Critique de la Saison 2 d’Agent Carter : coup de froid sur la Cité des Anges

Vous vous souvenez de Peggy Carter ? Cette agent du SSR, love interest de Steve Rogers dans Captain America: The First Avenger, et incarnée par Hayley Atwell ? Elle avait eu droit à sa propre série l’année dernière, intitulée Marvel’s Agent Carter. Après une saison intéressante mais avec des chiffres assez décevants, ABC avait décidé de la renouveler pour une seconde.

Après la froideur et la sobriété de la côte Est, Peggy débarque cette fois sur la côte Ouest, à Los Angeles, pour de nouvelles aventures avec le majordome de Howard Stark, Edwin Jarvis, dans la Cité des Anges.

Ce changement de décor nuit-il à l’ambiance globale de la série ? Le scénario, qui semblait pourtant arriver à son terme à la fin de la saison 1, réussit-il à se renouveler ? Voici notre avis sur cette seconde saison !

Agent Carter - Los Angeles - Marvel

Le charme indéniable de la Cité des Anges

On ne va pas se mentir, si le New York des années 40-50 a un certain charme, il n’est rien en comparaison du Los Angeles de l’époque. Si j’ai aimé l’ambiance un peu sombre et grisâtre de la première saison d’Agent Carter, j’étais trop heureux d’apprendre le changement de décor et le déménagement de Peggy Carter dans la Cité des Anges. Cette seconde saison baigne ainsi dans le soleil de la Côte Ouest et transpire le glamour et le glauque du Hollywood d’après-guerre.

Ce changement d’ambiance apporte un réel plus par rapport à la sobriété de la première saison et la direction artistique (costumes, voitures, etc) toujours plaisante l’accompagne avec brio. Tout comme le décor, le ton de la saison se veut parfois plus grave que pour la précédente parfois plus légère et cela aide à réellement installer une tension plus prégnante tout au long de la saison.

Agent Carter - Peggy Carter - Marvel

Une saison globalement plus équilibrée et mieux construite

Alors que la première saison de la série mettait un peu de temps à monter en puissance, le rythme de cette seconde saison est beaucoup mieux maîtrisé. Chaque épisode apporte sa pierre à l’édifice et renforce aussi bien les personnages que les différents enjeux.

le rythme de cette seconde saison est beaucoup mieux maîtrisé

Le meilleur exemple reste celui de Whitney Frost, la véritable ennemie de Peggy Carter, qui commence la saison en tant qu’actrice célèbre avant de devenir progressivement la matriarche d’une vaste organisation criminelle. Son évolution, loin d’être brutale comme on aurait pu le craindre, est plutôt bien amenée et renforce considérablement toute la saison. La prestation de Wynn Everett, même si elle n’est pas parfaite et sombre parfois dans le “too much”, reste solide  dans l’ensemble et est une des raisons pour lesquelles ce personnage est un des meilleurs de cette saison.

Un traitement inégal des personnages

Alors qu’elle commence assez bien, on s’aperçoit malheureusement assez rapidement que cette seconde saison reste inégale et déçoit sur plusieurs aspects.

Prenons d’abord les personnages et leur traitement. Certains sont toujours très plaisants à suivre. Dottie Underwood (Bridget Regan), qui est de retour dans cette saison, est charismatique à souhait en espionne charmeuse mais extrêmement dangereuse. Ana Jarvis, la fameuse femme d’Edwin Jarvis dont on entend parler dans la saison 1 mais qui n’apparaissait jamais, est enfin présente. La prestation de Lotte Verbeek est bonne et on s’attache vraiment à ce personnage léger mais néanmoins important.

Hayley Atwell fait elle aussi le job dans son rôle de Peggy Carter, mais on regrettera que le personnage n’ait pas droit à la même évolution et à la même profondeur que dans la première saison où elle devait faire le deuil de la mort de Cap. Cette fois, le personnage souffre d’un certain classicisme : Peggy est là pour résoudre une enquête et n’a pas vraiment d’enjeu personnel dans l’affaire. Son histoire reste plaisante mais ne va jamais au delà. Le sentiment que les scénaristes ont eu du mal à renouveler les enjeux de leur héroïne se fait rapidement sentir. 

CETTE SAISON BAIGNE DANS LE SOLEIL DE LA CÔTE OUEST ET TRANSPIRE À LA FOIS LE GLAMOUR ET LE GLAUQUE DU HOLLYWOOD D’APRÈS-GUERRE.

D’autres personnages sont moins bien traités. Edwin Jarvis (James D’Arcy) par exemple, même s’il perd à un moment son flegme légendaire devenant ainsi plus humain, ne devient plus qu’un side kick bien trop classique. Le personnage de sa femme aide à renouveler un peu le majordome, surtout vers la fin de la saison, mais on ne peut s’empêcher, comme pour Peggy Carter, de penser que les scénaristes semblent à court d’idées.

Daniel Sousa (Enver Gjokaj) et Jason Wilkes (Reggie Austin) forment eux, avec Peggy, le genre de triangle amoureux qu’on a de plus en plus de mal à supporter dans les séries récentes. Prenons d’abord Sousa, le love interest de la première saison. Pour une raison qu’on ignore totalement, les scénaristes ont décidé que le personnage a paniqué et n’a pas osé se lancer dans une relation avec Peggy après la fin de la saison 1. Il a alors demandé sa mutation à Los Angeles ou il est devenu chef du bureau local du SSR et s’est fiancé avec une charmante infirmière. Pourquoi ? On ne le saura pas. Sousa est la preuve la plus flagrante que les scénaristes de la série ont commencé à fonctionner en roue libre, alors même que tout réunissait Peggy et Sousa à la fin de la première saison. Ça n’a aucun sens.

Jason Wilkes, personnage important de cette seconde saison, va lui aussi jouer les love interest et aurait pu être un bon personnage, mais il souffre d’une interprétation très aléatoire de Reggie Austin qui fait qu’on ne s’y attache jamais vraiment.

Pour finir, parlons de Jack Thompson (Chad Michael Murray), le personnage insupportable. Dévoré par l’ambition et particulièrement horripilant dans la première saison, il réussit à être encore plus stupide à Los Angeles. On pourrait croire qu’après la première saison, le personnage aurait appris, gagné en maturité, mais non. C’est le personnage fade par excellence.

Une fin très décevante pour cette saison 2 d’Agent Carter

Une bonne saison, c’est avant tout un bon season finale. Si le développement de cette saison 2 d’Agent Carter est sensiblement meilleur que pour la première, le constat est sans appel après avoir vu son dernier épisode : la fin est mauvaise.

le constat est sans appel après avoir vu le dernier épisode : la fin est mauvaise.

Toute la tension, tous les enjeux construits jusqu’ici, s’effondrent comme un soufflet à cause d’une fin paresseuse, voir ridicule par certains aspects. La grande confrontation finale entre l’équipe du SSR et une Whitney Frost très puissante fait littéralement pschiiit et se termine en 30 secondes à cause de facilités scénaristiques énormes assez incompréhensibles. A elle seule, la façon dont Whitney est vaincue retire une grande partie du charisme du personnage et donc d’une des meilleures raisons de regarder la saison.

Même les questions autour de la “zero matter”, qui prend une place importante pendant toute la saison (qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ces pouvoirs ? D’où vient-elle ?) sont balayées et remises à plus tard sans réponse satisfaisante. Même si on sait qu’il s’agit d’une introduction au futur film Doctor Strange, on ne peut que rester sur sa faim.

Et que dire du cliffhanger final qui sort de nul part et qui n’aura, aux vues des scores de la série, probablement aucun dénouement ? Il symbolise à lui seul un manque de finition scénaristique de plus en plus visible au fur et à mesure qu’on progresse dans la saison et ne laisse pas présager le meilleur pour la suite… s’il y en a une.

Conclusion

Cette seconde saison se révèle finalement être une déception, malgré une bon départ. Si le rythme est globalement mieux géré, la fin catastrophique laisse un goût particulièrement amer. Certains personnages, malheureusement secondaires, comme Dottie, ou Ana Jarvis apportent un vrai vent de fraîcheur sur la saison mais ils sont contrebalancés par une Peggy Carter moins complexe, un Jarvis passable et d’autres personnages assez fades. Whitney Frost en méchante n’est pas parfaite mais demeure une des forces de la saison. Après le final, seul reste la déception d’une saison qui aurait pu être bien meilleure que la première mais qui s’effondre sur elle-même dans les derniers épisodes. Compte tenu des scores de la série, il est désormais peu probable que nous ayons droit à la suite des aventures de Peggy Carter…

Critique de la Saison 2 d’Agent Carter : coup de froid sur la Cité des Anges
"Un jeu d’acteur inégal, une écriture de certains personnages fade et un final très décevant handicapent lourdement une saison pourtant mieux rythmée, et ayant une histoire suffisamment intéressante pour qu’on veuille connaître la suite. La déception et l’amertume sont malheureusement les deux sentiments qui persistent après le dernier épisode."
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Benjamin Gautier
Communicant parisien élevé aux Sciences Politiques, je suis avant tout un passionné de jeux vidéo, mais également  un dévoreur de films, de séries, de littérature Science-Fiction, et de culture web. Accessoirement, je suis aussi un transhumaniste à tendance sociopathe, amoureux d'aliens bleues et de sorcières rousses, et fasciné par la simple idée de voir un jour l'humanité coloniser l'espace...