Test de Call of Cthulhu : l’adaptation digne du mythe

Que vous soyez fan de Lovecraft, d’horreur, de suspense ou du jeu de rôles papier, Call of Cthulhu est arrivé juste pour vous en version jeu vidéo. Après une période de développement plus longue que prévu, dont un changement de studio, Cyanide propose enfin un projet achevé. Inspiré du jeu de table plus que du roman, l’équipe avait l’aide d’un expert de l’univers en Mark Morrison. Or, il peut devenir parfois très complexe de transposer une œuvre comme celle-ci d’un médium à l’autre alors quel est le résultat ?

Fiche technique

  • Date de sortie : 30 octobre 2018
  • Style : Jeu d’horreur et de survie / RPG
  • Classement ESRB / PEGI ESRB M 17+ / PEGI 18
  • Développeur : Cyanide
  • Éditeur : Focus Home Interactive
  • Langue d’exploitation : Anglais avec sous-titres français
  • Testé sur PlayStation 4 Pro
  • Autres consoles : Xbox One et PC
  • Prix lors du test : 79,99 $ CA / 54,99 €
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Le réveil de Cthulhu

Call of Cthulhu nous met dans la peau d’Edward Pierce, un vétéran de la Première Guerre devenu détective. Hanté par un lourd passé l’ayant fait sombrer dans l’alcool et les somnifères, l’homme se voit offrir une nouvelle enquête qui pique sa curiosité. Le premier rapport de police rapporte que la famille Hawkins serait décédée dans un effroyable feu déclenché accidentellement. Cependant, une peinture envoyée par la mère prétendument folle la veille de sa mort nous porte à croire qu’il reste des mystères non résolus. Notre protagoniste décide alors de se rendre sur les lieux de l’accident au manoir familial situé sur une petite île. Sur place, il se rend rapidement compte que quelque chose cloche alors qu’il découvre, entre autres, plusieurs traces d’occultisme. Êtes-vous prêt à risquer un peu de votre santé mentale pour résoudre cette enquête ?

Commençons en parlant d’abord de l’aspect le plus négatif du jeu pour s’en débarrasser. En effet, Call of Cthulhu est loin d’être parmi les plus beaux titres sur le marché. Il semble que Cyanide a repris le moteur du studio qui avait commencé le projet et c’est plutôt ordinaire. On a l’impression d’être retourné à l’époque de la PlayStation 3 avec des jeux comme Le Testament de Sherlock Holmes développé justement par Frogwares. Avec les décors sombres, ça paraît peut-être un peu moins, mais lorsqu’on voit le visage des personnages sans expressions on constate vite le défaut. Pourtant les cinématiques sont pas mal du tout. Bref, je vous recommande fortement de passer outre cet aspect, car le jeu pousse la note tellement plus loin avec son scénario.

Quand la réalité et la fiction sont indissociables

Lorsque j’ai découvert le titre à l’E3 2017, j’avais espoir d’y retrouver le genre de scénario qui m’intéresse beaucoup. Or, du début à la fin, j’ai été complètement absorbé par les mystères de Call of Cthulhu. Sans vous gâcher l’histoire, un des aspects importants du jeu c’est que notre protagoniste n’a pas toute sa tête. Étant accroc à quelques vices qui affectent son mental, on n’est jamais complètement convaincu que les événements dont nous sommes témoins sont 100 % véridiques. Comme le joueur est placé derrière les yeux du détective, on est toujours aux premières loges de ses hallucinations.

le scénario nous entraîne complètement dans sa folie et c’est une des meilleures trames narratives parues cette année

En plus, en ajoutant les nombreux éléments qui tournent autour de l’occultisme, l’esprit de Pierce est vraiment mis à l’épreuve. Et, bien sûr, avec la présence de fanatiques du monstrueux dieu Cthulhu, les choses s’enveniment rapidement.

C’est autour de ce principe que le jeu tourne. Il y a différentes choses qui vont venir jouer avec la santé mentale d’Edward. Par exemple, plus vous découvrez des reliques, des tableaux ou des indices qui sont en lien avec le culte, plus vous risquez d’y croire. Il y a donc ce couteau à double tranchant qui veut nous encourager à explorer et tout découvrir, mais qui risque aussi d’affecter négativement le personnage. Il y a des vérités qu’on préfère laisser enfouies, mais il faut éventuellement les déterrer pour connaître la vraie histoire. Bref, le scénario nous entraîne complètement dans sa folie et c’est une des meilleures trames narratives parues cette année. Enfin, les multiples fins possibles vont satisfaire votre besoin de voir vos décisions avoir différents impacts. Ce sera à vous de décider laquelle est la plus appropriée.

Une ambiance effrayante

C’est rapidement qu’on décèle l’ambiance d’horreur et que l’on développe un sentiment d’inconfort en jouant à Call of Cthulhu. Pour les amateurs du genre horreur mettant l’accent sur la survie, c’est hautement satisfaisant. D’abord, évidemment les décors sont vraiment sombres. On dirait qu’il ne fait jamais jour sur l’île de Darkwater ce qui augmente notre insécurité. Qui plus est, la plupart des endroits qu’on visite comme le manoir des Hawkins sont complètement abandonnés. Cependant, comme l’endroit est tellement immense et sombre, on a l’impression que d’étranges présences cachées dans la pénombre nous observent.

Puis, disons que Pierce n’a aucun vrai moyen de défense. Il arrive à maintes reprises qu’on se retrouve face à des ennemis et tout ce qu’on peut faire c’est s’enfuir ou les éviter furtivement. C’est d’ailleurs une mécanique importante du jeu. Il faudra constamment observer les routines de nos ennemis et s’assurer d’éviter qu’ils nous voient. Évidemment, s’accroupir et faire le moins de bruits possible seront vos meilleures solutions, mais parfois il faudra aussi user d’imagination. Je pense, entre autres, à un moment où on doit convaincre une autre personne de distraire des gardes pour nous ouvrir le chemin. L’aspect furtivité est intéressant au départ, mais devient malheureusement monotone à force de progresser. Ça commence simpliste et ça reste ainsi pour toute l’aventure.

Pierce n’a aucun vrai moyen de défense

Enfin, comme si ce n’était pas suffisant, la majorité des personnages semblent aussi disjonctés que notre détective. On le remarque dès notre arrivée sur l’île où la moitié des habitants traînent dans un bar piteux pour noyer leur ennui. Par la suite, chaque personnage secondaire qu’on rencontre nous donne l’impression d’être complètement envoutés par la présence sombre qui hante Darkwater. Bref, tous ces éléments nous mettent parfaitement dans l’ambiance.

Call of Cthulhu version RPG

Ensuite, il y a tout l’aspect RPG qui a été très bien développé. Grâce à celui-ci, chaque joueur peut décider le genre de Pierce qu’il pourra promouvoir. J’ai donc opté pour mettre tous mes points dans mes talents d’investigations en premier. Ainsi, mon protagoniste est rapidement devenu un expert pour comprendre une scène de crime ou analyser un objet. C’est celui-ci qui m’a permis de débloquer quelques portes autrement inaccessibles. Une fois maximiser, je me suis retourné vers l’éloquence pour plus facilement influencer les autres. J’aurais pu aussi développer mon côté psychologue, ma force physique ou mon habileté à découvrir des objets cachés. C’est en choisissant différents talents qu’on finit par découvrir toutes les fins du scénario.

Bien sûr, c’est grâce à ses différents attributs qu’on peut avoir accès à de nouvelles lignes de discussions avec les personnages secondaires. Il est donc possible de manquer certains indices très importants si on ne peut pas orienter la discussion dans la direction voulue. Qu’importe cependant, chaque joueur aura droit à sa propre fin selon nos différents choix.

c’est grâce à ses différents attributs qu’on peut avoir accès à de nouvelles lignes de discussions avec les personnages secondaires

En dernier lieu, il y a deux derniers attributs importants. En effet, le fait d’accroître notre expertise avec la médecine est crucial pour Pierce. C’est ce qui lui permet d’effectuer des diagnostics et de choisir les bons dosages de médicaments. Il y a aussi notre compréhension de l’occultisme qu’il faut améliorer pour nous permettre de déterminer l’usage et l’origine d’artéfacts. C’est aussi ce qui nous permet de mieux comprendre le mythe de Cthulhu. Ces deux aspects peuvent seulement être accrus en découvrant des objets dans l’environnement qui nous permettent de mieux les étudier. Ainsi, le jeu encourage fortement l’exploration même si parfois c’est un peu difficile sur les nerfs.

Ne pas sous-estimer

Pour conclure, le titre inspiré du jeu de rôles sur papier est une adaptation assez bien réussie de Call of Cthulhu. Si vous n’accrochez pas trop lorsqu’un jeu vous présente des graphiques un peu vieillots et que vous aimez bien les jeux d’horreurs, celui-ci est un très bon choix. En plus, c’est un des rares jeux du genre qui présente une trame scénaristique très poussée et qui nous réserve plusieurs fins que vous voudrez toutes découvrir. Bref, si vous êtes encore un peu dans l’ambiance de l’Halloween et que vous aimez le genre, n’hésitez pas à lui donner sa chance.

Test de Call of Cthulhu : l’adaptation digne du mythe
"Du début à la fin, j’ai été complètement absorbé dans l’univers de Call of Cthulhu. En plus de son ambiance sombre qui nous plonge parfaitement dans le mythe, la trame narrative nous propose un solide scénario qui vient jouer avec nos nerfs. Les développeurs ont très bien brouillé la ligne entre la réalité et la fiction en nous faisant vivre les hallucinations d’un protagoniste troublé. Si vous êtes amateur de jeux d’horreur et de survie, celui-ci est un des plus intéressants parus cette année."
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