Critique de la série 13 Reasons Why diffusée sur Netflix

13 Reasons Why, c’est l’histoire de Clay Jensen, un adolescent de 17 ans dont l’une de ses camarades d’école, Hannah Baker, s’est suicidée quelques semaines plus tôt. Alors qu’il
peine à se remettre de la perte de sa camarade, il reçoit une boîte contenant sept cassettes recto verso. Dans ces cassettes, la défunte lui décrit les 13 raisons qui l’ont poussée à commettre ce geste irréparable. Le fait que l’adolescent ait reçu les cassettes n’est pas dû au hasard, car tous ceux qui les ont reçues ont joué un rôle dans le triste drame. Clay commence donc à écouter, l’une après l’autre, les cassettes pour y découvrir sa part de responsabilité ainsi que celles des autres.

Fiche technique

  • Date de sortie : 31 mars 2017 (Monde)
  • Genre : Drame
  • Classement : Tous publics (France)
  • Développée par : Brian Yorkey
  • Distributeur : Netflix
  • Titre québécois : Treize Raisons

L’intimidation à l’heure de l’adolescence

Au fur et à mesure que Clay écoute chacune des cassettes, il découvre la réalité vécue par Hannah depuis son arrivée avec ses parents dans une toute nouvelle ville et école. Hannah, comme la plupart des adolescentes de son âge, passe au travers d’un amalgame d’émotions et de découvertes propres à l’adolescence : la recherche de son identité, le besoin d’acceptation, l’amitié, l’amour, la sexualité, etc. Malheureusement pour elle, ses expériences se traduisent la plupart du temps par de douloureux rejets, de profondes humiliations, de la trahison ou pire encore.

Des personnages plutôt caricaturaux

L’histoire est très typique de l’image que nous nous faisons de l’adolescence américaine. Nous avons droit aux sportifs populaires qui se croient tout permis, aux fils de riches qui pensent que tout leur est dû, aux étudiants modèles qui, au fond, sont aussi malfaisants que tous les autres, bref c’est le festival des clichés.

Il y a quelques personnages assez intéressants qui présentent de belles zones grises et qui démontrent que, parfois, nous pouvons mal réagir face à une situation sans être foncièrement mauvais.

J’ai aussi adoré le personnage de Clay Jensen et la façon dont il est à la fois spectateur, acteur et partie prenante de l’histoire d’Hannah. Par contre, je me serais passé de ses crises hallucinatoires qui n’apportent rien de concret à l’histoire.

Une histoire pas très 2.0

Même si la technologie présentée dans la série laisse croire qu’elle se passe de nos jours, il n’y a pas une grosse emphase sur l’impact des médias sociaux dans l’intimidation que subit Hannah. Pourtant omniprésents de nos jours et principale cause de nombreux suicides, le cellulaire et les médias sociaux l’étaient beaucoup moins en 2007 à l’époque où le roman, sur lequel la série est basée, est sorti. La réalité des personnages s’approche donc beaucoup plus de celle des jeunes nés vers la fin des années 80 que celle de la génération actuelle d’adolescents.

Une série à caractère polémique

La série est plutôt crue et présente certaines scènes de façon assez explicite, tout particulièrement celle du suicide d’Hannah. Par contre, ce n’est pas très différent d’autres films ou séries qui présentent des scènes tout aussi crues de meurtres, de viols ou de violence. Le problème avec 13 Reasons Why, c’est qu’elle présente le suicide comme la seule option que le personnage ait trouvée, la seule échappatoire. Le fait de mettre le tout sur des cassettes est une forme de vengeance d’Hannah envers ceux qui l’ont blessée.

Ils ne mettent pas assez l’emphase sur le fait qu’elle était visiblement en détresse psychologique. Ils la présentent plutôt comme une jeune femme ayant tous ses moyens, qui décide de son plein gré de commettre un geste regrettable non pas basé sur une impulsion, mais de façon préméditée. Nous réalisons pourtant, au fil des épisodes, que la vérité d’Hannah est beaucoup plus sombre que celle de ses camarades et que sa vision du déroulement des événements diffère parfois de la réalité.

La série aurait pu être un excellent outil pour faire comprendre aux jeunes que l’intimidation, même à petite échelle, peut causer un tort incroyable et mener à des actes tragiques. De même que de camoufler des faits pour ne pas faire de tort à un ami nous rend aussi coupables que la personne qui a commis l’acte. Elle n’y arrive malheureusement qu’à moitié en ne mettant pas assez l’emphase sur les répercussions sociales et psychologiques que subit l’adolescente entre chaque événement isolé décrit dans les cassettes.

Conclusion

Une histoire touchante et crue, mais un tantinet superficielle, 13 Reasons Why demeure une solide série qu’ajoute Netflix à son catalogue et qui ne pourra laisser personne indifférent.

La panoplie de jeunes acteurs offre ici une bonne performance et les transitions des scènes entre le passé d’Hannah et le présent de Clay s’intègrent à merveille les unes aux autres. J’aurais aimé un peu plus d’approfondissement sur le personnage d’Hannah. Ceci aurait permis, sans toutefois justifier son geste, de mieux comprendre ce qui l’a poussée à mettre fin à ses jours.

Si je devais suggérer aux parents qui hésitent entre le faire écouter ou non à leur adolescent, je leur proposerais de leur laisser l’écouter. Ce serait de jouer à l’autruche que de croire que vos adolescents n’arriveront pas, tôt ou tard, à mettre la main sur cette série. Je vous suggère donc de l’écouter avec eux, d’en parler et même de visionner le documentaire 13 Reasons Why : au-delà des raisons, afin d’approfondir le sujet difficile, mais majeur, qu’est le suicide.

Critique de la série 13 Reasons Why diffusée sur Netflix
"Adaptée du roman de Jay Asher, la série télévisée 13 Reasons Why (Treize Raisons au Québec) nous fait découvrir une réalité pour de nombreux adolescents : le harcèlement. Dans cette série crue et sans détour, nous y découvrons, petit à petit, les raisons qui ont poussé Hannah Baker à mettre fin à sa vie. Si le sujet peut paraître lourd et trop souvent tabou, il demeure un incontournable dans une société où l'on n’a jamais eu autant de façons de communiquer et que l’on y arrive pourtant encore si difficilement."
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