Depuis la grande époque de Telltale Games ou encore des productions de Quantic Dream, les expériences narratives n’ont jamais été aussi populaires. Plusieurs studios n’hésitent pas à tenter de proposer des aventures qui frôlent parfois entre jeux vidéo et long-métrage cinématographique. Cependant, lorsqu’une nouvelle équipe regroupant d’anciens membres de Telltale Games, Ubisoft et Night School Studio annonce leur jeu, il est difficile de ne pas être enthousiasme. Intitulé Dispatch, le titre propose d’incarner Robert Robertson qui doit désormais agir en tant que répartiteur pour des super vilains reconverti. Avons-nous droit à une nouvelle pépite narrative ?
Après avoir testé la première portion du jeu à sa sortie, nous avons désormais terminé la saison complète et cet article a été mis à jour avec notre avis définitif !
FICHE TECHNIQUE
- Date de sortie : 12 novembre 2025
- Style : Action, aventure, narratif
- Classement ESRB / PEGI : M / PEGI 18
- Développeur : AdHoc Studio
- Éditeur : AdHoc Studio
- Langue d’exploitation : Sous-titre et menus en français
- Disponible sur PC et PS5
- Testé sur PC
- Prix lors du test : 38,99 $ CAD / 28,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Un héros à la retraite forcée
L’histoire de Dispatch s’ouvre sur un ton presque mélancolique. Robert, autrefois connu sous le nom de Mecha Man, n’est plus qu’un rouage dans un centre de répartition où il coordonne les opérations de ses anciens ennemis. Ce point de départ inattendu permet au jeu d’explorer des thématiques rarement abordées dans le registre du super-héros : la rédemption, la vieillesse et la perte de sens.

La narration alterne efficacement entre humour noir, introspection et drame, tout en construisant un univers crédible peuplé de personnages hauts en couleur. Chacun d’eux a ses propres motivations, et leurs interactions avec Robert donnent lieu à des dialogues souvent savoureux. C’est un récit humain avant d’être un récit de super-héros, et c’est ce qui fait toute la différence.
Une série animée qui prend vie dans Dispatch
Dès les premières minutes, Dispatch impressionne par la qualité de son animation. On a rarement vu un jeu narratif aussi fluide visuellement, au point où l’on pourrait le confondre avec une série d’animation moderne. Chaque mouvement est d’une précision remarquable : le moindre regard, la posture d’un personnage, les expressions du visage, tout semble avoir été peaufiné avec soin. Cette approche cinématographique se reflète également dans la mise en scène. Les cadrages sont léchés, les transitions entre les phases interactives et les séquences narratives sont d’une fluidité exemplaire, et la direction photo exploite une palette de couleurs qui épouse parfaitement les émotions du moment. Malgré quelques bogues visuels persistants, l’ensemble demeure cohérent et impressionnant, surtout pour un studio de cette taille.

Une distribution vocale d’exception
L’autre force de Dispatch, c’est sa distribution. Dès les premières scènes, la qualité du jeu d’acteurs saute aux oreilles. Chaque voix semble habitée, crédible, ancrée dans une psychologie réaliste. Les échanges entre les protagonistes donnent vie à des personnages aux tempéraments bien définis, et c’est ce qui rend l’univers si rapidement attachant. On retrouve ici cette patte typique des anciens de Telltale Games. Soit celle d’un sens du rythme et du ton dans les dialogues, où la tension dramatique naît souvent d’un simple silence ou d’une hésitation dans la voix. Ce travail d’interprétation confère une véritable dimension humaine au jeu.

Parmi les membres de la distribution de Dispatch, on y retrouve Aaron Paul (Breaking Bad), Laura Bailey (The Last of Us II), Erin Yvette (Hades II), MoistCr1TiKaL (Charles White), Jacksepticeye (Sonic Prime), Travis Willingham (Critical Role), Alanah Pearce (Cyberpunk 2077), Lance Cantstopolis, Joel Haver, THOT SQUAD, Yung Gravy, Matthew Mercer (Critical Role) ou encore Jeffrey Wright (Casino Royale). Un mélange inédit qui offre un résultat authentique.
Dispatch et sa gestion
Si vous devez faire des choix dans les dialogues et réaliser des actions rapidement, vous devez aussi gérer votre équipe. Le titre introduit une mécanique plus tactique alors qu’il faut sélectionner les bons personnages pour les bonnes missions. Chaque membre de l’équipe possède des aptitudes, une personnalité et des réactions différentes. Envoyer le mauvais agent au mauvais endroit peut influencer subtilement le déroulement des événements. Adhoc Studio a eu la bonne idée de ne pas pousser cette composante trop loin. Celle-ci ajoute de la stratégie, mais sans détourner le joueur de la narration. Quelques surprises viennent pimenter les derniers épisodes, notamment des missions dont le déroulement change selon la composition de votre équipe.

Les choix et les conséquences : un système perfectible
Les choix du joueur ont bel et bien une incidence, particulièrement dans certaines séquences clés de la seconde moitié de la saison. Certaines décisions changent la dynamique entre personnages, voire le déroulement d’une mission entière. Cependant, la manière dont ces conséquences se manifestent manque parfois de clarté. Le principal défaut vient du système de rejouabilité. Il est impossible de modifier un choix dans Dispatch sans recommencer un épisode au complet. De plus, les cinématiques ne sont pas passables et cela rend l’expérience fastidieuse pour ceux qui voudraient explorer plusieurs scénarios. Un mode ou un raccourci pour accélérer les dialogues aurait été plus que bienvenu.

Une structure épisodique bien maîtrisée dans Dispatch
La saison complète de Dispatch compte huit épisodes. Les premiers sont relativement courts, mais la durée s’allonge graduellement jusqu’aux deux derniers, nettement plus denses. Ce choix de rythme fonctionne bien. Les débuts installent l’univers et les personnages, tandis que la fin prend le temps de résoudre les intrigues sans précipitation. Chaque épisode se termine sur une note forte, incitant naturellement à poursuivre. Le découpage narratif rappelle la structure d’une série télé, mais avec un niveau d’interactivité suffisant pour garder le joueur investi.

Un récit solide, mais avec quelques accros
Sur le plan narratif, Dispatch atteint son objectif, soit celui de proposer une histoire captivante, bien écrite et servie par une mise en scène efficace. La montée dramatique fonctionne, les personnages évoluent de façon cohérente, et certaines scènes marquent durablement. Cependant, quelques problèmes techniques ternissent légèrement le tableau. Des bogues forcent parfois à fermer le jeu, et, comme la sauvegarde ne se fait qu’à des points précis, on doit parfois revoir des cinématiques entières déjà visionnées. Ce genre de souci casse un peu le rythme et rappelle que le titre, malgré son ambition, n’a pas les moyens d’une superproduction. Rien de rédhibitoire, mais assez pour qu’on le remarque, surtout dans une expérience aussi axée sur la fluidité narrative.
Verdict de Dispatch
Après huit épisodes, Dispatch confirme ce qu’on entrevoyait dès les premiers chapitres. On y retrouve un jeu narratif visuellement superbe, bien écrit et porté par une distribution impressionnante. Le mélange entre récit interactif et légère gestion fonctionne, et la saison parvient à maintenir l’intérêt du début à la fin. Certes, tout n’est pas parfait alors que la rejouabilité est limitée, qu’on y retrouve quelques bogues et que le rythme reste parfois inégal. Pourtant, l’ensemble témoigne d’un vrai savoir-faire narratif. Adhoc Studio signe une œuvre sincère, ambitieuse et profondément humaine, qui redonne ses lettres de noblesse au jeu d’aventure épisodique. Pour les amateurs d’histoires interactives, Dispatch s’impose comme une expérience à ne pas manquer, tout en laissant entrevoir le potentiel immense du studio pour ses futurs projets.

