Je ne suis pas un grand lecteur, mais lorsqu’une histoire est intégrée à un jeu vidéo, j’ai tendance à garder l’esprit un peu plus ouvert. Des jeux comme Emily is Away, Florence ou Ace Attorney m’ont profondément marqué, même s’ils brouillent la frontière entre roman et jeu vidéo. C’est pourquoi j’ai plongé à pieds joints dans Ressources Inhumaines : Une Machination Littéraire, un jeu québécois né d’une collaboration entre Affordance Studio, les Éditions Alto et Moteurs Finnegan.
Malgré une jouabilité relativement limitée, j’ai été accroché par son approche inspirée des livres dont vous êtes le héros, où le joueur — ou le lecteur — fait ses propres choix. Et avec la promesse d’un récit kafkaïen plein de rebondissements, difficile de résister. Alors, on y va ?
Fiche Technique de Ressources Inhumaines : Une Machination Littéraire
Date de sortie : 16 avril 2025
Style : Aventure narrative, Livre-jeu interactif
Classement ESRB / PEGI : T / PEGI 12
Développeur : Moteurs Finnegan
Éditeur : Indie Asylum
Langue d’exploitation : Disponible en français
Disponible sur : Steam, iOS et Google Play
Testé sur : PC (Steam)
Prix lors du test : 14,99$ sur PC ou 7,99$ sur iOS et Google Play
Site officiel
Version envoyée par l’éditeur
SMYRNACORP : une compagnie de ressources inhumaines
Vous incarnez un personnage à la vie plutôt monotone, jusqu’au jour où sa tante, prise de pitié, lui décroche un emploi. Grâce à sa précieuse recommandation, vous êtes accueilli par SMYRNACORP, une entreprise qui se présente comme une grande famille. Mais dès les premiers instants, plusieurs signaux d’alarme apparaissent. Comment une compagnie spécialisée en ressources humaines peut-elle être en pénurie de main-d’œuvre ? Pourquoi la réceptionniste semble-t-elle dissimuler une panique constante ? Et surtout, que cache votre nouveau patron, à l’enthousiasme beaucoup trop débordant face à votre arrivée ?
Le récit nous plonge dans un thriller interactif aux accents horrifiques, où la tension est palpable. Bien que le visuel soit minimaliste, les descriptions sont suffisamment détaillées pour stimuler notre imagination. Et lorsque l’arrière-plan de l’écran vire du blanc au rouge, on comprend instantanément que notre personnage est en danger.
J’ai beaucoup apprécié cette expérience. Il m’a fallu environ cinq heures pour parcourir tous les chapitres et atteindre la fin, que je n’ai pas trouvée décevante. L’équipe a brillamment réussi à nous immerger dans un monde dystopique crédible, tout en livrant une satire efficace du capitalisme, où les mégacorporations cherchent à contrôler chaque aspect de nos vies. Les personnages sont hauts en couleur, avec des personnalités uniques et délicieusement étranges — à tel point que j’en aurais volontiers pris davantage.
Tant de dilemmes
Côté jouabilité, Ressources Inhumaines brille par la diversité de ses choix narratifs, dont plusieurs soulèvent de véritables dilemmes moraux. Même dans des situations abominables, le jeu parvient à révéler un aspect plus humain qui vient subtilement nous troubler. Le joueur est ainsi poussé à faire ce qu’il croit être la meilleure décision — une démarche profondément subjective, influencée par les émotions suscitées par l’histoire. Cela mène à de multiples embranchements possibles.
J’ai même regretté certains choix, au point d’hésiter à revenir en arrière. Mais j’ai préféré privilégier une immersion totale plutôt qu’une flexibilité artificielle. Par ailleurs, certaines décisions permettent de débloquer des attributs ou des objets, ouvrant l’accès à de nouvelles branches narratives. Le jeu indique aussi quels choix sont verrouillés derrière des éléments non découverts, ce qui renforce l’envie de le rejouer pour explorer toutes les possibilités.
En plus, le jeu est très accessible, ce qui permet aussi bien aux amateurs de lecture qu’aux fans de jeux vidéo de s’y plonger facilement. Je l’ai d’ailleurs immédiatement proposé à ma conjointe, qui lit beaucoup sur son téléphone — d’autant plus qu’une version iOS est disponible.
J’aurais peut-être aimé quelques séquences vidéo pour renforcer l’immersion ainsi que des options de lectures automatiques, mais c’est probablement un choix éditorial assumé. Cela dit, j’ai particulièrement apprécié les moments où l’on doit analyser des vidéos en noir et blanc, qui donnent l’impression de provenir d’archives d’une époque révolue.
Verdict sur Ressources Inhumaines
En conclusion, Ressources Inhumaines : Une Machination Littéraire est une courte aventure narrative qui mérite pleinement le détour, surtout si vous aimez les expériences interactives à forte charge émotionnelle. Avec son récit troublant, ses personnages singuliers et ses choix moraux souvent déchirants, le jeu ne laisse personne indifférent. Il s’impose comme une satire mordante du monde du travail et des dérives corporatistes, portée par une écriture soignée et une ambiance maîtrisée. Une œuvre très plaisante, à la frontière du jeu vidéo et de la littérature.