Test de Grand Theft Auto V (GTA V) : Edition Next Gen sur Playstation 4

Je suis un joueur compliqué, nos lecteurs le savent bien. Grand amateur de cinéma, j’aime avant tout les jeux bien écrits, bien joués, et bien réalisés. Pour autant, il m’arrive aussi d’apprécier un bon gameplay malgré une histoire ras-les-pâquerettes, Call of Duty Advanced Warfare en témoigne. Trop rarement j’ai su trouver de bons graphismes avec le bon gameplay et le bon scénario dans le même jeu. Trop rarement ne veut pas dire « jamais ». S’il y a bien un studio qui sait associer quasi parfaitement ces éléments, c’est bien Rockstar. Leurs jeux regroupent tout ce que j’aime dans le jeu vidéo : une écriture cynique, de la satire, une sensation de liberté enivrante et un sens du détail tel, qu’il relève de l’obsession.

Pendant longtemps, GTA San Andreas a été mon GTA préféré. Les 3 villes et la campagne permettaient de rompre avec la monotonie de Liberty City que j’ai un peu moins appréciée dans GTA IV malgré une écriture extraordinaire. Ajoutez à cela le fait qu’entre temps, j’ai pu passer 3 mois aux États-Unis, en Californie, Etat dont je suis profondément tombé amoureux et vous comprendrez que j’attendais GTA V en me cognant la tête contre les murs à chaque bande-annonce.

Geeks and Com n’ayant pas publié de test de la version Old Gen, je ne ferai pas que traiter cette version Next Gen comme une simple mise à jour, je vais aussi vous parler du jeu d’origine, de ses qualités et de ses défauts. Dès sa sortie en septembre 2013 sur PS3 et Xbox 360, GTA V nous a tous mis une grosse claque graphique, et qui ne s’est pas fait la réflexion « Bon sang mais quelle gueule ça aurait sur PS4 et Xbox One ! ». Cette version Next Gen, c’est un fantasme, un jeu beau, encore plus beau. C’est l’histoire d’un portage comme on en fait plus, et comme on aimerait en voir plus souvent.

GTA V capture (et parodie) à merveille l'esprit Californien
<noscript><img decoding=async class=size medium wp image 21095 src=httpswwwgeeksandcomcomwp contentuploads201412GTA V California spirit 840x472jpg alt=GTA V capture et parodie à merveille lesprit Californien width=840 height=472 ><noscript><a> GTA V capture et parodie à merveille lesprit Californien

 Fiche technique

Plus qu’un jeu, Rockstar a créé une ville

Si on ne devait retenir qu’une chose de GTA V (et de sa version Next Gen), c’est bien Los Santos, et plus globalement la région de San Andreas. Plus encore que les personnages, la qualité de l’écriture ou la liberté d’action impressionnante, c’est vraiment la modélisation de la ville et la retranscription de l’esprit Californien qui m’a bluffé. Les autoroutes surchargées, le soleil de plomb, les trottoirs défoncés, les collines de Vinewood, le Mont Chiliad, les passants : Tout dans cet univers transpire un soucis du détail maladif a tel point que GTA devient un jeu où on se balade. San Andreas va bien plus loin que le simple bac à sable qu’on a pu connaitre dans d’autres jeux, un terrain qui ne vivrait que par notre présence et nos actions : C’est une Californie crédible, certes déformée par la satire, mais vivante où le joueur n’est qu’une personne de passage dans ce gigantesque hub social.

Une version Next Gen qui améliore encore un jeu à la base déjà superbe

Graphiquement, le jeu chatouillait déjà la routine sur l’ancienne génération de console, que ce soit grâce à la foultitude de détails présents à l’écran, à des animations bien foutues où une direction artistique superbe. Tout ceci avec un seul et unique temps de chargement, celui qui lance le jeu, une prouesse dont peu d’openworld peuvent se vanter. Autant vous dire que les améliorations de cette version Next Gen subliment encore plus une base déjà quasiment parfaite en 2013.

La plus grosse amélioration, largement mise en avant dans les divers comparatifs Old Gen/Next Gen, nous vient des packs de textures. Ces dernières sont simplement superbes: J’ai passé de longues minutes à admirer des peintures qui s’effritaient, des routes au béton défoncé, des tapisseries qui se décollent ou des moquettes abîmées. Même de près (merci le mode FPS), ces textures sont irréprochables.

L’autre amélioration sensible que j’ai pu noter concerne la gestion des lumières. Déjà en 2013, j’adorais me balader dans Los Santos de nuit pour admirer les lumières de la ville. Mon point de vue préféré reste la vue depuis l’océan en face de Venucci Beach. Cette fois encore, cette version Next Gen impressionne visuellement avec un contraste plus marqué et des lumières plus vives. Et là je ne vous parle pas de la partie forestière, beaucoup plus vivante et touffue, ni même des fonds marins, impressionnants de détails.

Il faut néanmoins parler des sujets qui fâchent parce que cette beauté à un prix. En effet, j’ai noté quelques chutes de framerate (rares tout de même) dans les phases les plus chargées, et le popping de certains éléments de jeu est indéniable. J’ai de plus été confronté à un gros bug de jeu puisqu’à certains moments, toutes les textures pouvaient sauter et les passants du ponton de Venucci Beach marchaient dans le vide… Je suis visiblement une espèce rare qui fait buguer tous les jeux qu’il touche, mais il faut aussi noter que le bug a cessé après une réinstallation du jeu. Au delà de ces petits soucis minimes, nous restons face à un jeu qui a été peaufiné à l’extrême et qui comporte un nombre de bug très faible, surtout comparé à d’autres open worlds plus récents (impliquant des assassins dans une ville française très connue).

On a donc droit à un jeu qui aujourd’hui encore supplante nombre de concurrents et qui, bien qu’issu de la génération précédente (ou il impressionnait déjà visuellement), a bénéficié d’un véritable lifting. Bref, en un mot comme en cent, GTA V sur Next Gen est beau.

L’expérience open world ultime

Beaucoup de studios et de développeurs ont essayé de copier ce que Rockstar avait fait avec les précédents GTA, et à mes yeux seul les Elders Scrolls réussissent à créer une expérience aussi marquante et cohérente. San Andreas n’est pas seulement une belle distorsion de la réalité Californienne, c’est aussi le bac à sable ultime.

Les quêtes secondaires, allant du saut en parachute, au métier de paparazzi en passant par la chasse, la plongée, le trafic de voitures, et j’en passe! Les missions du mode histoire ne sont au final que secondaires tant GTA V regorge d’activités. Ajoutez à cela le fait que le jeu est suffisamment beau et bien fait pour que vous ayez juste envie de faire des balades dans les collines ou en bord de mer pour regarder un coucher de soleil, et vous comprendrez peut-être ce que je veux dire quand je vous dis que GTA V est une véritable expérience vidéo ludique comme on en voit trop rarement.

Cette version Next-Gen renforce encore plus cette immersion via le mode de vue à la première personne qu’elle apporte par rapport à l’ancienne version. J’étais un des premiers à penser que ce mode serait anecdotique, superflu, voir raté. Ce n’est qu’en commençant à jouer ainsi que j’ai compris à quel point j’étais dans l’erreur. Loin d’être anecdotique, il change tout et je ne peux plus m’en passer. Cette fois, vous ne voyez plus votre héros, vous êtes ce héros, un peu comme dans Skyrim. Vous voyez donc tout de plus près et pouvez admirer le superbe travail de Rockstar sur les textures, l’eau, l’ambiance. C’est d’ailleurs un mode qui met superbement en lumière le soucis maladif du détail de Rockstar. Prenons un exemple : On incarne Michael, ce dernier à des lunettes de soleil, nous sommes sur le plage de Los Santos. Tout ce qu’on voit est légèrement bleuté… comme quand on met des lunettes de soleil. Une teinte qui disparaîtra par la suite, Michael ayant perdu ses lunettes suite à une bagarre. Autre exemple, nous montons sur une moto, Franklin met son casque en plus : Notre champ de vision se réduit, devient plus sombre et les sons sont étouffés. Et que dire des chutes et autres accidents ? Si votre héros tombe d’un immeuble, saute d’un avion, ou passe à travers son pare brise suite à un accident, autant vous dire que vous ne comprendrez plus ce qui se passe puisque le champ de vision part dans tous les sens. Ce sont de petits détails mais qui impressionnent par leur réalisme et qui renforcent considérablement l’immersion du joueur.

La jouabilité évolue également avec ce mode de vue : Les fusillades sont plus intéressantes (enlevez la visée assistée pour plus de réalisme), et les phases de conduites, bien que plus délicates à jouer, offrent de meilleurs sensations.

Pour conclure sur ce point, disons que cette version Next Gen reprend tout ce que faisait l’ancienne mais y ajoute la vision à la première personne, qui renforce considérablement l’immersion.

Une histoire plus simple, servie par des dialogues et des personnages géniaux

Les GTA ne sont pas que de parfaits bac à sables, ce sont aussi de puissantes satyres du monde dans lequel nous vivons, avec tous ses excès, ses incohérences et ses folies. Alors que les anciens GTA étaient réputés pour leur côté burlesque, GTA IV avait pris pas mal de monde de court avec son histoire de violence sociale, plus sombre et plus sérieuse que d’habitude. Un ton qui n’a pas plu à tout le monde, il est vrai, mais s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher aux GTA, c’est bien la qualité de leur écriture, de leurs dialogues mais aussi des doubleurs qui vont avec. Un peu dans le style d’un Ballad of Gay Tony, Rockstar cherche à retrouver avec GTA V un ton plus léger, plus drôle mais non moins acide.

On incarne donc ici 3 héros très différents : Michael, braqueur à la retraite et père de famille en situation d’échec; Franklin, jeune loup qui cherche à échapper à son milieu de petite frappe en voyant grand; Trévor… juste un psychopathe. Les liens entre ces personnages, leurs discussions, leurs disputes sont de véritables petites merveilles d’écritures. Chaque mission finit par devenir un sketch sur un sujet de société, que ce soit la télé réalité (Fame or Shame !), la drogue, le sport, la politique, etc. Le tout servi par une myriade de personnages secondaires tous plus dingues les uns que les autres.

Les moments les plus intéressants, qui segmentent d’ailleurs le mode histoire, ce sont les braquages. Ces derniers, que vous allez mettre au point au cours de plusieurs missions, sont de véritables hommages aux films de gangsters américains et sont en plus très fun à jouer puisque vous aurez généralement le choix sur la conduite des opérations (attaque bourrine ou plus discrète).

Les 3 héros, Trevor, Franklin et Michael, apportent des dialogues géniaux, mais une histoire globale un peu en retrait
<noscript><img decoding=async class=size medium wp image 21111 src=httpswwwgeeksandcomcomwp contentuploads201412GTA 5 Comparatif 840x525jpg alt=Les 3 héros Trevor Franklin et Michael apportent des dialogues géniaux mais une histoire globale un peu en retrait width=840 height=525 ><noscript><a> Les 3 héros Trevor Franklin et Michael apportent des dialogues géniaux mais une histoire globale un peu en retrait

Seulement voilà, une fois l’aventure terminée et malgré toutes ses qualités, on ne peut s’empêcher de se dire que la satire sociale est moins fine, moins bien trouvée, et que l’ensemble n’est au final pas aussi grandiose qu’un GTA IV qui savait vous prendre aux tripes. Certes, j’ai adoré suivre les aventures de Michael, Franklin et Trevor, mais pourtant jamais je n’ai été passionné par l’histoire qui m’était raconté. Et c’est bien là le principal reproche que je ferais à GTA V : l’histoire est bien moins marquante. Nous sommes face à une multitude de très bons sketchs mais qui bout à bout ne forment pas un très bon film.

Et en plus de ça, j’ai remarqué une fausse note qui a forcément détoné avec la qualité de l’ensemble: la scène de torture. Je ne vais pas vous faire la morale sur “la violence, c’est pas bien” après avoir tué, écrasé et roué de coups environ 450 personnes au cours de mes parties, ce serait légèrement indécent. Non ici ce qui me gène plus, c’est à quel point cette scène n’apporte rien à l’histoire. On est même pas dans la critique pure de la torture, juste dans l’acte de péter les genoux de quelqu’un sans aucune liberté de refuser ou non de le faire. Montrer la torture n’est pas gênant, c’est la montrer sans explication, sans logique de questionnement qui l’est. Le problème n’est ainsi pas la présence de cette scène mais son traitement qui en fait un acte quasi banal que Trevor exécute sans se poser la moindre question. Bref, c’est à mon sens le seul gros raté scénaristique.

GTA Online : un mode en ligne très (trop ?) ambitieux

Cette version Next Gen rajoute bien sûr GTA Online, le fameux mode multijoueur en ligne sorti 15 jours après GTA V en 2013. L’idée est clairement ambitieuse : Recréer l’expérience archi-complète du mode solo… mais à plusieurs (maintenant 30 joueurs par sessions). On créé donc son personnage avant de le lâcher dans Los Santos où on pourra lancer à certains endroits, des courses avec d’autres joueurs, des deathmatchs, ou alors vivre sa vie de gangster en braquant l’épicerie du coin, en achetant son appartement grand luxe et en se baladant dans San Andreas. Au fur et à mesure, le joeur gagne des niveaux, plus d’argent, achète plus d’armes, de plus grands appartements, etc etc.

Sur le papier, le potentiel a de quoi faire tourner la tête, mais manette en main c’est une autre paire de manches. Oui l’expérience du solo se retrouve dans le multi, via quelques missions scriptées et la tonne de missions annexes à jouer à plusieurs, mais malheureusement, plein de petits écueils de gameplay viennent se mettre en travers de notre route.

GTA Online

Tout d’abord, j’ai souvent été expulsé des serveurs à cause de leur instabilité, et le seul moyen de jouer plus de 10 min sans interruptions est de débarquer dans une session sans personne, ce qui devient carrément moins drôle. Rappelons que le mode online était injouable à sa sortie (j’ai abandonné au bout de 10 jours de tentatives de connexion) à cause des mêmes problèmes. Il est tout de même assez extraordinaire de voir que le problème est toujours présent 1 an plus tard !

Il y a aussi ces temps de chargements parfois rébarbatifs pour faire une course ou lancer une arène. J’accepte un gros temps de chargement au début du jeu comme dans le mode solo qui se justifie par l’absence de chargements par la suite. Là on a tendance à enchaîner les phases de match-making qui font qu’on passe souvent plus de temps à chercher des joueurs qu’à vraiment jouer.

Bref vous l’aurez compris, ce n’est pas mon truc. Le mode online est très ambitieux, et peut être trop ambitieux et si je ne doute pas que Rockstar saura perfectionner la formule, j’avoue avoir été lassé par ses erreurs de jeunesse.

GTA V - Cover - 2

Conclusion

Bon, on ne va pas tourner autour du pot 107 ans, vous l’avez compris, j’ai adoré GTA V Next Gen, comme j’ai adoré GTA V à sa sortie en 2013. Le jeu était alors d’une profondeur narrative, ludique et visuelle au point de servir de leçon aux autres studios. En 2014, sur PS4 ou Xbox One, ça n’a pas changé, et ça s’est même renforcé grâce à des graphismes et des textures affinés, à une lumière encore plus maîtrisée et surtout grâce à une vue à la première personne qui renforce considérablement l’immersion.

Soyons clair, si vous n’aimez pas les GTA, celui-ci ne vous convaincra pas. Par contre, rien que pour cette vision FPS, je le conseillerais aux amoureux qui, comme moi, l’ont déjà exploré dans tous les sens. Et alors si vous n’y avez jamais joué, jetez-vous dessus. Vous tenez là ce qui est probablement un des jeux les plus complets et aboutis à ce jour, probablement un des meilleurs jeux sur Next Gen, tout simplement.

Prix lors du test : 47,76€ (Amazon France) pour PS447,76€ (Amazon France) pour Xbox One / 69,95$ (Amazon Canada) pour PS469,99€ (Amazon Canada) pour Xbox One

Test de Grand Theft Auto V (GTA V) : Edition Next Gen sur Playstation 4
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    Les points positifs :
  • Un contenu gigantesque
  • Des graphismes plus fins que sur Old Gen
  • Une qualité d'écriture rarement égalée
  • San Andreas, satire magnifique de la Californie
  • Un soucis du détail qui frôle la perfection
  • Une vue FPS qui est un vrai plus pour l'immersion
    Les points négatifs :
  • Un scénario moins marquant que dans les autres GTA
  • GTA Online pas encore la hauteur
  • Non, je ne vois pas...
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Benjamin Gautier
Communicant parisien élevé aux Sciences Politiques, je suis avant tout un passionné de jeux vidéo, mais également  un dévoreur de films, de séries, de littérature Science-Fiction, et de culture web. Accessoirement, je suis aussi un transhumaniste à tendance sociopathe, amoureux d'aliens bleues et de sorcières rousses, et fasciné par la simple idée de voir un jour l'humanité coloniser l'espace...