L’avenir des télécoms et la délicate stratégie de changement de « business model »

Telecoms

On observe, depuis quelques années, une consolidation dans le secteur des télécoms tant chez les opérateurs que chez les équipementiers. Ainsi, de nombreux opérateurs « grand public » ont cherché à acquérir puis à rassembler l’ensemble de leurs activités fixe, Internet et mobile d’où la généralisation du concept de convergence. D’autres opérateurs, quant à eux, se sont mis en position de concourir à la création de nouvelles alliances dans ces domaines.

Une phase de consolidation dans le secteur des télécoms

Les grands équipementiers sont également entrés dans une phase de consolidation (fusion d’Alcatel et de Lucent, rapprochement de Nokia et de Siemens, multiplication des acquisitions par Ericsson…) même si la montée en puissance d’équipementiers asiatiques a compensé cette consolidation.

Ce phénomène de concentration sectorielle est notamment dû au poids grandissant des investissements dans les réseaux, à l’accélération des innovations technologiques mais aussi aux baisses de revenus liées aux activités traditionnelles.

Des interrogations sur le business model et la création de valeur

Mais ce phénomène ne répond pas aux interrogations sur le « business model » et la création de valeur. Pierre Bellanger, PDG de Skyrock, expliquait lors du Digiworld Summit 2007 de l’Idate : « La valeur migre de l’exploitation du réseau vers des logiciels d’exploitation de l’information ; de la bande passante au code (informatique) ».

Ainsi, les opérateurs se sont engagés dans une nouvelle stratégie de diversification axée, notamment, sur le développement des services, du conseil et des investissements dans les contenus. En témoignent les nombreux rachats opérés récemment dans ces secteurs.

Sur le marché des entreprises, l’évolution des offres est principalement motivée par une demande croissante de services intégrés de la part des entreprises (téléphonie IP, communications unifiées, applications métiers type CRM…). Pour les opérateurs, il s’agit d’une véritable révolution, les obligeant à modifier le « business model » sur lequel ils avaient assis leur croissance depuis de nombreuses années.

De nombreux défis à relever pour un modèle gagnant

Mais cette tendance ne deviendra le modèle gagnant de demain que si les opérateurs arrivent à relever les défis suivants :

  • Allier des niveaux de rentabilités hétérogènes : les niveaux de rentabilités ne sont pas les mêmes entre le métier traditionnel des opérateurs et les services informatiques.
  • Concilier différents cycles d’investissements : le métier d’opérateur requiert des investissements lourds en matière d’infrastructures notamment amortis à moyen ou long terme tandis que les services informatiques répondent plus à une logique de court terme.
  • Adapter sa stratégie de vente : les nouveaux métiers acquis par l’opérateur ne sont pas toujours proches de son cœur de métier et de son savoir faire ce qui implique une modification de son réseau de distribution et de sa démarche commerciale.
  • Modifier sa politique RH : l’opérateur est confronté à la gestion de nouvelles compétences, il est alors conduit à modifier son approche managériale et à s’adapter aux contraintes de recrutement des métiers récemment intégrés dans l’entreprise.

(Note rédigée en juillet 2008 mais non publiée jusque là)

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