Death Stranding

Death Stranding: Se laisser porter par l’expérience

Il est très rare que des jeux soient polarisant avant même leur sortie officielle. Toutefois, dans des cas exceptionnels, et notre jeu à l’essai en fait partie, la communauté vidéoludique semble prendre une position tranchée face à ce dernier. Le nouveau jeu d’Hideo Kojima, Death Stranding, même une fois lancé, n’a rien fait pour rallier les deux côtés opposants. Le but de ce test n’est pas pour faire un rapprochement entre les deux camps mais plutôt d’illustrer qu’est-ce que Death Stranding. Et cette tâche est plutôt ardue tant ce titre n’est pas dans un moule habituel.

Fiche Technique

  • Date de sortie : 8 novembre 2019
  • Style : Aventure cinématique
  • Classement ESRB/PEGI : M / PEGI 18
  • Développeur : Kojima Productions
  • Éditeur : Sony Interactive Entertainment
  • Langue d’exploitation : Anglais
  • Disponible sur PlayStation 4 et PC (à venir)
  • Testé sur PlayStation 4
  • Prix lors du test : 79,99 $ / 69,99 €
  • Site Officiel
  • Version numérique envoyée par l’éditeur

Une histoire complexe dans un monde en reconstruction

Nous incarnons Sam Porter Bridges (Norman Reedus), un porteur de cargo indépendant qui se fait confier la mission de reconnecter les différentes villes d’un pays en total reconstruction. En effet, suite au Death Stranding, le monde comme nous le connaissons a été détruit par une succession d’explosions causées par des créatures surnaturelles aux allures de spectres.

Notre personnage évolue dans un monde où les populations se sont isolées les unes sur les autres pour échapper aux créatures et permettre à la race humaine de subsister. L’histoire se passer dans un futur plus ou moins proche et où la technologie est omniprésente. Chacune des villes et regroupement de population sont recluses et le nouveau gouvernement des UCA (United Cities of America) nous demande de partir de l’Est du pays et de nous rendre à l’Ouest relier les différentes cités entre elles. Cette connexion se fait par l’entrée dans le Chiral Network, une forme de réseau informatique ultrasophistiqué permettant un partage de ressources, connaissances et technologie entre les villes.

Un grand nombre de séquences cinématiques, souvent très longues, nous est présenté tout au long de notre aventure, permettant ainsi de comprendre un peu plus tout la complexité du scénario. Car, bien que nous soyons en présence d’une histoire présentant des thèmes actuels comme la destiné de l’humain et son environnement, une place importante est laissée à la politique nationale et au surnaturel. Pour ma part, je trouve que l’équilibre entre ces différentes thématiques est parfaitement jaugé bien qu’il ne soit pas accessible nécessairement à tous les utilisateurs. Il ne m’est pas possible non plus de trop entrer dans les détails du scénario car ce dernier doit, à mon avis, être expérimenté plutôt que raconté.

Du pur Kojima

Justement, les thématiques illustrées précédemment sont souvent au coeur de l’oeuvre d’Hideo Kojima. Par le passé, dans la franchise Metal Gear Solid, la proximité entre la politique, la technologie et des événements paranormaux voir surnaturels était chose fréquente. C’est également le cas dans Death Stranding. Mais outre les ressemblances de propos, on ne peut vraiment faire d’autres liens entre le passé de Kojima et Death Stranding.

Lorsque je mentionnais que ce nouveau titre était très polarisant, je crois que cela peut venir en partie de son créateur directement. Bien qu’il est une grande opinion de lui-même, ce n’est pas tous les joueurs qui pensent la même chose du célèbre créateur japonais. De mon côté, je ne m’en cacherai pas, j’ai toujours été un grand fan de Kojima. Je trouve qu’il a une capacité à mettre une idée ou un concept dans un jeu touchant et remettant en question plusieurs sphères de notre société. Death Stranding n’en fait pas exception. Que ce soit par rapport à notre vision de la mort, l’éthique face à la technologie, la politique ou même la façon dont les humains traitent l’environnement, Kojima réussit à traiter de tous ces points à l’intérieur d’un récit particulièrement complexe.

Néanmoins, je pourrais comparer la réalisation d’Hideo Kojima à celle de Quentin Tarantino. Pas du fait qu’elles se ressemblent mais plutôt que leurs fans les adore et leurs détracteurs les déteste. Death Stranding n’est pas un jeu entrant dans un moule conventionnel et les différents éléments le constituant vont justement nourrir les deux camps. Les amateurs vont embarquer et les autres n’aimeront probablement pas.

Une technique sans faille

La réalisation de Kojima se traduit également d’un point de vue technique. En effet, une attention spéciale a été apportée à ce qui est présenté au joueur tant au niveau visuel que sonore.

Un visuel époustouflant

Tout d’abord, visuellement, il s’agit d’un des jeux les plus beaux que j’ai pu essayer. Utilisant le moteur graphique Decima provenant de chez Guerilla Games, il offre un visuel époustouflant et ce même si je n’ai pas testé Death Stranding sur une PS4 Pro. Il est certain que la modélisation des acteurs y est pour quelque chose. Norman Reedus, Mads Mikkelsen et Léa Seydoux, pour ne nommer que ceux-là, sont représentés comme s’ils étaient de vrais acteurs. Leurs modélisations est quasi parfaites et nous fait entrer dans le récit comme si nous jouions un film.

Pour ce qui est des environnements, encore une fois, c’est très réussi. La topographie du terrain est d’une importance capitale dans notre aventure et cette dernière est elle aussi visuellement impressionnante. Que ce soit les paysages de plaines gazonnées, les montagnes ou même les cours d’eau, il m’est arrivé fréquemment d’arrêter ma progression juste pour admirer le paysage que se dessinait devant moi.

Une atmosphère musicale

Ce qui m’a également étonné est l’attention qui a été portée au lien entre la musique et le visuel. Tout comme un réalisateur de film, Kojima utilise par moment des changements de points de vue bercés par des chansons originales nous immergeant complètement dans l’univers étrange et vide par moment de Death Stranding. Ce ne sont que des moments précis dans le jeu, mais, pour ma part, ils amènent la réalisation du jeu à un niveau que nous ne sommes pas habitués dans la grande majorité des titres que nous testons. Par contre, les joueurs n’ayant pas ou peu d’intérêt face au côté artistique et créatif que peut avoir la conception d’un jeu vidéo, risquent de se trouver dans la catégorie des détracteurs de Death Stranding.

Contrôler un porteur

L’emploi de Sam Porter Bridges est porteur. C’est à dire qu’il porte des colis, équipements et valises d’un lieu vers un autre. Que ce soit de nouvelles technologies, des médicaments, des matériaux ou même un corps inanimé, Sam peut porter sur ses épaules une grande charge. Ces livraisons sont faites de villes en villes de façon à répondre à différentes requêtes. Plus nous répondons à ces dernières d’une bonne manière et en n’abîmant pas la marchandise, nous accumulons des « J’aime » permettant à notre personnage d’évoluer et d’être encore plus efficace dans ses tâches.

Les déplacements

Une grande partie de notre temps de déplacement sera à gérer comment nous nous déplaçons avec notre cargaison. Tout d’abord, Sam possède un poids maximal qu’il ne peut dépasser sans quoi il n’avancera plus mais également, nous devons nous assurer que les charges soit équilibrées pour que notre personnage se déplace correctement et que les risques de chutes soient diminuées.

Comme mentionné précédemment, la topographie du terrain est primordiale dans Death Stranding. Toujours dans l’optique de garder notre équilibre, nous avons en notre possession un scanner nous montrant les différents dénivelés. De cette façon, on peut être en mesure de bien calculer nos déplacements et ainsi éviter les chutes et pertes de cargaison.

Pour venir à bout de la topographie et permettre à Sam de se rendre à bon port, il nous est nécessaire d’utiliser des échelles et même des cordes de rappel que nous devrons disposer un peu partout dans l’environnement. De cette façon, nous pourrons atteindre des sommets non accessibles à la marche. Nous pourrons même utiliser ce que d’autres porteurs auront placer ici et là dans le monde. J’expliquerai ce dernier point un peu plus tard dans le test.

Les combats

Je ne m’attarderai pas dans le détail sur ce thème car, encore une fois, mon but ici n’est pas de gâcher les surprises que vous allez connaître tout au long du développement du récit de Death Stranding. Ceci dit, Sam fera face à certains adversaires pendant ces différents voyages et certaines techniques de combat nous serons apprises. Toutefois, ne vous m’éprenez pas, ces phases d’action ne sont qu’une partie complémentaire à notre aventure.

Tout d’abord, nous apprendrons à combattre au corps à corps tout en gérant la cargaison que nous avons sur le dos. Ensuite, viendra l’utilisation de grenades confectionnées de façon plutôt originale et, finalement, certaines armes seront mises à notre disposition. Notamment, pour essayer de combattre les entités spectrales dispersées un peu partout dans l’environnement.

Ces dernières, appelées B.T. ou échoués en français, ne doivent pas être confrontés en temps normal. Notre scanner saura nous avertir de leur présence et il est préférable de s’enfuir et d’agir silencieusement plutôt que de les affronter. Justement, leur détection se fait en conjonction avec l’aide de BB. Celui-ci est un être ayant l’apparence d’un bébé que nous portons dans une capsule rempli d’un liquide où il s’y baigne. Son cordon ombilical nous est lié par un connecteur et de cette façon, nous partageons ses sentiments, ses peurs et même ses souvenirs. Quand je disais que Death Stranding était bizarre, BB en est un exemple flagrant.

La construction

Lorsque Sam est à l’intérieur du Chiral Network, il est en mesure de construire des éléments tels que des points, des tours d’observation ou même des générateurs d’électricité. Au fur et à mesure que nous ajouterons des cités aux UCA, de nouveaux types de construction seront disponibles et nous permettront de faciliter nos déplacements.

Justement, nous pourrons aider et se faire aider par d’autres porteurs. Ceux-ci sont de vrais joueurs avec qui nous nous connectons de façon asynchrone sur le web. Donc, lorsque nous aurons inclus une région dans le Chiral Network, nous serons en mesure de voir et utiliser ce que d’autres joueurs ont placé dans l’environnement. Par exemple, les échelles disposées pour grimper des sommets seront disponibles ou même des ponts construits pour traverser des rivières. De plus, nous pouvons également laisser une partie de notre cargaison pour que d’autres porteurs l’amènent à bon port.

Tout ce système de communauté se fait grandement comme un réseau social. Nous pouvons donner des « J’aime » aux autres utilisateurs et ainsi notre réputation en tant que porteur augmente et du même coup, nos capacités et habiletés. Pour l’instant, il s’agit d’une idée très prometteuse. Par contre, il serait intéressant que par des mises à jour, on puisse avoir plus d’interactions avec les autres utilisateurs car en ce moment, il y a un côté impersonnel rendant cette communauté un peu sans vie et on se demande même parfois si nous avons vraiment affaire avec de vrais joueurs.

Conclusion

Honnêtement, je pourrais m’étendre encore pendant des paragraphes sur Death Stranding. Je ne considère pas qu’on doive se fier à une critique pour savoir à quoi s’en tenir avec le nouveau bébé d’Hideo Kojima. Personnellement, je trouve difficile d’expliquer aux gens comment un jeu où nous sommes un livreur de colis peut être intéressant. Par contre, je trouve qu’il ne s’agit que d’un prétexte pour nous permettre de parcourir les UCA dans un monde complètement ouvert et où technologie, politique et surnaturel se côtoient sans frontières.

Je n’ai jamais joué un jeu comme Death Stranding. Il est une expérience unique de longue haleine et ne fera pas en sorte que Kojima ralliera l’ensemble de la communauté vidéoludique. Ceci étant dit, les fans de ce dernier, à mon avis, vont adorer son nouveau titre. De plus, ne vous attendez pas à de l’action à n’en plus finir… au contraire. En effet, c’est probablement un des seuls défauts que je peux lui trouver. À mon avis, certains moments sont un peu vides et manque un petit peu d’action supplémentaire. L’environnement, bien que cela soit un choix de réalisation, manque parfois d’éléments accrocheurs le rendant un peu ennuyant.

Finalement, l’autre point me dérangeant quelque peu est le placement de produits qui est fait à l’intérieur de Death Stranding. C’est tout sauf nécessaire et cela n’amène rien de plus au joueur. J’ai de la difficulté à comprendre comment un jeu qui se veut en quelque sorte une critique sociale nous incite à boire une certaine marque de boisson énergisante pour nous redonner de l’énergie et ainsi continuer notre aventure. Également, oui Norman Reedus est la tête d’affiche de Death Stranding, mais est-ce que cela oblige ne nous faire la publicité de son émission de télé actuelle? Je ne crois pas du tout et dans les deux cas, ça ne cadre pas du tout avec l’époque dans laquelle le jeu se déroule.

Verdict

Pour ma part, Death Stranding est une expérience que tous les fans de Kojima devrait essayer. Pour les autres, si vous êtes ouverts à une réalisation sensationnelle qui mélange surnaturel, politique et éthique environnementale, n’attendez pas et donnez une chance à Death Stranding. Mettez de côté qu’il s’agisse d’une histoire de longue haleine et qu’il ne se passe pas toujours grand chose et entrez de cet univers bizarre et laissez vous prendre par ce scénario digne d’Hollywood. Pour ma part, je peux y passer des heures sans que cela paraisse. J’imagine que c’est bon signe!

Death Stranding
Death Stranding: Se laisser porter par l’expérience
"Death Stranding est une expérience que tous les fans de Kojima devrait essayer. Si vous êtes ouverts à une réalisation sensationnelle qui mélange surnaturel, politique et éthique environnementale, n'attendez pas et donnez une chance à Death Stranding. Il est vrai que le sentiment de solitude perçu dans le jeu peut en rebuter quelques-uns mais laisser vous porter par l'expérience et la force du scénario."
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François Filion-Rouillier
Gamer depuis le moment où il a lancé ses premiers œufs sur Birdo dans Mario bros 2, François partage ses moments libres entre sa PS4, sa guitare et un terrain de soccer. Ses journées normales tournent autour des technologies de l'information où sa profession de géomaticien lui permet d'être geek même dans son milieu de travail.