À mon humble avis, ce qui rend une année de gaming agréable, ce sont les surprises. Vous savez, ces jeux que l’on n’attendait pas forcément et qui vous mettent une véritable claque au visage. Bien que Clair Obscur: Expedition 33 ait été présenté à maintes reprises lors d’événements virtuels comme le State of Play, le Xbox Showcase ou d’autres grands shows, on en savait finalement assez peu sur le titre.
Parmi les informations partagées, on apprenait qu’il s’agissait du projet d’un nouveau studio nommé Sandfall Interactive ; que les membres de l’équipe réunissaient des vétérans de l’industrie et de jeunes recrues ; que le studio avait été fondé en France ; qu’il s’agissait d’un jeu de rôle avec des combats au tour par tour ; et qu’à première vue, le jeu semblait sublime. Mais au-delà de ces éléments, tout restait à découvrir.
Évidemment, au moment où vous lisez ces lignes, vous savez sans doute déjà que Clair Obscur est un succès retentissant. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui explique un tel engouement ? C’est ce que nous allons tenter de décortiquer à travers notre test.
Fiche Technique de Clair Obscur: Expedition 33
- Date de sortie : 24 avril 2025
- Style : Jeu de rôle
- Classement ESRB/PEGI : M / PEGI 18
- Développeur : Sandfall Interactive
- Éditeur : Kepler Interactive
- Langue d’exploitation : Disponible en français
- Testé effectué sur Xbox Series S
- Disponible sur PC, PS5 et Xbox Series X/S
- Prix lors du test : 64.99$ CAN / 49.99 €
- Site officiel
- Version numérique envoyée par l’éditeur
Pour les autres, pour Lumière
Le jeu raconte l’histoire de Gustave, un jeune homme qui rejoint l’Expédition 33. En quoi consiste-t-elle ? Depuis maintenant 67 ans, un événement appelé la Fracture a bouleversé le monde : le continent s’est divisé et un mystérieux monolithe est apparu en toile de fond de la ville de Lumière. Mais le plus inquiétant reste l’arrivée de celle qu’on appelle la Peintresse, une femme géante qui, chaque année, peint un chiffre sur le monolithe. Et ce chiffre ne fait que diminuer d’année en année.
À quoi cela sert-il ? C’est simple : une fois le chiffre révélé, toutes les personnes dont l’âge dépasse ce nombre disparaissent, sans explication. Et Sophie, elle, fêtera ses 34 ans cette année…
Malheureusement, ce cycle se répète depuis bien trop longtemps. Pour tenter de briser ce funeste destin, la ville de Lumière envoie chaque année une expédition composée de volontaires, dès que le nouveau chiffre apparaît. Gustave, alors âgé de 33 ans, se porte volontaire, accompagné de plusieurs amis… et de sa sœur Maëlle, âgée de seulement 16 ans. Tous savent pertinemment que ce voyage pourrait bien être le dernier. Après tout, aucune expédition n’est jamais revenue. Mais quelqu’un doit bien essayer. Pour l’avenir des plus jeunes. Pour Lumière.
Dès les premières minutes, on est submergé par l’émotion, par des moments forts qui marquent l’esprit. Clair Obscur démarre en puissance et nous fait immédiatement comprendre que l’on s’apprête à vivre une aventure marquante, immersive, bouleversante. Alors qu’on croit avoir saisi ce qui se joue devant nos yeux, le jeu nous surprend encore, souvent de manière spectaculaire.

L’équipage de l’Expédition 33
Je dois me corriger : Gustave n’est pas réellement le personnage principal. En réalité, c’est l’équipage tout entier qui occupe le devant de la scène. Dès le départ, on développe une forte empathie pour ces personnages en raison du destin tragique qui les guette. On apprend à les connaître, on veut les aider autant que possible, faire les bons choix pour qu’ils survivent le plus longtemps possible. Et le fait de savoir que leur vie est en danger à chaque tournant les rend encore plus attachants. Le désespoir s’installe très vite.
Il faut dire que l’arrivée sur l’île du monolithe ne se passe pas du tout comme prévu. Un homme, visiblement bien plus âgé, les accueille. Sans prononcer un mot, il sème la terreur au sein du groupe. Gustave se retrouve seul, contraint de partir à la recherche des survivants. Heureusement, on en retrouve quelques-uns rapidement.
Maëlle, sa jeune sœur, fait partie des rescapés. Encore sous le choc de ce qu’elle vient de vivre, elle reste pourtant déterminée à mettre fin à ce cauchemar. Sa rage au cœur fait d’elle une alliée précieuse, et donne à Gustave une raison supplémentaire de continuer. La plus jeune du groupe n’a rien à envier aux autres : elle est forte, résolue, et inspirante.
Lune, quant à elle, est l’esprit analytique de l’équipe. Avide de connaissances, elle est fascinée par le monolithe depuis sa plus tendre enfance. Pourquoi la Peintresse est-elle apparue ? D’où vient-elle ? Pourquoi répand-elle le chaos chaque année ? Autant de questions sans réponse… mais peut-être que les précédentes expéditions ont laissé des indices ?
Sciel, elle, tranche avec le reste du groupe. Le stress ne semble pas l’atteindre. Elle n’a plus rien à perdre, mais elle se bat pour sauver les générations futures. Toujours posée, elle cherche à comprendre les deux côtés de chaque situation avant de prendre une décision. Son soutien est essentiel pour maintenir l’équilibre de l’équipe.
D’autres personnages se joindront encore à l’aventure, mais nous vous laissons le plaisir de les découvrir par vous-mêmes. Ils sont le dernier pilier de Lumière. Ils sont l’Expédition 33.

Le système de combat de Clair Obscur
Si vous êtes à la recherche d’un jeu qui ose innover, Clair Obscur: Expedition 33 appartient sans aucun doute à cette catégorie. On est loin du tour par tour classique auquel les vieux Final Fantasy nous avaient habitués. Ici, il s’agit d’une combinaison de plusieurs genres que l’on n’avait encore jamais vus assemblés de cette manière.
Comme tout bon jeu de rôle au tour par tour, chaque personnage dispose des actions de base : attaque standard, compétences, objets. Rien de bien nouveau jusqu’ici. Mais une particularité vient enrichir le système : la visée. Le jeu se transforme alors en un véritable shooter à la troisième personne, où l’on peut cibler des points stratégiques sur les ennemis. Toutes ces actions sont liées à un système de points d’action que chaque personnage récupère et utilise à son tour. Jusqu’ici, tout reste assez clair, n’est-ce pas ?
Mais ce n’est pas tout. Le jeu intègre également des Quick Time Events (QTE). Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le terme, pensez aux premiers God of War : il s’agit de séquences qui demandent d’appuyer sur une touche précise dans un court laps de temps. Ici, réussir un QTE permet d’infliger un maximum de dégâts. Ce système s’applique aussi en défense : lorsque les ennemis attaquent, plusieurs options s’offrent à vous, comme esquiver ou bloquer. Évidemment, réussir un bloc vous donne l’opportunité de contre-attaquer… mais c’est bien plus difficile à réussir qu’une simple esquive.
Au final, le jeu combine habilement le rétro et le moderne. Oui, le genre du RPG au tour par tour est ancien, mais Clair Obscur y injecte des mécaniques issues des jeux d’action plus contemporains. Et si je devais faire une comparaison, ce serait comme si vous mélangiez Final Fantasy, Mario RPG et Elden Ring. Cela peut sembler improbable, et pourtant, dès les premières minutes de jeu, tout cela prend un sens évident.

Ajoutons de la profondeur, voulez-vous?
Jusqu’à présent, nous avons surtout parlé des combats en eux-mêmes. Mais Clair Obscur va bien au-delà de ses mécaniques de gameplay. Chaque personnage possède son propre fonctionnement, sa propre complexité. Et c’est en maîtrisant cette richesse que vous deviendrez un adversaire redoutable.
Maëlle, par exemple, utilise un système de poses — un équilibre entre posture défensive, offensive, et une troisième appelée virtuose. Chacune influence non seulement les dégâts infligés, mais aussi ceux subis. Lune, de son côté, se spécialise dans la magie, reposant sur un système de « taches » qui renforcent ses effets. Quant à Sciel, elle manipule des cartes et exploite une mécanique subtile basée sur l’alternance entre le jour et la nuit.
Il est réellement plaisant de jouer avec chaque personnage, de découvrir comment ils peuvent évoluer vers la version la plus puissante d’eux-mêmes… mais aussi comment ils peuvent se compléter les uns les autres. À vous de choisir qui mettre en avant selon votre style de jeu.
Ajoutez à cela une multitude d’armes qui influencent votre manière de jouer, un arbre de compétences simple mais diablement efficace, et vous avez là un système profond et satisfaisant. Sans même parler des pictos et des luminas…

Pictos et Luminas pour encore plus de diversité
Les pictos et les luminas apportent une véritable touche d’originalité à Clair Obscur: Expedition 33. De quoi s’agit-il exactement ? Au début, leur fonctionnement peut sembler un peu obscur, mais une fois maîtrisé, ils permettent de réaliser des actions aussi puissantes qu’impressionnantes.
Les pictos sont des améliorations que l’on peut attribuer à chaque personnage, jusqu’à un maximum de trois par personne. Chaque picto comporte deux éléments : un effet actif et un effet passif. L’actif correspond à un bonus de statistiques indiqué dans la description — par exemple, un gain fixe de points de santé ou une augmentation de la défense. Comme souvent, certains pictos sont plus puissants que d’autres.
La partie passive, quant à elle, confère un avantage stratégique en combat. Par exemple : attaquer toujours en premier, ou encore récupérer trois points d’action supplémentaires après avoir vaincu un ennemi. Et c’est ici que les luminas entrent en jeu.
Les luminas sont directement liés aux pictos. Lorsqu’un personnage utilise un même picto pendant quatre combats, son effet passif devient accessible à tous les membres de l’équipe. Ces passifs ont cependant un coût d’activation, qui varie selon leur puissance. Chaque personnage dispose d’un certain nombre de points de lumina pour équiper ces effets, et ce nombre peut être augmenté à l’aide d’objets spécifiques.
Comme mentionné plus tôt, le système peut paraître complexe au premier abord, mais il devient rapidement un pilier du gameplay. L’un des grands plaisirs du jeu est de découvrir les synergies possibles entre pictos et luminas, pour créer des configurations redoutables. C’est une mécanique innovante, qui peut être poussée très loin et qui ajoute une profondeur stratégique vraiment bienvenue.

La beautée du jeu a différents visages
Maintenant que vous avez une meilleure idée du fonctionnement du jeu, il est temps d’aborder deux éléments qui élèvent Clair Obscur à un tout autre niveau : sa direction artistique et sa bande originale.
Le style artistique du jeu frappe fort dès les premières minutes. Visuellement, Clair Obscur est tout simplement splendide — et cela tient principalement à sa direction artistique audacieuse. À chaque instant, on a la sensation d’évoluer à l’intérieur d’une toile, d’une œuvre signée par un grand maître de la peinture. La thématique de la Peintresse ne se contente pas d’être un élément narratif : elle imprègne chaque recoin du jeu, transcendant le récit pour s’incarner dans l’univers visuel lui-même. Le jeu vit à travers une palette de couleurs tantôt sombres et opaques, tantôt chaudes et éclatantes. Les amateurs d’art seront bluffés par les références visuelles, et ceux qui — comme moi — n’ont aucune éducation artistique risquent de rester bouche bée. Il est difficile de croire qu’un tel niveau de qualité a été atteint par une équipe aussi restreinte. C’est tout simplement un exploit.
Quant à la bande originale, un seul mot suffit : sensationnelle. L’utilisation de morceaux recomposés de multiples façons donne l’impression de ne jamais entendre la même musique en boucle. Cela me rappelle Octopath Traveler 2, qui proposait une version diurne et une version nocturne de chaque thème. Clair Obscur, lui, va encore plus loin : certaines mélodies se déclinent en quatre, voire cinq variations, toutes inspirées du même thème de base. Et le spectre musical est incroyablement large : on y retrouve un véritable hommage à la musique française, mais aussi des influences classiques, jazz, rock et même électro. Le plus surprenant reste sans doute la durée totale de la bande-son : plus de huit heures de musique originale ! Préparez-vous à garder certains morceaux en tête pendant longtemps.

Allez-y selon votre préférence, vous ne serez pas déçu
De quoi parle-t-on ici ? Du doublage vocal de Clair Obscur !
Sachez que le jeu est disponible en plusieurs langues, mais les plus importantes pour nous sont bien sûr le français et l’anglais. Libre à vous de choisir la version que vous préférez : dans les deux cas, vous serez entre de très bonnes mains. Pourquoi ? Parce que le talent présent dans chaque version est tout simplement impressionnant.
Du côté anglophone, vous reconnaîtrez sans doute plusieurs grands noms : Andy Serkis, Charlie Cox ou encore Ben Starr, pour n’en nommer que quelques-uns. La version française n’a rien à leur envier, portée par des voix aussi emblématiques qu’Alexandre Gillet, Adeline Chetail, Céline Melloul et bien d’autres.
Chaque acteur et actrice livre ici une performance mémorable, capable de transmettre une large palette d’émotions. C’est bien plus qu’un simple doublage : c’est une véritable interprétation, au service de l’univers du jeu.
Des pépins mineurs pour Clair Obscur: Expedition 33
Vous l’aurez sans doute remarqué, Clair Obscur a été largement encensé tout au long de cet article. Cependant, aucun jeu n’est parfait, et quelques petits accrochages sont venus ponctuer notre aventure.
Ce n’est pas un défaut majeur, mais les phases de plateforme s’avèrent particulièrement pénibles. Les personnages se déplacent correctement sur la carte principale, mais dès qu’il s’agit de sauter d’un point à un autre dans l’environnement, l’expérience devient laborieuse. Et parfois, il est malheureusement impossible de les éviter, car elles sont nécessaires pour progresser. Comme dit plus tôt, cela reste un irritant mineur, mais notable.
Autre point à souligner : quelques problèmes techniques sont survenus à l’occasion. Des baisses de framerate se sont fait sentir à certains moments, et il est aussi arrivé qu’une image aléatoire s’affiche brièvement avant une cinématique. Pourquoi ? Difficile à dire, mais ces petits bugs se sont produits à plusieurs reprises pendant ma partie.
Bref, rien de catastrophique ni de quoi briser l’expérience. Ces petits désagréments sont loin de ternir la qualité globale du jeu, qui reste une réussite remarquable.

Verdict de Clair Obscur: Expedition 33
Allons droit au but : Clair Obscur est, sans contredit, le meilleur jeu de l’année jusqu’à présent. En réalité, on pourrait même débattre du fait qu’il s’agit de l’un des meilleurs jeux de ces dernières années. Bien sûr, tout cela dépend des goûts et des sensibilités de chacun, mais en ce qui me concerne, il y a bien longtemps qu’un jeu ne m’avait autant captivé. Même Metaphor: ReFantazio, pourtant un titre exceptionnel, n’a pas réussi à me fasciner de la même manière.
Son histoire reste gravée dans l’esprit longtemps après avoir posé la manette. Sa musique nous hante, avec des thèmes que l’on fredonne des heures durant. Ses personnages, ses rencontres, les moments partagés sur la route : tout contribue à créer un lien fort et sincère avec l’univers. Et visuellement, les paysages sont tout simplement à couper le souffle.
Le jeu a absolument tout ce qu’il faut pour plaire à un large public, grâce à son habile mélange de genres et à sa richesse émotionnelle. Si vous êtes à la recherche d’une aventure grandiose, dans laquelle vous serez investi corps et âme, ne cherchez pas plus loin.
Clair Obscur: Expedition 33 sera plus qu’heureux de vous accueillir dans ses rangs.