J’ai toujours eu un faible pour les histoires d’horreur gores et décalées, comme seuls les développeurs japonais savent en créer. Des jeux comme Danganronpa, Master Detective Archives: Rain Code ou AI: The Somnium Files en sont de parfaits exemples. Leur style narratif exagéré, mêlant enquête, surréalisme et violence stylisée, me fascine. Il faut aimer lire, car ces titres reposent sur des dialogues denses et des intrigues complexes, mais le mélange de thriller interactif et de mystères à rebondissements me captive à chaque fois. C’est pourquoi The Hundred Line -Last Defense Academy– a immédiatement attiré mon attention lors de son annonce.
Fiche Technique de The Hundred Line -Last Defense Academy-
Date de sortie : 24 avril 2025
Style : Roman interactif et TRPG
Classement ESRB/PEGI : M17+ / PEGI 16
Développeur : Too Kyo Games et Media.Vision
Éditeur : XSeed Games
Langue d’exploitation : Anglais ou Japonnais
Test effectué sur : Nintendo Switch et Nintendo Switch 2
Disponible sur : Nintendo Switch et PC
Prix lors du test : 79,99 $ CAN / 59,99 €
Site officiel
Version numérique envoyée par l’éditeur
Un marathon de 100 jours
The Hundred Line: Last Defense Academy nous place dans la peau du jeune Takumi Sumino, dont la vie bascule lorsqu’il est soudainement attaqué par d’étranges créatures. Il parvient à se défendre grâce à une entité mystérieuse nommée Sirei, qui lui confère de puissants pouvoirs… à l’origine aussi étrange que sanglante. Peu après, Sirei le confine dans une académie énigmatique en compagnie de 9 autres élèves, tous réunis pour protéger l’école. Assiégée sans cesse par d’infâmes créatures et entourée de curieuses flammes mauves, l’endroit devra tenir pendant 100 jours. Mais survivre ne suffira pas : il faudra aussi percer le mystère de ce cauchemar et découvrir qui en est le véritable maître d’œuvre.
Bien que la formule narrative reste fidèle aux autres jeux du studio, elle demeure très efficace. De fil en aiguille, les mystères du scénario s’enchaînent, éveillant une foule de questions sans réponses immédiates. Le jeu maîtrise l’art du suspense : à chaque fois qu’une porte semble s’ouvrir sur une révélation, elle se referme aussitôt, du moins durant les premiers jours, maintenant une tension constante. Cette progression lente et mesurée peut parfois sembler étirée, mais elle permet une immersion profonde et rend les révélations finales d’autant plus percutantes.
Du côté des personnages, on apprécie la richesse et la diversité des personnalités, qui apportent une belle dynamique au groupe. Les interactions sont bien écrites et mettent en valeur les particularités de chacun. Par ailleurs, contrairement à d’autres titres des développeurs, l’intrigue s’oriente davantage vers la recherche de disparus que la résolution de meurtres. Cette approche entretient une atmosphère de méfiance différente, où les intentions de certains restent floues et constamment sujettes au doute. J’ai particulièrement aimé élaborer mes propres théories au fils des jours bien que ce n’était pas évident.

Place aux combats tactiques
Ce que je n’avais pas réalisé avant d’en apprendre davantage sur le jeu, c’est que le studio Media.Vision, connu pour ses TRPG comme la série Valkyria, s’était joint à Too Kyo Games. Cette collaboration promettait un mélange particulièrement intéressant, ce qui m’amène justement à parler de la jouabilité. On a droit ici à des séquences de combat inspirées des RPG tactiques classiques, avec des affrontements au tour par tour sur une grille. L’objectif est de défendre notre tour de guet contre des vagues successives d’ennemis, en tirant parti des compétences propres à chaque personnage. Chacun dispose d’attaques avec des schémas de zone bien définis. Par exemple, Takumi peut frapper cinq ennemis alignés horizontalement ou verticalement, tandis que d’autres personnages peuvent attaquer toutes les cases adjacentes autour d’eux. À ce niveau, la diversité des schémas offre une vraie richesse tactique et permet une personnalisation intéressante de son approche en combat.
En enchaînant les bonnes actions, on peut accumuler des points d’action (AP) pour exécuter plus de mouvements par tour. À cela s’ajoute une jauge spéciale qui, une fois remplie, permet de lancer des attaques dévastatrices. En tant qu’habitué des jeux de stratégie, notamment grâce à la série Fire Emblem, je n’ai pas trouvé les combats particulièrement complexes jusqu’à présent. Le jeu ne cherche visiblement pas à offrir un défi extrême, mais plutôt à proposer une jouabilité rythmée et accessible entre deux longues phases narratives.
D’ailleurs, quelques aides bienvenues viennent alléger la difficulté, comme une attaque ultime qui se déclenche automatiquement lorsqu’un personnage est sur le point de tomber au combat. J’ai aussi aimé le ton décalé que le jeu adopte face à la violence : lorsqu’un élève meurt, un petit drone vient le récupérer pour l’emmener à la chambre de revitalisation. Il revient ensuite comme si de rien n’était, un détail traité avec un humour noir bienvenu qui colle parfaitement à l’ambiance du jeu.

Optimiser ses temps libres
Les journées ne se déroulent pas toujours de la même manière. Certaines sont assez courtes, d’autres beaucoup plus longues, ce qui peut rendre le rythme un peu inégal. J’aime quand l’histoire progresse et que l’on sent qu’on se rapproche de certaines réponses, mais il y a plusieurs journées où l’on a plutôt l’impression de tourner en rond. À mon avis, quelques coupes auraient pu être faites ici et là pour dynamiser l’ensemble.
À certains moments, on bénéficie carrément de journées libres, durant lesquelles on peut explorer l’école et participer à diverses activités pour améliorer différents aspects de notre personnage et du groupe. On peut choisir de passer du temps avec ses camarades de classe, lire un livre ou partir en expédition. Cette dernière se déroule sur une grille rappelant un jeu de plateau, où l’on avance à l’aide de cartes sur des cases offrant diverses actions. Il peut s’agir de choix narratifs qui mènent à la découverte d’objets, de blessures, ou même à des affrontements.
On retrouve aussi des salles spécifiques, comme une salle d’entraînement axée sur les combats, un atelier pour confectionner des cadeaux afin d’améliorer nos relations, et bien d’autres encore. Il est même possible d’améliorer nos attaques. Bref, on peut facilement se concentrer sur ce qu’on préfère, et ces activités offrent une manière simple mais efficace de faire progresser notre personnage tout en enrichissant l’expérience globale.

Verdict sur The Hundred Line -Last Defense Academy-
Pour conclure, les développeurs de Too Kyo Games et Media.Vision ont réussi à combiner efficacement leurs forces pour proposer un jeu à la fois riche sur le plan narratif et intéressant sur le plan ludique. Le mélange entre combats tactiques au tour par tour et roman interactif mystérieux fonctionne particulièrement bien, offrant une expérience distincte qui saura captiver les habitués de leurs productions. Malgré quelques problèmes de rythme ponctuels, la formule reste solide et maîtrisée. On ne peut qu’espérer que cette collaboration se poursuive sur d’autres projets à l’avenir.