Thunderbolts*

Critique du film Thunderbolts* de Jake Schreier

Le deuxième film Marvel de l’année débarque en salle cette semaine : Thunderbolts* – oui, l’astérisque a son importance. Cette fois, Kevin Feige et son équipe misent sur une formation de (pas si super)héros malgré eux, dans l’espoir d’insuffler un vent nouveau à l’univers Marvel.

C’était l’occasion rêvée de sortir de l’ombre plusieurs personnages éparpillés à gauche et à droite ces dernières années : Yelena, Red Guardian, John Walker, Ghost, Taskmaster… et, bien sûr, Bucky, fidèle au poste. Sans oublier la mystérieuse Valentina Allegra de Fontaine, prête à tirer les ficelles au grand jour.

Certains d’entre eux sont déjà attendus dans le très ambitieux Avengers: Doomsday, preuve que Marvel voit loin avec cette nouvelle escouade. Mais face aux menaces qui les guettent, ce groupe de marginaux saura-t-il dépasser ses failles pour enfin devenir une véritable équipe — ou s’effondrer sous son propre chaos ?

Thunderbolts*

Fiche Technique de Thunderbolts*

Date de Sortie : 2 mai 2025
Réalisateur : Jake Schreier
Scénario : Eric Pearson et Joanna Calo

Producteurs : Kevin Feige, Louis D’Esposito, Brian Chapek et Jason Tamez
Acteurs principaux : Florence Pugh, Sebastian Stan, Wyatt Russell, Hannah John-Kamen, David Harbour, Olga Kurylenko, Lewis Pullman, Julia Louis-Dreyfus, Geraldine Viswanathan et Wendell Edward Pierce
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures
Production : Marvel Studios
Genre : Aventure-action
Durée : 2 h 6 min

Une équipe brisée, mais humaine

Ayant traversé leur lot d’épreuves, les membres des Thunderbolts* portent tous leurs blessures. Yelena est rongée par la perte de sa sœur et l’éloignement de son père. Red Guardian cherche désespérément à retrouver sa gloire d’antan, réduit à jouer les chauffeurs. John Walker tente de recoller les morceaux après sa chute en tant que Captain America. Bucky, désormais député américain, se heurte à l’immobilisme du système. Ghost, quant à elle, vit enfermée dans un isolement total.

Ce sont ces failles humaines qui donnent au film sa profondeur. Marvel poursuit ici son virage vers des récits plus ancrés dans la réalité. Comme Captain America: Brave New World, Thunderbolts* mise sur le facteur humain, mais le pousse un cran plus loin. Ce traitement des enjeux de santé mentale, rarement abordés frontalement dans le MCU, est sincère, touchant — et inattendu. Ceux qui ont vécu des moments de dépression, d’isolement ou de remise en question s’y reconnaîtront sans peine. Ce n’est pas le Marvel habituel, et c’est ce qui le rend pertinent.

La construction des personnages est soignée. Lorsqu’on atteint la fin du film, il est frappant de voir le chemin qu’ils ont parcouru depuis la première scène. L’équipe, d’abord dysfonctionnelle, trouve enfin son équilibre. Sans révolutionner la franchise, Thunderbolts* pose les bases solides d’un nouveau groupe prêt à secouer les codes du MCU. Et ça, c’est déjà une belle promesse. On a déjà hâte de les voir se froter aux autres personnages de l’univers.

Valentina sort de l’ombre et Bob arrive

Thunderbolts* sert aussi de point culminant pour un personnage mystérieux aperçu par bribes dans les précédents films : Valentina Allegra de Fontaine. L’attente en valait la peine. Interprétée par Julia Louis-Dreyfus, Valentina s’impose ici comme une figure centrale de l’intrigue. Directrice de la CIA, elle orchestre la rencontre des Thunderbolts… et ses manœuvres en coulisses, notamment en lien avec le président Ross, provoquent des remous. Le film en dévoile davantage sur ses intentions, longtemps restées dans l’ombre, et donne à son personnage une vraie densité narrative.

Louis-Dreyfus livre une performance maîtrisée, jouant à merveille cette femme de pouvoir au sang-froid impressionnant. Même lorsqu’elle est confrontée à des figures bien plus puissantes, elle reste impassible. En surface, elle ne laisse rien transparaître, mais ses échanges avec son assistante Mel laissent entrevoir ses vulnérabilités. Ce contraste en fait un personnage fascinant, illustrant bien comment le pouvoir peut s’exercer sans super-pouvoirs. Elle est parfaitement épaulée par Geraldine Viswanathan, qui campe une assistante à la fois drôle, humaine et touchante — un duo inattendu, mais très réussi.

Mais la vraie révélation du film, c’est Bob Reynolds, incarné par Lewis Pullman. Connu pour son rôle discret dans Top Gun: Maverick, l’acteur brille ici dans un personnage complexe et introverti, auquel de nombreux jeunes hommes pourront s’identifier. Pullman excelle à rendre palpable ce décalage intérieur, cette impression d’être « ailleurs ». Et quand Bob devient Sentry, son personnage prend une nouvelle dimension. Le changement de personnalité est saisissante, même si l’on aurait aimé le voir un peu plus en action, costume compris. Il y a là un immense potentiel narratif pour la suite.

Une nouvelle famille

Au cœur de Thunderbolts* se trouve Yelena Belova, interprétée avec intensité par Florence Pugh. Le film démarre fort : une scène saisissante la montre en train de sauter du Merdeka 118, le deuxième plus haut gratte-ciel du monde, à Kuala Lumpur. Ce moment visuellement spectaculaire donne immédiatement le ton — et surtout, l’état mental du personnage. Yelena est au bord du vide, littéralement et émotionnellement, mais garde un détachement froid tout au long de sa mission. Pour moi, c’est elle la véritable héroïne du film : elle affronte ses démons avec une force intérieure impressionnante, brisant ses propres barrières avec courage. C’est ce parcours qui donne au film son âme.

David Harbour, quant à lui, est irrésistible en père maladroit mais attachant. Son enthousiasme débordant amène plusieurs moments drôles et sincères. Son personnage est loin d’être parfait, parfois trop intense, mais impossible de ne pas l’aimer. Il incarne avec justesse ce père de substitution un peu dépassé, mais profondément bienveillant.

Du côté des autres membres de l’équipe, le relief est plus variable. Bucky reste fidèle à lui-même : peu expressif, mais toujours tenace. Il avance sans faire de bruit, avec cette même détermination qui définit le personnage depuis longtemps. John Walker (Wyatt Russell) reste peu charismatique… et c’est précisément ce qui fonctionne. Le film lui offre un peu plus de profondeur, révélant un passé qui aide à mieux le comprendre. Ghost (Hannah John-Kamen), en revanche, reste trop en retrait. Son retour dans l’équipe semble plus fonctionnel que narrativement justifié, ce qui la rend un peu transparente.

Malgré quelques personnages secondaires moins développés, Thunderbolts* réussit à bâtir quelque chose de fort : un sentiment de famille. Au fil du récit, les liens se resserrent et la dynamique de groupe s’épaissit. Une évolution qui donne envie de croire en l’avenir de cette nouvelle équipe du MCU.

Thunderbolts*

Verdict sur Thunderbolts*

Sans bouleverser les codes du genre, Thunderbolts* réussit un pari audacieux : celui de réconcilier action spectaculaire et introspection sincère. À travers une galerie de personnages cabossés, Marvel propose ici un récit plus intime, plus humain, où la santé mentale et les relations interpersonnelles prennent le pas sur les enjeux cosmiques habituels.

C’est une œuvre de transition, certes, mais aussi de consolidation. Une pierre angulaire pour le futur du MCU, portée par une distribution solide, une réalisation maîtrisée, et une volonté claire de raconter autre chose. L’équipe n’est pas encore parfaite — et c’est précisément ce qui la rend captivante.

Avec ses failles, ses douleurs, et ses élans de solidarité, Thunderbolts* nous rappelle qu’avant d’être des héros, ces personnages sont d’abord profondément humains. Et dans ce chaos contrôlé, Marvel trouve un nouveau chemin intéressant.

Thunderbolts*
Critique du film Thunderbolts* de Jake Schreier
La réalisation
7.5
Le scénario
7
Le jeu des acteurs
8
Les effets spéciaux
8
Le plaisir durant l'écoute
8
7.7