Test de Dark Souls 3 sur PlayStation 4 : la fin d’une épopée grandiose

From Software est devenu l’un des studios les plus en vogue ces dernières années. Et à juste titre puisque depuis Demon’s Souls, sorti sur PlayStation 3 en 2009, les développeurs n’ont eu de cesse d’étoffer leurs itérations d’une même idée : créer une œuvre extrêmement exigeante, reposant sur les facultés motrices et réflexes des joueurs, tout en y apportant un contenu intelligemment pensé et envisageant les réussites et échecs des anciens opus. Ajoutons à cela une volonté de renouveler considérablement l’expérience ludique, et vous vous retrouvez très vite face à un titre complexe et admiré du plus grand nombre. Après la pause Bloodborne, l’exclusivité 2015 de la PlayStation 4, Hidetaka Miyazaki revient avec l’épilogue de cette saga qui l’aura fait connaître à un large public, Dark Souls 3. Mais est-ce une véritable conclusion que nous offre aujourd’hui From Software ?

Fiche technique de Dark Souls 3

  • Date de sortie : 24 mars 2016 (Japon), 12 avril 2016 (Europe et Amérique du Nord)
  • Style : Action RPG / Dungeon RPG
  • Classement ESRB/PEGI/CERO : ESRB M/PEGI 16 / CERO D
  • Développeur : From Software
  • Éditeur : Bandai Namco 
  • Langue d’exploitation : Voix en anglais, textes multilingues
  • Disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One
  • Évalué sur PlayStation 4
  • Prix lors du test : 79,99 $ CA/59,99 € sur Steam79,99 $ CA/69,99 € sur le PlayStation Store, 79,99 $ CA/69,99 € sur le Marché Xbox, 
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Ravivez la Flamme

l’amélioration de vos capacités, telles que la magie, demandera  une recherche approfondie dans les recoins les plus reculés du jeu

Si Dark Souls 3 se passe dans le même univers que ses prédécesseurs, nous sommes ici à nouveau transposés dans un lieu unique. Adieu, donc, Lordran et Dranglei qui auront tant émerveillés les joueurs. Alors que l’apogée de l’ère du Feu approche, le royaume de Lothric est en pleine déchéance, en proie aux troubles et aux massacres. Les morts ressuscitent les uns après les autres pour préparer le grand cataclysme, dont la Morteflamme qui vous sert de personnage. Votre devoir, si toutefois vous en êtes digne, est de réunir l’âme des cinq Seigneurs des Cendres sur leur trône, afin de raviver le Feu et sauver ce qui reste de ce monde en déclin, quitte à ce que notre protagoniste, toujours piégé dans son immortalité, en perde son humanité. Pour cela, vous pourrez compter sur le Sanctuaire de Lige-Feu, votre lieu de repos principal et hub central de cet épisode — comme le Nexus était votre port d’attache dans Demon’s Souls, ou le Rêve du Chasseur dans Bloodborne —. Passez le prochain paragraphe si vous souhaitez éviter quelques spoilers.

Après un prologue vous permettant d’appréhender les différentes facettes de votre personnage, ainsi que vos premiers feux de camp – les déplacements rapides et points de sauvegardes habituels de la série – vous ferrez connaissance de ces PNJ prêts à vous aider. C’est donc avec un plaisir non retenu que nous retrouverons Andre pour l’amélioration ou la création de votre arsenal, ainsi que de vos fioles d’Estus. Petite particularité cependant, le forgeron de Dark Souls premier du nom ne pourra plus apporter de modifications à votre armure, le système se rapprochant plus de ce qui était proposé dans Bloodborne, à savoir jouer sur les différentes caractéristiques propres à ce type d’équipement pour que vous trouviez le bon équilibre. La gardienne du Feu quant à elle vous permettra d’augmenter votre niveau en échange d’âmes ennemies que vous aurez auparavant anéanties. La servante vous proposera moult objets et matériaux contre votre monnaie singulière, Leonhard vous inculquera l’art du pillage et de l’invasion — l’aspect multijoueurs du soft — tandis que Hankwood se contentera de poser l’univers toujours sombre et chaotique dans lequel vous vous trouvez.

Bien évidemment, ce ne seront pas les seuls PNJ que pourront abriter ces lieux. C’est à vous de découvrir les différents protagonistes lors de votre avancée, mais aussi pour l’amélioration de vos capacités, telles que la magie, qui demandera d’ailleurs une recherche approfondie dans les recoins les plus reculés du jeu pour progresser dans les arcanes correspondants.

Bloodborne impose à Dark Souls 3 sa minutie de la caractérisation visuelle de votre personnage

Tant qu’on parle des apports de l’exclusivité PlayStation 4, arrêtons-nous sur la création de votre avatar. Bloodborne impose à Dark Souls 3 sa minutie de la caractérisation visuelle de votre personnage. Vous aurez beau choisir une classe initiale, cela n’influencera que votre état de base, puisque l’évolution de vos statistiques distinctes sera très libre, en dépensant vos âmes dans pas moins de 9 attributs tels que l’endurance, la vitalité, l’intelligence, ou la vigueur. Finalement, libre à vous de vous essayer sur un archétype totalement différent, en fonction de vos besoins, ou de partir sur quelque chose de plus personnel. Dark Souls 3 propose, contrairement à ses illustres prédécesseurs, une plus grande ouverture sur le plan scénaristique, le rendant un peu plus abordable, avec un semblant de fil conducteur compréhensible de prime abord. Un héritage de la période Bloodborne, bien que ce dernier nous laisse dans le flou le plus total pour le reste de l’aventure. Néanmoins, cet opus reste toujours aussi teinté de mystère, alors qu’il propose une structure intelligemment construite, faisant une claire distinction entre les informations de base nécessaires à la progression du joueur, et l’obligation de ce dernier à prêter attention au moindre détail présent dans les lignes de dialogues ou les diverses descriptions d’objet alentours.

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Embrassez les Ténèbres

Ces Combats ArTs vous seront très utiles en situation critique, à la fois contre les ennemis ou boss, mais aussi, lors des affrontements PvP

N’espérez pas, dans tous les cas, vous reposer sur vos lauriers, pour peu que vous soyez vétérans sur la saga. Dark Souls 3 propose plusieurs ajustements qui surprendront tout type de joueur. À commencer par le retour de la jauge de magie qui ne servira pas qu’à l’usage de vos pouvoirs, mais aussi pour vos coups spéciaux, propres aux armes équipées. Cela peut correspondre à une amélioration temporaire des dégâts infligés, à une contre-attaque à la suite d’une parade, ou au moment d’une charge vers l’avant avec votre bouclier. Ces Combats Arts vous seront très utiles en situation critique, à la fois contre les ennemis ou boss, mais aussi, lors des affrontements PvP.

Votre avatar d’ailleurs n’est plus soumis à cette diminution continue de votre jauge de PV après plusieurs défaites successives, ou avec la perte de votre humanité, contrairement aux anciens épisodes. Vous pourrez cependant utiliser des braises pour augmenter vos points de vie de façon temporaire — jusque votre prochaine mort — lors de votre escapade dans ce monde impitoyable. Enfin, la charge de votre coup, en maintenant le bouton d’attaque enfoncé, a été gardée, et apporte un côté stratégique à vos joutes fort intéressant, surtout au moment de lancer une phase de conflit entre joueurs, l’essence même des affrontements des titres de From Software. L’intelligence artificielle, quant à elle, exploite à fond ces capacités, vous surprenant à plusieurs reprises.

la recette n’a pas changé d’un iota : le joueur reste livré à lui-même et a besoin d’une immersion totale pour appréhender comme il se doit l’univers et toutes les subtilités du titre

Le gameplay, lui, devrait trouver grâce aux yeux des puristes de la série, en commençant par les animations des personnages qui gagnent en qualité. Encore une fois, les développeurs se sont inspirés de leur travail sur Bloodborne pour apporter une très grande fluidité lors de la prise en main de votre avatar. Bien évidemment, vous serrez toujours soumis à la limitation de poids que peut porter votre personnage, ce qui influence sa mobilité, mais nous faisons face, clairement, à une grande amélioration, surtout quand nous comparons la lourdeur des anciens épisodes à Dark Souls 3. La prise en main reste la même, mais l’apport de l’exclusivité PlayStation 4 est indéniablement un plus pour le confort du joueur.

La renommée même de la saga en prend un coup, dans le bon sens du terme. Dark Souls est considérée comme une licence impitoyable, ne dépendant que de vos capacités extraordinaires car vous êtes élus à une destinée incroyable, alors que faire preuve de prudence et de patience a toujours été les maîtres mots pour réussir dans les jeux From Software. En plus d’être plus claire dans ses explications, ouvrant ainsi plus facilement la voie aux néophytes, la recette n’a pas changé d’un iota : le joueur reste livré à lui-même et a besoin d’une immersion totale pour appréhender comme il se doit l’univers et toutes les subtilités du titre. La découverte des mécaniques se faisant encore une fois à l’aveugle, la difficulté et l’agacement ne seront éprouvés que par excès d’orgueil ou de témérité de votre part. Pas de situations injustes, pas d’acharnements thérapeutiques de l’IA sur votre personne : si vous mourez, c’est uniquement de votre faute. Et le ressenti n’en sera que plus bénéfique en cas de réussite d’un passage ardu. En cela, l’expérience vécue dans Dark Souls 3 n’en est que plus aboutie et plaisante.

Avec un rythme plus important d’affrontements aussi viscéraux, et une hausse modérée de la difficulté, l’équilibre précaire sur lequel reposait le système de combat aurait pu être rompu. Heureusement, il n’en est rien

Ce qui était loin d’être gagné d’avance, vu que From Software a eu la bonne idée d’augmenter drastiquement le nombre d’ennemis, ainsi que leur agressivité. Il est dorénavant moins aisé de se débarrasser d’un antagoniste que ce soit en combat direct ou en fuite. Avec un rythme plus important d’affrontements aussi viscéraux, et une hausse modérée de la difficulté, l’équilibre précaire sur lequel reposait le système de combat aurait pu être rompu. Heureusement, il n’en est rien.

Concernant le multijoueurs, sachez qu’on retrouve tout le sel de la série — de très gros sacs de sel même — avec ces messages toujours aussi peu clairs, favorisant la réflexion avant l’action. De même, la coopération subit perpétuellement un arrêt de session à chaque boss tué, obligeant et incitant le joueur à explorer de lui-même les différents recoins, et de n’utiliser cette fonctionnalité qu’en dernier recours. D’ailleurs, les serments, qui sont cette fois-ci collectionnés dans votre inventaire, peuvent être intervertis à tout moment en les modifiant dans l’emplacement correspondant. Ainsi, l’invasion pour le PvP s’en retrouve relativement facilité, d’autant plus que Dark Souls 3 ne subit que très peu les effets de lag ou de perte de connexion. Tout marche à merveille, un peu trop d’ailleurs, ce qui risque d’en rebuter plus d’un. Il suffira de désactiver cette fonctionnalité et de jouer hors ligne pour les plus réticents.

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Priez le Soleil

From Software a longtemps pensé à son game design, faisant preuve ici d’une cohérence à toute épreuve et d’une grandeur incroyable dans cet Univers proposé par Dark Souls 3, malgré sa relative linéarité

Encore une fois, Dark Souls 3 emprunte un gros morceau à Bloodborne, plus précisément ici son moteur. À vous les effets de lumières et de couleurs saisissants, et la profondeur de champ phénoménale. Certes, nous sommes loin de la claque graphique, mais le titre prouve que la PlayStation 4 en a dans le ventre et permet de gérer beaucoup d’éléments, sommes toute très bien travaillés, en nous offrant un monde extrêmement vaste. D’ailleurs, la direction artistique s’imprègne de Bloodborne pour nous proposer des décors impressionnants, plus détaillés et fournis qu’à l’accoutumée.

Un exploit allant de pair avec le level design du soft, construit et pensé pour que tout ce qui est visible, même à perte de vue, soit exploré, lors de votre aventure. Pendant un nombre incalculable de fois, je me suis pris à imaginer ce qui pouvait se passer en contre-bas, surplombant d’énormes espaces, pour me rendre compte que je visitais plus tard ces mêmes lieux contemplés d’interminables minutes. Tout celà nous conforte dans l’idée que From Software a longtemps pensé à son game design, faisant preuve ici d’une cohérence à toute épreuve et d’une grandeur incroyable dans cet univers proposé par Dark Souls 3, malgré sa relative linéarité.

L’architecture générale du titre prend forme sous nos yeux, et élaborer le plan du jeu dans notre tête, avec toutes ses subtilités, n’aura jamais été aussi plaisant. En effet, les développeurs ont bien mieux pensé leur titre, avec des zones d’explorations beaucoup plus larges et vastes, moult passages annexes et autres raccourcis qui amèneront fatalement à un boss, une embuscade, ou à la découverte d’objets rares. Dark Souls 3 pousse de plus en plus à l’expérience du périple, qui, allié à l’exigence, le nombre d’ennemis et leur agressivité en hausse, oblige le joueur à être, au fur et à mesure, beaucoup plus prudent qu’auparavant.

les orchestrations sont sublimes, remémorant subtilement certains thèmes des Dark Souls d’antan, tout en nous rappelant que le jeu est glauque et oppressant à souhait

Autre point admirable, le bestiaire :  bien que les antagonistes de base sont toujours disponibles, ces derniers ont gagné en réactivité, comme énoncé précédemment, ou en taille puisque vous pourrez vous retrouver face à certains adversaires devenus gargantuesques. Et nous ne parlons pas ici des boss, plus charismatiques que jamais — à une exception près — ayant leurs propres forces et faiblesses. D’ailleurs, cet aspect épique est aussi construit sur les différents effets que peut subir votre personnage. Vos combats sont de plus en plus techniques : ainsi, le feu, le poison ou les dégâts bruts auront une importance cruciale dans vos duels imposants, mais aussi le nouveau venu, la congélation.

Finissons par l’ambiance générale de Dark Souls 3, la plus réussie à ce jour, grâce au travail de Motoi Sakuraba (Dark Souls 1 et 2) et de Yuka Kitamura (Bloodborne). Leurs orchestrations sont sublimes, remémorant subtilement certains thèmes des Dark Souls d’antan, tout en nous rappelant que le jeu est glauque et oppressant à souhait.

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Rien n’est parfait

Notons, de même, la lourdeur de l’interface du jeu, qui reste très difficile à appréhender pour un néophyte

Sur le plan des quelques petites déceptions à noter, nous trouvons la très forte ressemblance des lieux souterrains avec les zones de découvertes de type Donjons Calices de Bloodborne. Un travail un peu plus recherché aurait été fort sympathique. Cependant, ça reste un détail anecdotique quand on sait que From Software prend un malin plaisir à faire écho à l’arsenal, aux armures et aux décors de leurs anciennes productions, au point d’inclure certaines fois des objets fort inutiles — du genre les jumelles — présents depuis Demon’s Souls. Notons, de même, la lourdeur de l’interface du jeu, qui reste très difficile à appréhender pour un néophyte et loin d’être pratiquées manière générale, bien que des efforts ont été faits pour le rendre peu plus lisible.

de fréquentes sessions de longs ralentissements étaient à subir lors des premiers jours de test

La technique aussi pèche légèrement, avec la zone d’apparition des objets et des textures, assez proche du personnage, au point qu’elle saute aux yeux à plusieurs reprises. Mais ce qui a posé le plus souvent problème pendant de ce test, ce sont les nombreux ralentissements ressentis lors de notre progression. Si certains sites ont fait leurs expérimentations sur la version japonaise, et ont ainsi pu jouir d’un patch Day One réglant la majorité des soucis technique, nous aurons dû attendre plus de temps pour les moutures européennes avant d’obtenir ce fameux rectificatif. Ce qui fait que de fréquentes sessions de longs ralentissements étaient à subir lors des premiers jours de test.

Heureusement, ces problèmes ont été traités, pour la plupart, deux jours avant la sortie de Dark Souls 3 en occident. Faisons preuve de bonne foi en pointant du doigt, tout de même, la rapidité avec laquelle From Software a résolu le problème. Cela étant, c’est une nouvelle pierre qui vient s’ajouter à l’éternel débat de la démocratisation abusive des patch Day One. De notre côté, vu la date à laquelle le test sortira, nous avons décidé de ne pas prêter attention à ces soucis techniques, actuellement peu présents dans la version publique. Néanmoins il était important d’en parler.

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Conclusion

C’est avec tristesse que nous clôturons cette aventure, en attente d’une annonce providentielle pour une suite, alors que nous savons pertinemment que From Software compte s’arrêter en beauté sur cet opus. Au-delà de toute espérance, Dark Souls 3 compile sept longues années de travail, une évolution représentative des cinq jeux du studio, pour nous accorder ici la plus belle conclusion que nous pouvions imaginer. Que ce soit sur le plan ludique ou technique, les développeurs nous ont offert la quintessence de leur art, nonobstant quelques limitations. Il n’y a plus qu’à prier pour que le studio japonais propose autant de qualités sur leur prochain projet. Et croyez-moi, nous avons hâte d’en voir plus.

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Test de Dark Souls 3 sur PlayStation 4 : la fin d’une épopée grandiose
"Pour cette conclusion épique, From Software a apporté une très grande richesse à l’univers de Dark Souls, profitant de l’incroyable durée de vie du soft pour nous en mettre plein la vue avec ses paysages grandioses. La bande-son, quant à elle, appuie sur cette ambiance magistralement orchestrée. Une plus-value presque entièrement basée sur les acquis obtenus grâce à Bloodborne, mais qui n’auront pas permis à Dark Souls 3 de se différencier de l’opus exclusif à la PlayStation 4 lors des phases souterraines. Heureusement, le titre s’en sort avec les honneurs, malgré la nécessité du patch day one améliorants les gros soucis initiaux de framerates."
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Thomas Jeronimo
Rédacteur en Chef de la section Jeu Vidéo, administrateur d'une association sur la thématique du Jeu, et grand aficionado du domaine numérique. Passionné de Cinéma, de musique, de dessin, de jeu, de littérature, de NBA, et de la vie en général.