lot d’apprentissage et de surprises. Lorsqu’un certain nombre de transformations en un ennemi donné est exécuté, on débloque l’habileté de se métamorphoser en ce dernier à volonté (à condition que le monstre soit sélectionné dans le lot de 3 espaces disponibles).

Crédit Image: Lucid Dreams Studio

Si la mécanique est intéressante lors des premiers instants en encourageant les escarmouches avec la grande variété d’ennemis, elle devient rapidement lassante. Aucune créature n’est aussi agréable à manipuler qu’Harlo.

Les puzzles environnementaux nécessitant qu’une habileté particulière soit à notre disposition sont plaisants lorsqu’un ennemi est présent dans la salle, mais frustrants lorsqu’on doit retourner à un point de sauvegarde pour équiper la bonne monstruosité. Surtout lorsqu’on doit se rappeler correctement qui fait quoi et comment l’utiliser après qu’un intervalle relativement long se soit écoulé.

Crédit Image: Lucid Dreams Studio

Les petites erreurs de fin de parcours

Biomorph réussit de nombreux bons coups quant à l’utilisation d’une carte abstraite et des options de qualité de vie permettant aux grands explorateurs de s’y retrouver et prendre des notes pour le futur. Par contre, plusieurs options brillent par leurs absences. Par exemple, malgré la présence d’une seule ville majeure, il n’existe pas d’option rapide pour retourner à cette dernière à l’aide d’un seul bouton. On doit la sélectionner à chaque fois. Même chose pour retourner au dernier point de sauvegarde avant notre visite impromptue en ville, le seul endroit où l’ont peut acheter des améliorations.

Les séquences d’exploration sont généralement bien réussies, malgré plusieurs sauts ambigus ou des plateformes invisibles à l’écran au moment de s’exécuter. Biomorph est bourré de secrets à découvrir et l’arsenal de mouvements disponibles supporte bien l’expérience. Définitivement une autre des forces du jeu. Cela dit, certaines animations manque de polissage et ne réussissent pas vendre la fantaisie des mouvements fluides et acrobatiques, ou encore la puissance et la vitesse de notre personnage.  

Les challenges sont bien balancés et les mouvements de combats divergents assez les uns des autres, tout en étant viables pour qu’on ait envie d’expérimenter avec. Par contre, il n’y a pas de réel incitatif à le faire. Rapidement, on développe une préférence et les modificateurs accumulés au cours de l’aventure procurent des améliorations statistiques plutôt que des transformations réellement intéressantes comme le fait, par exemple, Hollow Knight avec ses charmes.

Biomorph
Crédit Image: Lucid Dreams Studio

Verdict de Biomorph

Si le jeu manque à plusieurs reprises de polissage, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un vaillant effort et un premier opus digne de mention. Il n’y a aucun doute que les membres de Lucid Dream ont grandi sur les classiques de la Super Nintendo et que leur amour pour le médium est senti. Biomorph est un amalgame d’influences, vieilles et récentes, qui n’arrive pas toujours à laisser transparaître sa propre identité, mais qui demeure un détour intéressant pour les férus de metroidvanias.

Test de Biomorph: lettre d’amour aux classiques
La variété des environnements
Des contrôles réactifs
Les combats contres les bosses
Les nombreuses fonctionnalités et le feedback de la carte
Un manque de polissage généralisé
Les faux-appels et les sauts à l'aveugle
Peu d'incitatifs à expérimenter avec les habiletés
L'absence de combinaisons systémique significatives
Le dégât de contact et les collisions impardonnables
7.5
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