Test de The Raven Remastered : un thriller en demi-teinte

Si vous êtes fan d’Agatha Christie et des jeux pointer-et-cliquer comme Siberia, The Raven Remastered a été pensé pour vous. Le titre nous transporte en Europe dans les années 60 pour nous faire vivre un thriller écrit sous la plume des créateurs de « The Book of Unwritten Tales ». Découpé en trois chapitres pour un total d’une dizaine d’heures, on a presque l’impression de participer à un épisode des aventures d’Hercule Poirot.

Fiche Technique

  • Date de sortie : 22 janvier 2019
  • Style : Pointer-et-cliquer / Thriller
  • Classement ESRB/PEGI : T / 16
  • Développeur : King Art Games
  • Éditeur : THQ Nordic
  • Langue d’exploitation : Voix anglaises et sous-titres français
  • Testé sur Switch
  • Consoles : Xbox One, PS4, PC, PS3 et Xbox 360
  • Prix lors du test : 39,68 $ / 29,99 €
  • Site officiel
  • Version numérique envoyée par l’éditeur

Dans la peau d’un constable maladroit

The Raven Remastered nous met dans la peau d’un constable plutôt maladroit du nom de Anton Jakob Zeller qui se retrouve au milieu d’une affaire de bijou volé. Au grand désarroi de plusieurs, un des célèbres yeux du Sphinx a été dérobé et le deuxième est en route vers le musée du Caire à bord d’un train. Ce train, c’est celui dans lequel se retrouve notre protagoniste, mais il est loin d’être seul. Pour transporter le joyau, on retrouve le célèbre inspecteur Legrand qui est sur l’affaire. Or, son seul suspect est son ancien rival, l’effroyable voleur surnommé Le Corbeau. Le seul problème est qu’il a été abattu par Legrand lui-même il y a quelques années. Alors, qui peut bien être derrière braquage spectaculaire ?

Notre constable maladroit

Premièrement, pour ce qui est de l’intrigue, des rebondissements et du mélange des personnages, le studio King Art Games n’a rien à se reprocher. Il y a amplement de revirements de situations et une panoplie de suspects potentiels pour jouer avec la curiosité du joueur. Ce qui m’a constamment poussé à retourner dans The Raven Remastered, c’est sans aucun doute ma constante envie de connaître la suite de l’histoire et son dénouement. Dans l’ensemble, le scénario avance à un assez bon rythme et les endroits visités sont suffisamment variés pour ne pas devenir trop ennuyeux. Et, à la fin, j’étais entièrement satisfait de la conclusion du scénario.

Il y a amplement de revirements de situations et une panoplie de suspects potentiels pour jouer avec la curiosité du joueur.

En plus, je trouve que le caractère de notre constable le rendait plutôt attachant. Bien qu’il soit maladroit, il est plein de bonnes intentions et on voit qui veut simplement bien faire même si personne ne semble vouloir lui donner sa chance. C’est encore plus marquant lorsqu’on le voit interagir avec Matt, un jeune garçon qui fait la plupart du trajet avec lui. Les deux développent une belle complicité comme s’ils connectaient sur le fait que personne ne prend aucun d’eux au sérieux. Cependant, notre détective est entouré de personnages un peu trop stéréotypés à mon goût. J’aurais aimé qu’on aille plus loin que les personnages clichés qu’on retrouve dans trop de séries du genre.

Le bon et le mauvais

Ensuite, on peut dire qu’il s’agit d’un projet plutôt ambitieux pour un petit studio comme celui-ci et ça paraît dans la jouabilité. D’abord, en 2019, lorsqu’on se lance dans un jeu qui met l’accent sur le scénario, on s’attend à avoir des expressions dans les visages des personnages. Malheureusement, ce n’est pas le cas du tout dans The Raven Remastered. En fait, que ce soit notre constable, Legrand ou les autres, chacun semble complètement vide d’émotions lorsqu’on les regarde. On a carrément l’impression de parler à de simples robots sans âme. J’aurais aimé que Zellner nous démontre son caractère particulier avec ses gestuelles ou par son regard.

Chacun semble complètement vide d’émotions lorsqu’on les regarde. On a l’impression de parler à de simples robots sans âme.

De plus, c’est d’autant plus dommage lorsqu’on constate que les acteurs ont fait quand même un très bon boulot pour les voix. Il y a de l’expression dans celles-ci et on retrouve différents tons de voix pour comprendre la subtilité des discussions. C’est là qu’on voit la complexité des personnages et particulières celle de notre protagoniste.

Autre élément qui a réduit mon appréciation du jeu, ce sont les contrôles qui sont mal optimisés. D’abord, du côté de notre enquêteur, ses déplacements se font de manières plutôt étranges. On a constamment la sensation que ses déplacements ne se font pas de manière naturelle. Qui plus est, j’avais aussi de la difficulté à actionner l’indice voulu lorsque j’étais dans une pièce où je devais faire avancer l’enquête. Ça devenait d’ailleurs assez frustrant par moment surtout lorsque je quittais une salle par erreur et que je devais attendre les temps de chargement interminables. Bref, on repassera pour la jouabilité.

Jouer au détective

Bien que les contrôles de The Raven Remastered soient difficiles, il y a assez de casse-têtes et mystères à résoudre pour nous garder alertes. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir à m’arrêter pour réfléchir et me casser un peu les méninges afin de réfléchir à la prochaine étape. Tout comme il m’est arrivé de me retrouver devant quelques casse-têtes qui m’ont offert de bons défis, mais dans l’ensemble il n’y a rien de trop complexe. Je ne peux pas dire que j’ai été frustré en étant coincé et lorsque c’était le cas, j’utilisais un outil qui nous donne un indice afin de nous pointer dans la bonne direction.

Puis, ce que j’ai adoré, c’est qu’il existe une panoplie de petites missions secondaires qui nous permettent de trouver plus d’indices et d’avoir le portrait complet de l’histoire. Dès la première scène, je me suis rendu compte que j’avais avancé trop rapidement vers le mystère principal ce qui m’a fait rater quelques éléments secondaires de l’enquête qui me sont restés sans réponses. À la fin de chaque chapitre, le jeu nous donne d’ailleurs notre pointage ce qui nous permet de voir si on a tout trouvé.

il existe une panoplie de petites missions secondaires qui nous permettent de trouver plus d’indices et d’avoir le portrait complet de l’histoire

Enfin, le jeu n’a pas non plus particulièrement bien vieilli au niveau du visuel. Les graphiques nous rappellent plus l’époque de la PlayStation 3 et de la Xbox 360 plutôt que la génération actuelle. C’est encore plus frappant lorsqu’on voit l’absence de détails dans le visage des personnages. Qui plus est, les décors sont pixelisés et ce n’est pas pour donner au titre un visuel particulier. C’est vraiment parce que l’engin graphique est limité. Malgré tout, les scènes de cinématiques sont particulièrement jolies et j’aurais aimé en avoir encore plus. Les animations sont vraiment à la hauteur dans celles-ci ce qui rendait l’histoire plus attrayante.

Une suite plutôt qu’un remaster

Pour conclure, The Raven Remastered brille réellement au niveau de son scénario et offre un mystère à la hauteur des meilleures œuvres du genre. À mon avis, tous les amateurs de thriller seront satisfaits de mener cette aventure d’un bout à l’autre. Malheureusement, c’est à se demander pourquoi les auteurs n’ont pas opté pour une suite plutôt qu’une simple réédition peu améliorée. Bien que les nombreuses énigmes à résoudre vous combleront, des contrôles mal optimisés, des graphiques vieillots et des personnages sans émotion viennent miner l’expérience.

J’aurais aimé que les développeurs prennent soit le temps de mieux optimiser le jeu ou de carrément offrir une suite complète plutôt que ce remaster. Bref, j’ai bien hâte de découvrir les prochains scénarios du studio, mais il y a encore du boulot à faire pour le reste.

Test de The Raven Remastered : un thriller en demi-teinte
"Malgré un scénario exceptionnel à la hauteur des meilleures œuvres du genre, The Raven Remastered arrive à court de l'excellence. Une jouabilité mal optimisée, quelques personnages trop stéréotypés et l'absence d'expression dans leur visage l'empêchent de vraiment ressortir du lot. C'est dommage parce qu'on voit bien le potentiel du studio. Tout ce qu'on peut faire maintenant c'est espérer qu'une suite mieux peaufinée suivra."
6
Print Friendly, PDF & Email